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Tomas Tranströmer
Les rivets dorés sont entrés au vol, à une vitesse inouie,
Pour s’arrêter net,
Comme s’ils avaient toujours été au repos.
Les oreilles bourdonnent à force de profondeur ou d’altitude.
C’est la pression venue de l’autre côté du mur
qui amène les réalités à se dissoudre
et affermit le pinceau.
Passer les murs est une chose douloureuse, on en tombe malade
Mais c’est indispensable.
Le monde est un. Quant aux murs….
Et les murs sont une part de toi –
on le sait ou on l’ignore,
mais c’est ainsi pour tout le monde,
sauf les petits enfants.
Pour eux, pas de murs.
°°°
C’est ce poème qui décrit un tableau de Vermeer qui m’a fait découvrir Tomas Tranströmer. Qui, autre qu’un poète, peut parler le mieux du tableau d’un peintre ? Sans doute parce que la poésie en tant qu’art relève de la même dimension que la peinture, qu’elle utilise le même langage magique et mystérieux pour représenter le monde et parler directement à nos sens sans passer par la raison.
C’est en lisant le poème de Tranströmer que l’envoutement du tableau de Vermeer s’est en partie dévoilé, qu’une part de l’alchimie secrète mis en œuvre par le peintre s’est révélée. Comme je les voyais clairement ces rivets dorés jaillir vers mon visage à pleine vitesse et brusquement se figer dans l’immobilité du tableau et rester là, immobiles, mais toujours pleins de force réprimée et contenue, rongeant leur frein, et prêts à tout moment à reprendre leur course folle…
Femme lisant une lettre – Johannes Vermeer – 1662-1663
L’autre liseuse à la fenêtre – Vermeer
Passer les murs est une chose douloureuse, on en tombe malade
Mais c’est indispensable.
Le monde est un. Quant aux murs….
Et les murs sont une part de toi –
Vermeer – rue de Delft – vers 1657
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