––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
°°°
Jeanne Mammen, née le 21 novembre 1890 à Berlin, en Allemagne, et morte dans la même ville le 22 avril 1976, est une peintre etdessinatrice allemande. Ses œuvres s’inscrivent dans les courants de la Nouvelle Objectivité et du symbolisme.
Née à Berlin, Jeanne Mammen grandit à Paris, où son père s’était installé avec sa famille quand elle avait cinq ans après avoir acquis une usine de soufflage du verre. La famille s’installe à Passy, dans une villa confortable doté d’un jardin idyllique. Jeanne fréquente le lycée Molière et s’imprègne de culture française. Dés l’âge de 13 ans, elle dévore les oeuvres de la littérature française contemporaine et s’intéresse aux Beaux-Arts. Elle est particulièrement attirée par la littérature visionnaire de son époque et le livre de Flaubert « La Tentation de saint Antoine » sera l’une de ses lectures favorites. Mais c’est le dessin et la peinture qui l’intéresse, avec sa sœur aînée, Marie-Louise, elle étudie, à l’âge de 16 ans, la peinture à l’Académie Julian, un cours privé réputé et continue sa formation en 1908 et 1909 à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles, les écoles d’art française de l’époque n’accueillant pas les femmes. Cette formation se poursuivra à Rome, à la Scuola Libera Academica de la Villa Medici, jusqu’en 1911.
De retour à Paris, elle participe au Salon des indépendants de 1912 et à celui de Bruxelles l’année suivante. Ses premiers travaux, d’inspiration symboliste, un mouvement alors important de la scène artistique franco-belge, incluent des aquarelles liées à des œuvres littéraires, par exemple la Tentation de saint Antoine de Gustave Flaubert.
Mais cette vie insouciante et sans ombrage se terminera brutalement en 1914 avec le déclenchement de la Première Guerre mondiale qui contraint la famille à fuir en hollande tout d’abord, puis à Berlin, le père étant considéré comme ressortissant ennemi. Tous les biens de la famille sont alors saisis à Paris et Jeanne Mammen se retrouve sans ressources dans sa ville natale où elle doit subvenir à ses besoins. Elle mettra tout naturellement ses capacités artistiques à profit en travaillant comme dessinatrice de mode et créant des affiches de films, elle collabore également à des journaux comme Simplicissimus, Ulk et Der Junggeselle. En 1919, elle s’installe avec sa sœur dans un atelier-appartement du Kurfürstendamm, où elle restera toute sa vie.
Sa carrière commerciale commence vraiment en 1920, année à laquelle elle réalise des affiches de films et des couvertures de magazines. Ses illustrations, réalistes, parfois satiriques, dépeignent des types humains dans toutes sortes de situations, et sont louées par Kurt Tucholsky. Sa première exposition à la galerie Gurlitt en 1930 signe sa reconnaissance sur la scène artistique berlinoise.
Comme ses contemporains de la période Weimar à Berlin – Otto Dix et George Grosz – Jeanne Mammen était une observatrice critique du monde qui l’entoure, avec des œuvres décrivant la vie dans les rues et la société bourgeoise des années 30. Elle crée des lithographies, en particulier le cycle « Les Chansons de Bilitis », un hommage à l’amour lesbien illustrant des poèmes de Pierre Louÿs.
Préoccupée par l’imminence du danger fasciste, l’artiste avait au début des années 30 rejoint les communistes. En 1932, elle se rend avec le peintre Hans Uhlmann à Moscou où elle sera collaborera au «journal allemand du centre de Moscou».
En 1933, cependant, l’arrivée au pouvoir des nazis met un terme à sa reconnaissance publique, ses représentations, celles des femmes en particulier, ont été critiquées. Après sa participation à l’exposition de printemps du «Verein der Künstlerinnen zu Berlin» [Association des artistes féminins de Berlin] les premières attaques diffamatoires parus dans la presse nazie, dénonçant sa manière de représentation et les motifs représentés et les sujets comme étant juive. Les lithographies pour Les Chansons de Bilitis ont été interdits de publication. Se refusant de collaborer, et, perdant ses sources de revenus dans les journaux, elle se réfugiera comme d’autres intellectuels hostile au régime dans l’émigration intérieure. À cette époque, ses peintures deviennent plus abstraites et sont influencées par Picasso. A ce stade, son style tourné vers le cubisme comme elle a été beaucoup influencé par Picasso. Elle a continué à produire un travail dans la solitude, même après que son immeuble ait été touché par une bombe et qu’une grande partie de son œuvre et des effets personnels ait été détruits.
Après la Seconde Guerre mondiale, les difficiles conditions matérielles lui donnent l’occasion d’intégrer des matériaux de récupération dans des sculptures ou des collages. elle conçoit des décors de théâtre et des affiches et participe de manière importante au célèbre cabaret existentialiste de l’après-guerre, le Badewanne.
Mammen avait l’habitude de ne pas toujours signer ses tableaux de ne jamais les dater. D’après elle, ces informations n’était pas utile à la compréhension et l’appréciation d’une œuvre d’art qui devrait tout d’abord et avant tout être appréhendé de manière sensible. Par conséquent, il est remarquable qu’elle a fait signer et dater son dernier tableau Verheißung Winters eines [Promesse de l’hiver], le 6 Octobre 1975.
Elle a été redécouverte en 1971, lorsque des expositions chez Brockstedt à Hambourg et Valentien à Stuttgart lui ont été consacrées. Suivront dans les années 1990 de nombreuses autres expositions. Elle obtient une reconnaissance particulière auprès des mouvements féministes et des mouvements lesbiens.
La période symboliste (1908-1914)
De 1913 à 1914, Jeanne Mammen réalise une série d’une cinquantaine de gouaches dans le style du symbolisme belge dont elle s’était imprégnée lors de sa formation à Bruxelles sous l’influence d’artistes tels que Paul Delvaux, Jean Delville, James Ensor, Fernand Khnopff, René Magritte et Jan Toorop. Ces gouaches avaient été réalisées pour illustrer des livres telles que Ashvaghosha « La vie du Bouddha», «Tentation de Saint Antoine» de Gustave Flaubert ou ETA Hoffmann « Le Pot d’or » dont la parution sera néanmoins empêchée par le déclenchement de la Première Guerre mondiale.
Jeanne Mammen – »Der Herzensstecher« (»Don Juan«)
Jeanne Mammen – « Johannes der Täufer », (« Jochanaan »)
»Der Narr am Galgen«
Jeanne Mammen – « Der goldene Topf »
Jeanne Mammen – « Die Kindsmörderin »
Jeanne Mammen – »Mörder und Opfer« (»Reue«)
»Mord« (»Nach der Mordtat«)
Jeanne Mammen – »Hand mit Pierrotkopf«
Jeanne Mammen – »Der Gymnosophist«
Jeanne Mammen – « la Mort », illustration de la Tentation de saint Antoine
Jeanne Mammen »Sphinx und Chimäre« (2. Fassung)
Jeanne Mammen – « Frau am Kreuz »
°°°
–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
Pour visualiser la première seconde créatrice berlinoise de Jeanne Mammen, la période Weimar marquée par le mouvement de la Nouvelle Objectivité, c’est ICI :
–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
Ping : Esthète de mule | Redux online | Sphinx et Chimère