–––– L’hybris des Grecs –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
article du 15 août 2013 modifié et réédité le 28/02/2018
L‘ubris ou hybris du grec ancien ὕβριϚ / húbris, est une notion grecque que l’on peut traduire par démesure mais également par outrage, insulte, violence. C’est un sentiment violent inspiré par les passions qui représente un danger pour l’ordre cosmique et social. Les Grecs lui opposaient la tempérance, ou modération . Dans la Grèce antique, l’hybris était considérée comme un crime. La religion grecque antique ignore la notion de péché tel que le conçoit le christianisme. Il n’en reste pas moins que l’hybris constitue la faute fondamentale dans cette civilisation. L’homme qui commet l’hybris est coupable de vouloir plus que la part qui lui est attribuée par le destin.
Le châtiment de l’hybris est la némésis, «destruction», le châtiment des dieux qui a pour effet de faire se rétracter l’individu à l’intérieur des limites qu’il a franchies. Si l’hybris est donc le mouvement fautif de dépassement de la limite, la némésis désigne le mouvement inverse de la rétractation vengeresse.
La morale des Grecs est une morale de la mesure, de la modération et de la sobriété, obéissant à l’adage « pan métrôn ariston », qui signifie littéralement en grec ancien παν μετρον , qui signifie littéralement « de la mesure en toute chose », ou encore « jamais trop » et « toujours assez ». L’homme doit rester à la place que la moïra, le destin, lui a consenti et attribué dans l’univers.
Albrecht Dürer – Nemesis – vers 1502
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–––– Edgar Morin, biographie ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
Edgar Morin, de son vrai nom Edgar Nahoum est né en 1921 à Paris d’une ascendance juive séfarade originaire de Salonique mais lui se déclare athée considérant le monothéisme comme un « fléau de l’humanité » et appréciant le bouddhisme, entre autres, car c’est une religion sans dieu. Au moment du déclenchement de la seconde guerre mondiale, il est étudiant en histoire et géographie et milite dans un petit parti de gauche pacifiste et anti-fasciste. A la fin de ses études, en 1942, il s’engage dans la résistance sous le pseudonyme de Morin et occupera la fonction de lieutenant. Entre temps il a adhéré au parti communiste dans lequel il militera jusqu’en 1949 avant d’en être exclu pour antistalinisme. Il luttera alors contre la Guerre d’Algérie et participera en 1960 à la création du PSU (parti Socialiste Unifié). En 1950, il avait intégré le CNRS (Centre National de la Recherche Scientifique) et signe en 1965 le premier essai d’ethnologie dans la société française contemporaine : la métamorphose de Plozevet, une petite commune bretonne située dans le Finistère à la frontière entre le pays bigouden et le Cap Sizun.
Dans les années soixante, il enseignera deux années en Amérique latine et en 1969 il est invité à l’Institut Salk de San Diego où il rencontre Jacques Monod, l’auteur du Hasard et la Nécessité. Il y conçoit les fondements de la pensée complexe et de ce qui deviendra sa Méthode.
Aujourd’hui directeur de recherche émérite au CNRS, Edgar Morin est docteur honoris causa de plusieurs universités à travers le monde. Son travail exerce une forte influence sur la réflexion contemporaine, notamment dans le monde méditerranéen et en Amérique latine, et jusqu’en Chine, Corée, Japon. Il a créé et préside l’Association pour la pensée complexe, l’APC. Il définit sa façon de penser comme « coconstructiviste » en précisant : « c’est-à-dire que je parle de la collaboration du monde extérieur et de notre esprit pour construire la réalité ». (biographie Wikipedia)
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–– le paradigme perdu de la nature humaine – Homo sapiens démens ––
Francisco Goya – Saturne dévorant son enfant
Le thème « Homo démens » a été traité dans son ouvrage « Le paradigme perdu : la nature humaine » édité en 1973 aux Editions du Seuil qui avait pour ambition, en application de ses réflexions sur la pensée complexe, de jeter les bases d’une anthropologie ouverte sur le biologique. Morin reprochait à l’anthropologie traditionnelle d’opposer Nature et Culture alors que « la clé de la culture est dans notre nature et que la clé de notre nature est dans la culture ». Une véritable anthropologie se devait d’appréhender l’homme, non plus seulement à travers le prisme des sociétés archaïques, mais « à travers ses multiples naissances depuis les origines ». Dans cette perspective, Edgar Morin met l’accent sur le saut qualitatif représenté par l’homo sapiens qui ne se limite pas au perfectionnement de l’outil, du langage et de la culture dont il n’a été que l’héritier de la part des hominiens qui l’ont précédés mais que cette évolution fondamentale se caractérise surtout par l’apparition dans la culture de l’activité mentale « du mythe, de la magie, de la démesure, du désordre » de ce que les grecs qualifieront par la suite d’ubris. Pour Edgar Morin, le propre de l’homo sapiens est d’être « un animal doué de déraison ». Ainsi, la folie, la violence que connaissent les sociétés humaines ne constitueraient pas des « accidents » ou des dérèglements de la nature humaine mais seraient inscrits dans cette nature. Le thème a de nouveau été traité dans l’avant-propos du petit fascicule « Amour, poésie, sagesse » édité en 1997 aux Editions du Seuil
Prise de conscience et négation de la mort
« L’ère du gros cerveau commence avec l’homme de Néanderthal, déjà sapiens, qui fait place ensuite à l’homme actuel, seul et ultime représentant de la famille des hominiens et du genre humain sur terre. lorsque sapiens apparaît, l’homme est déjà socius, faber, loqueus. La nouveauté qu’apporte sapiens au monde n’est donc pas, comme on l’avait cru, dans la société, la technique, la logique, la culture. Elle est par contre, dans ce qui jusqu’à présent avait été considéré comme épiphénoménal, ou sottement salué comme signe de spiritualité : dans la sépulture et la peinture. »
(Le paradigme perdu, préface du chapitre Sapiens-demens)
reconstitution de l’inhumation d’un bébé néandertalien du Moustier et de l’inhumation de la grotte de Kebara (Israël) par Emmanuel Roudier, 2008
Les découvertes les plus récentes montrent qu’il y a environ 40.000 ans et plus, l’homme de Néanderthal pratiquait déjà des rites ou des cérémonies liées à la mort de ses semblables : sépulture où le mort était placé en position fœtale (ce qui suggère une croyance en une renaissance), trace de pollen indiquant que le mort pouvait avoir été placé sur un lit de fleurs, badigeonnage des os par une teinture de couleur ocre, protection de la dépouille par des pierres et dépôt auprès de celle-ci d’armes et de nourriture (ce qui suggère que le mort a besoin de se protéger et se nourrir). La mort est ainsi constatée et reconnue, comme le font d’ailleurs certains animaux, mais à la différence de ceux-ci, elle n’est pas acceptée comme définitive et est considérée comme un le passage d’un état à un autre. Il existait donc chez l’homme de Néanderthal un refus de la mort et la croyance en une autre vie, un autre monde qui succèderait à la vie terrestre. Avec la prise de conscience de la mort et du changement d’état qui en résulte, l’imaginaire a ainsi fait irruption dans la pensée de sapiens avec pour conséquence les formes de pensées et d’action qui l’accompagne tels la magie et le mythe. Chez Homo sapiens deux formes de pensée vont désormais cohabiter : une pensée « objective » qui reconnaît la mortalité dans sa réalité visible et une pensée « subjective » qui la récuse et imagine en une nouvelle forme de vie après la mort :
« Entre la pensée objective et la vision subjective, il y a donc une brèche, que la mort ouvre jusqu’au déchirement, et que remplissent les mythes et les rites de la survie, qui finalement intègrent la mort. Avec sapiens s’amorce donc la dualité du sujet et de l’objet, lien indéchirable, rupture insurmontable, que par la suite, de mille manières, toutes les religions et philosophies vont tenter de surmonter et d’approfondir. Déjà l’homme dissocie en fait son destin du destin naturel, bien qu’en droit il soit persuadé que sa survie obéit aux lois naturelles du dédoublement et la métamorphose. Il y a donc interférence en lui entre une objectivité plus riche et une subjectivité plus riche, et cela parce qu’elles correspondent à un progrès de l’individualité. (…)
Ainsi, l’irruption de la mort chez sapiens, est à la fois l’irruption d’une vérité et d’une illusion, l’irruption d’une élucidation et du mythe, l’irruption d’une anxiété et d’une assurance, l’irruption d’une connaissance objective et d’une nouvelle subjectivité, et surtout leur lien ambigu. C’est un nouveau développement de l’individualité et l’ouverture d’une brèche anthropologique. »
(le paradigme perdu, page 112)
Magie de l’art et art magique
Grotte de Lascaux – art pariétal
Dans ce processus, l‘art, jusque là limité au savoir-faire pour l’exécution des activités pratiques, en particulier la chasse va s’appliquer au champ nouveau des activités de l »esprit ouvert par l’imagination tels que les mythes, les rites et la magie par l’intermédiaire de vecteurs tels que les idées, les symboles, les images. Cette nouvelle fonction de l’art s’exercera d’autant plus facilement que « les phénomènes magiques sont potentiellement esthétiques et que les phénomènes esthétiques sont potentiellement magiques ». Les symboles, les images ne sont pas seulement des représentations, ils portent en eux le double des êtres représentés et offrent par là-même les moyens magiques d’agir sur ces êtres. Tout être et tout objet a désormais pour Sapiens une double existence : une existence physique première et une seconde existence, mentale celle-là, qui apparaît grâce à l’utilisation de signes, de symboles ou d’image. Le langage avait anticipé sur cette représentation virtuelle par l’utilisation des mots qui ont le pouvoir de faire apparaître dans la pensée les objets ou les êtres qu’ils désignent.
« Désormais, tout signifiant, y compris le signe conventionnel, portera potentiellement la présence du signifié (image mentale) et celui-ci pourra se confondre avec le « référent », c’est-à-dire l’objet empirique désigné. C’est évidemment le dessin et la peinture « réalistes » qui portent à leur perfection l’adéquation entre le signifiant, un bison peint par exemple, l’image mentale du bison remémoré et le bison empirique. Le mythe du double opère la rationalisation qui permet d’expliquer à la fois la présence et l’absence de l’animal dans l’image. Dés lors le rituel humain va, de même que le rituel animal, constituer un comportement qui vise à obtenir des réponses adéquates de l’environnement extérieur, mais cette fois non plus directement sur les objets et les êtres, mais sur leur doubles, c’est-à-dire en fait sur les images et les symboles. L’homme ne va pas commercer seulement par les signes, les symboles, les images, il va aussi commercer avec eux; ce sont désormais des êtres intermédiaires qui s’interposent entre l’environnement et le sujet, participant à l’un et à l’autre : ils constituent une sphère noologique spécifique qui, comme une nuée, va environner désormais la marche de l’humanité. »
(le paradigme perdu, page 116 )
Paradisier et indigène de la Nouvelle Guinée
Dans les espèces animales, le phénomène esthétique tel que parure, danse ou mimique, est inscrit dans un conditionnement génétique et l’individu n’en est que le porteur et en aucun cas le producteur. Chez Homo Sapiens, l’émergence de la pensée symbolique et abstraite et la croyance en la possibilité d’agir sur les représentations crées du monde par l’intermédiaire de la pensée et de la magie va développer le sentiment esthétique qui est lié à la magie. Faire appel au « double » humain ou animal, au double des forces naturelles ne s’effectue pas de manière directe et banale, elle nécessite des actions spécifiques pour entrer en relation, un conditionnement de l’état psychique, un état second qui fait que l’on va se situer « en dehors » de son état habituel. Les drogues, certaines pratiques corporelles qui provoquent une « sortie du corps », un étourdissement ou la divagation de la pensée comme la danse vont aider à atteindre cet état. De la même manière que la parure multicolore de l’animal mâle, sa danse et son chant vont influencer la femelle, Homo Sapiens va penser que les objets, les parures, les travestissements vont agir sur les comportements et les choses et l’aider à atteindre le but recherché mais à la différence de l’animal, Homo sapiens possède les capacités imaginatives pour s’extraire du rituel conditionné et inventer de nouvelles formes de séduction. Cette recherche de la communication avec l’autre monde dans des cérémonies où l’on est plus soi-même s’effectue dans un état d’excitation et d’exaltation, source du sentiment esthétique et du sens du sacré. Ainsi, dans ses premières manifestations, l’art est lié à l’imaginaire, à la magie, au sacré. S’étant échappé des conditionnements génétiques de l’espèce, il est désormais l’affaire des capacités imaginative des individus et ne possède comme limites que les limites de cette imagination, or avec le développement des connaissances et de la culture, ces capacités imaginatives vont devenir infinies.
Homo sapiens : irruption de l’erreur et du désordre dans la Nature.
Le développement des capacités cognitives et de l’imagination s’est effectué au détriment des comportements génétiquement pré-programmés. Ce faisant, Homo sapiens a gagné en liberté mais a acquis dans le même temps le fait de se tromper dans ses expériences et les choix effectués. Il a ainsi perdu l’insouciance des animaux qui réagissent essentiellement aux sollicitations de l’environnement par réflexes :
« (…) Le jeu même qui permet souplesse et inventivité implique le risque d’erreurs, et l’homo sapiens es condamné à la méthode dite précisément « d’essais et erreurs », même et surtout s’il est fidèle à la méthode empiro-logique.
Or, de plus, la zone d’incertitude entre le cerveau et l’environnement est aussi la zone d’incertitude entre la subjectivité et l’objectivité, entre l’imaginaire et le réel, et sa béance est ouverte, entretenue par la brèche anthropologique de la mort et le déferlement de l’imaginaire dans la vie diurne. C’est dans cette zone que se développent le mythe et la magie, c’est dans cette zone que circulent fantasmes et fantômes, que le mot, le signe, la représentation s’imposent avec l’évidence de la chose, que le rite appelle la réponse d’un récepteur-interlocuteur imaginaire. C’est parce qu’il y a cette brèche (qui, nous le verrons, est aussi ouverture) que le règne de sapiens correspond à un massif accroissement de l’erreur au sein du système vivant. Sapiens a inventé l’illusion. (…). L’erreur sévit dans la relation de sapiens avec l’environnement, dans sa relation avec lui-même, avec autrui, dans la relation de groupe à groupe et de société à société. (…)
Le règne de sapiens correspond à une massive introduction du désordre dans le monde. (…) Tout d’abord, le rêve humain, bien que polarisé et orienté par des obsessions permanents, prolifère de façon buissonnante et désordonnée. Par ailleurs, toutes les sources de dérèglement déjà signalées (régression des programmes génétiques, ambiguïté entre réel et imaginaire, prolifération fantasmatiques, instabilité psycho-affectives, ubris) constituent, en elles-même des sources permanentes de désordres. (…)
Ainsi, les désordres historiques apparaissent à la fois comme l’expression et la résultante d’un désordre sapiential originaire. Contrairement à la croyance reçue, il y a moins de désordre dans la nature que dans l’humanité. L’ordre naturel est dominé beaucoup plus fortement par l’homéostasie, la régulation, la programmation. C’est l’ordre humain qui se déploie sous le signe du désordre. »
–––– l’Ubris de l’homo sapiens selon Edgar Morin ––––––––––––––––––––––
Edgar Morin s’insurge sur le fait qu’a été donné à l’homo le qualificatif de sapiens qui exprime une qualité de connaissance, de raison et de sagesse. Parmi tous les êtres vivants, homo sapiens est pourtant celui qui manifeste de la manière la plus spectaculaire et désordonnée ses sentiments :
- il manifeste une affectivité extrême, convulsive, instable avec passions, colères, cris et changements brutaux d’humeur.
- il est le seul à sourire, rire et pleurer, ceci de manière innée. Ces états peuvent prendre des formes intenses et instables qui peuvent aller jusqu’à la convulsion et le spasme. il peut d’ailleurs passer du rire aux larmes et inversement.
- l’enfant sapiens exprime de manière intense ses états d’âme par des manifestations extérieures spectaculaires : hurlements prolongés, rire irrépressible.
- l’activité onirique occupe une place beaucoup plus importante que chez les autres êtres vivants en proliférant de manière buissonnante et désordonnée : un adulte sapiens va rêver durant 24 % de son temps de sommeil contre 15 % pour le chimpanzé, cette proportion monte entre 40 % et 70 % pour un nouveau-né contre 4 à 5 % pour un nouveau-né chimpanzé.
- le rêve et l’imaginaire débordent chez lui de la période du sommeil pour s’épanouir sous forme de fantasmes ou de « rêves éveillés » qui imprègnent toutes ses pensées et activités.
- l’éros, à la différence des primates chez qui il est circonscrit à la période de l’œstrus, est permanent chez lui et déborde du champ de la sexualité pour envahir toutes les parties du corps et les activités humaines en particulier les activités intellectuelles. L’orgasme amoureux chez sapiens est d’autre part beaucoup plus violent et convulsif que chez les primates. Le sentiment amoureux peut devenir chez lui océanique et le pousser à des comportements extrêmes.
- cultivant l’ambiguité entre le réel et l’imaginaire, il se nourrit de chimères et porte en lui une source permanente de délire; il est un être anxieux et angoissé, jouisseur, ivre et extatique.
- il connaît la mort mais refuse d’y croire s’inventant une vie éternelle dans l’au-delà.
- il croit en la vertu des sacrifices sanglants.
- il sécrète le mythe et la magie et donne corps, existence, pouvoir à des esprits et des dieux issus de son imagination qui finissent par le posséder.
- A la différence de la plupart des animaux qui font preuve d’agressivité quand cela leur est strictement nécessaire, la folie humaine est source de haine, violence, cruauté, barbarie, aveuglement. Lorsque l’homo sapiens est entré dans l’ère des sociétés instables, c’est-à-dire l’ère historique, l’ubris et le désordre se sont déchaînés, causés par les antagonismes internes, les luttes pour le pouvoir, les conflits extérieurs, le tout accompagnés de destructions, supplices, massacres, exterminations, à ce point que le « bruit et la fureur » constituent l’un des traits majeurs de l’histoire humaine.
Pour Edgar Morin le qualificatif qui conviendrait le mieux au genre homo serait plutôt démens :
« Et comme nous appelons folie la conjonction de l’illusion, de la démesure, de l’instabilité, de l’incertitude entre réel et imaginaire, de la confusion entre subjectif et objectif, de l’erreur, du désordre, nous sommes contraints de voir l’homo sapiens comme homo démens. »
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