–––– La légende du Golem de Prague –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
la création du Golem par le Haut Rabbi Loew de Prague par Mikuláš Aleš
De nombreuses légendes dans le monde racontent l’histoire d’idoles ou de figurines auxquelles des divinités, des sorciers ou des mages transmettent les facultés de se mouvoir et de parler. Le Talmud lui-même indique qu’Adam aurait été un Golem durant les premières heures de sa vie. L’une des légendes concerne la communauté juive de Prague et un personnage mythique de cette communauté, le Haut Rabbi Loew (dit le Maharal), philosophe défenseur de Copernic, familier de Rodolphe II de Habsbourg, qui aurait créé avec de bonnes intentions une créature qui l’aurait dépassé.
Le Golem vu par Peter von Matt (Fils dévoyés, filles fourvoyées : les désastres familiaux dans la littérature).
Cette légende vient du judaïsme oriental et la conscience collective la relie à Prague et au mythique Rabbi Löw à l’époque de Rodolphe II. Cette histoire exprime à vrai dire le fantasme du salut, de la délivrance des juifs éternellement persécutés; c’est un récit de leur détresse sans fin au milieu de la haine chrétienne du prochain. Lorsque s’annonce la persécution, dit la vieille légende, un grand rabbin peut façonner avec une motte de glaise une forme humaine, une figure grossière plus grande que nature, et, quand elle est ainsi couchée sur le sol dans un grenier tenus secret, il lui grave en caractères hébraïques le nom de Dieu sur le front. Alors la chose se lève et devient vivante; elle doit servir le rabbin et s’appelle « le golem ». Il obéit au doigt et à l’œil à son maître, est fort comme un taureau, absolument selon l’appréciation et les ordres du rabbin. La suite, on l’invente et la transforme selon l’humeur et l’envie. Le golem peut devenir dangereux et se retourner contre son maître, ou bien tomber amoureux et se changer en un être humain sensible. La légende entre bientôt dans le champ narratif varié qui entoure des figures comme Ariel et Caliban de Prospero, l’apprenti sorcier, le monstre de Frankenstein, ou même King Kong. Dans la littérature allemande, Achim von Arnim en a donné la représentation la plus exhaustive dans son récit Isabelle d’Egypte, et à notre époque Isaac Bashevis Singer en a écrit une belle adaptation, le golem. Une légende. Le sommet dramatique est en général le moment où la créature en rupture de ban est réduite à merci par le rabbin, qui d’un coup de pouce lui efface du front le nom de Dieu. Le golem alors s’effondre et il n’en reste plus qu’une motte de glaise sur le sol.
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traces du Golem dans la ville de Prague (synagogue, sculpture et faïence)
Il paraît que certains soirs, dans les rues du quartier juif de Prague, le fantôme du Golem se promène encore, devenu inoffensif. On dit aussi que la glaise dont il était fait se trouve dans les greniers d’une des synagogues qui existent encore.
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Ce thème de la créature qui échappe à son maître et devient incontrôlable a connu un grand succès au XIXe siècle avec l’accélération du développement rapide des sciences et des techniques et les bouleversements sociaux, culturels et environnementaux qu’ils ont occasionnés. Le Golem inspire les romantiques allemands comme Jacob Grimm, Achim von Amim, Hoffman et Adelbert de Chamisso.
Plus tard, en 1920, il inspirera aux réalisateurs P. Wegener et H. Galeen un chef d’œuvre du cinéma expressionniste allemand : « Der Golem, wie er in die Welt kam ».
Pour lire la critique du film par Michael Kœnig (en anglais), c’est ICI
ou en français par le Ciné-Club de Caen, c’est ICI
film « Der Golem, wie er in die Welt kam », 1920
affiches du film « Der Golem, wie er in die Welt kam », 1920
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