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William Blake – When the senses are shaken (Grand livre des dessins et modèles, 1796)
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Lullaby
O for a voice like thunder, and a tongue
To drown the throat of war! – When the senses
Are shaken, and the soul is driven to madness,
Who can stand ?
When the souls of the oppressed
Fight in the troubled air that rages, who can stand ?
When the whirlwind of fury comes from the
Throne of God, when the frowns of his countenance
Drive the nations together,
who can stand ?
When Sin claps his broad wings over the battle,
And sails rejoicing in the flood of Death;
When souls are torn to everlasting fire,
And fiends of Hell rejoice upon the slain,
O who can stand ?
O who hath caused this?
O who can answer at the throne of God ?
The Kings and Nobles of the Land have done it !
Hear it not, Heaven, thy Ministers have done it !
William Blake, O for a voice like thunder
Prologue, destinée à une pièce de théâtre du roi Edouard IV (1796)
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–––– Trois traductions en français du poème de Blake –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
Berceuse
Oh ! par une seule voix comme le tonnerre, et une langue
A enfoncer dans la gorge de la guerre ! Quand les sens
sont ébranlés Et l’âme est conduite à la folie
Qui peut rester débout ?
Quand les âmes des opprimées se battent
Dans l’air agité tremblant de rage
Qui peut rester débout ?
Quand le tourbillon de la furie parvient
Jusqu’au trône de Dieu, quand les grimaces des attitudes
Mènent l’une contre l’autre les nations,
Qui peut rester débout ?
Quand le péché fait battre ses ailes immenses au-dessus de la bataille
Et vogue gaiement sur les flots de la Mort;
Quand les âmes sont déchirées dans la flamme éternelle
Et que les démons de l’enfer se rient des assassinés
Oh ! qui peut rester débout ?
Qui donc a fait cela ?
Qui pourra répondre devant le trône de Dieu ?
Les rois et les nobles de la contrée l’ont fait !
Cieux, ne l’écoutez pas, tes ministres l’ont fait !
traduction site Esprits Nomades.
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Mélopée
Si seulement une voix, si seulement des mots
plus puissants que le tonnerre
pouvaient taire les canons de la guerre !
Quand, tremblante de rage
l’âme n’est que démence
Qui se lèvera ?
Quand les âmes des opprimés
luttent dans un climat de violence
Qui se lèvera ?
Quand la main de Dieu s’abat sur ce monde
en une tornade furieuse,
quand d’un léger froncement
Il rassemble les nations
Qui se lèvera ?
Quand le Péché déploie ses ailes immondes
au-dessus du combat
navigue allégrement sur des flots mortels
quand les âmes sont condamnées au feu éternel
quand les démons de l’Enfer applaudissent ceux qui succombent
Oh ! qui se lèvera ?
Qui osera se présenter devant Dieu ?
Qui en portera l’opprobre ?
Les rois et les nobles l’ont voulu !
Ecoute, Seigneur! Tes ministres l’ont voulu !
traduction Pier de Lune
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Oh! que n’ai-je une voix de tonnerre
Oh ! que n’ai-je une voix de tonnerre et une langue
Pour couvrir le grondement de la guerre. Quand les sens
Sont secoués et l’âme entrainée vers la folie,
Qui peut rester debout ? Quand les âmes des opprimés
Luttent dans l’air trouble qui fait rage, qui peut rester debout ?
Quand le vent hurle de fureur en provenance
Du trône de Dieu, quand l’expression de sa colère
Met aux prises des nations entières, qui peut rester debout ?
Quand le péché étale ses larges ailes sur la bataille
Et navigue, réjoui, dans le torrent de la mort,
Quand les âmes sont torturées par les flammes éternelles,
Et que les anges de l’enfer se réjouissent des nouveaux morts,
Oh ! qui peut rester debout ? Qui est à l’origine de cela ?
Qui peut répondre au trône de Dieu ?
Les rois et les nobles du pays l’ont fait.
Ciel, ne te laisse pas tromper.
Ce sont tes prêtres qui en sont la cause.
traduction Raouf Haji (2006)
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Et pour en savoir plus sur William Blake sur ce blog :
- Thème Illustre illustrateur et poète : William Blake, en guerre contre la raison – c’est ICI.
- Thème Illustre illustrateur : William Blake, le Livre de Job (1826) – c’est ICI.
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–––– dictionnaire –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
- lullaby : berceuse
- to drown : noyer – to be drown : se noyer (she fell in the water and was drowned)
- to shake : secouer, agiter, ébranler – shaken : secoué
- Whirlwind : tornade, éclair, tourbillon, trombe
- frown : froncement de sourcils – to frown on : désapprouver
- sin : péché
- to clap : applaudir
- broad : large
- flood : inondation
- torn : partagé, déchiré
- everlasting : éternel
- fiend : démon
- to rejoice : se réjouir
- slain : tué
- Heaven : ciel, paradis
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Berceuse
Oh, que ma voix gronde comme le tonnerre, et ma langue
Emplisse les machoires guerrières ! Quand les sens
Sont ébranlés, quand l’ame est poussée aux portes de la folie
Qui peut le supporter ?
Quand les ames des opprimés
Se débattent dans la fureur de notre époque troublée
Qui peut le supporter ?
Quand l’ouragan dévastateur provient du
Trone de Dieu, quand d’un froncement de son sourcil
Les nations sont amenées à se déchirer
Qui peut le supporter ?
Quand le péché étend son aile immense sur le champ de bataille
Et se délecte à naviguer au coeur du déluge de la mort
Quand les ames sont condamnées aux tourments du feu éternel
Quand les démons de l’enfer se repaissent des trépassés
Oh, Qui peut le supporter ?
Oh, qui a fait celà ?
Oh, qui en repondra devant le trone de Dieu ?
Les rois et nobles du pays l’ont fait !
N’entendez vous pas, aux cieux, vos représentants sur terre l’ont fait !
Ce n’est pas un poème facile à traduire. N’ayant jamais trouvé une traduction qui me satisfasse entièrement, je me suis essayé à l’exercice… et j’ai pu en mesurer la difficulté. Voici donc ma version.
Je ne sais si elle est meilleure ou moins bonne. De toute façon, celà ne rendra jamais justice à l’original.
Traduttore, tradittore…
Merci pour cette nouvelle et belle traduction. Quand je relis les différentes traductions des poèmes de langues anglaise ou allemande, je suis moi même globalement insatisfait et je trouve que certains vers ou certaines expressions ont été mieux traduites (ou mieux interprétées) d’une traduction à l’autre. Alors pourquoi ne pas composer un poème synthétique des meilleures éléments de ces différentes traductions ? – Un plagiat de l’œuvre de traducteurs ? – Non, une œuvre collective pour s’approcher de la perfection. Après tout les poèmes épiques oraux ont été composés par des milliers de locuteurs qui se sont succédés au fil du temps. – Alors, à quand un Wikipoesia ?
cordialement, Enki