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La petite Hanne Karin Bayer nait un 22 septembre 1940 à Solbjerg, un petit village de la banlieue d’Aarhus, le grand port historique du Jutland sur la côte Est du Danemark. Elle déclarera plus tard qu’enfant, elle rêvait de « voyager en roulotte avec des chevaux et se donner en spectacle sur les places publiques ». Après ses études secondaires, elle prend des cours de danse et pose comme mannequin pour des magazines de mode. Elle entame également une carrière artistique en chantant dans des cabarets et en tournant dans un film danois, Pigen og skoene (la fille aux chaussures) qui sera présenté au Festival de Cannes de 1959. C’est l’année où elle décide de s’installer à Paris et commencera à y travailler comme mannequin; c’est Coco Chanel qui lui conseillera de prendre le nom d’Anna Karina. Elle fait alors la connaissance de Jean-Luc Godard, qui avait débuté sa carrière comme critique de cinéma à la Gazette du cinéma et aux Cahiers du cinéma et qui réalise des films dans la mouvance de ce que l’on nommera bientôt La Nouvelle Vague. Il lui propose un rôle important dans A Bout de souffle (1960) qu’elle refusera parce qu’il comporte une scène dénudée mais tournera la même année sous sa direction dans Le Petit soldat qui sera censuré jusqu’en 1963, puis en 1961 dans le film Une femme est une femme qui obtiendra la même année au Festival de Berlin le prix spécial du jury et où on lui décernera le prix de la meilleure actrice pour son interprétation du rôle d’Angela. Elle devient alors l’égérie de la Nouvelle Vague. En tout, elle tournera sept longs métrages avec Jean-Luc Godard qui entre temps, en 1961, sera devenu son mari dont la plupart deviendront des films cultes de la Nouvelle Vague (Vivre sa vie en 1962, Bande à part en 1964, Alphaville et Pierrot le Fou en 1965). En 1965, elle tournera également sous la direction de Jacques Rivette le film la Religieuse adapté du roman de Diderot qui sera censuré jusqu’en 1967.
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Dans Vivre sa vie de Jean-Luc Godard, 1962
» (…) voilà qu’elle nous visite tous à nouveau, la Nana de Vivre sa vie. En 1962, cinquante ans déjà, à mi-vie de l’histoire du cinéma, Jean-Luc Godard fondait (beaux imparfaits: fonder et fondre!) son regard sur ce pur désespoir d’une femme du peuple, livrée toute entière à Falconetti / Jeanne de Dreyer. Ce plan où nous sommes entrés dans le cinéma pour ne plus en sortir (…) Maurice Darmon
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Qu’est-ce que j’peux faire ? J’sais pas quoi faire…
Anna Karina – la religieuse, 1965
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–––– 1950 à 1955, les années Godard ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
Anna Karina et Jean-Luc Godard en 1960. ils se marieront un an plus tard en 1961 mais se sépareront en 1965.
Anna Karina et Jean-Luc Godard
Anna Karina, Paris 1963 – photo Lennart-Green
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Quand Godard se révéle odieux par maladresse… Retrouvailles ratées vingt ans après leur séparation en 1987 sur le plateau de « Bains de minuit » de Thierry Ardisson . Pour visualiser la vidéo Daily Motion, c’est ici > Jean-Luc Godard et Anna Karina, vingt ans après – Vidéo Dailymotion
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Au sujet du rapport de Godard avec les femmes, lires l’article très documenté de Philippe Sollers sur ce thème avec des textes de Guy Scarpetta et Julia Kristeva et plusieurs vidéos c’est ICI.
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–––– 1965, Pierrot le Fou de Jean Luc Godard avec Jean-Paul Belmondo –––––––––––––––––––––––––
Pierrot le Fou de Godard (1965)
chanson « Ma ligne de chance » interprétée par les deux acteurs dans le film
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–––– les chansons –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
La fraîcheur, l’innocence, l’insouciance, l’optimisme des années soixante : il faut voir absolument ce clip d’Anna Karina chanter la chanson « Sous le soleil exactement » où on la voit échanger quelques mots avec un Gainsbourg conquis et hilare… pour cela, cliquez ICI > Anna Karina « Sous le soleil exactement » – Vidéo Ina.fr
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Anna Karina chanteuse – article « Nostalgie de l’été » de septembre 2009 de Malthide Gérard du Monde.
Anna Karina, ce sont des yeux d’un bleu profond, des pommettes rieuses, un minois à faire craquer toute la nouvelle vague. Pas étonnnant dès lors qu’elle attire l’attention de Serge Gainsbourg, l’homme à tête de chou qui fait chanter les actrices. Pour le compte de la comédie musicale Anna, réalisée par Pierre Koralnik, Serge Gainsbourg écrit en 1965 un tube à la muse de Jean-Luc Godard.
L’intrigue d’Anna ? Plus grand monde ne s’en souvient. Une histoire de riche et talentueux publicitaire qui tombe amoureux du regard d’une femme, dans le laboratoire photo de son agence. Cette comédie musicale — tournée en couleurs pour la télévision à une époque où la France ne comptait que 6,5 millions de téléviseurs… tous en noir et blanc — ne fera pas date en tant que téléfilm. Mais elle aura au moins lancé la gloire d’une chanson.
« Sous le soleil exactement » est un tube tout en élans et en pauses, qui donne envie de gambader dans les prés en chapeau de paille et robe en crochet. La mélodie et les textes, mi-sensuels, mi-candides, collent parfaitement à la peau de leur interprète. Enfant, la jeune Danoise rêvait de devenir aventurière, « voyager en roulotte avec des chevaux et se donner en spectacle sur les places publiques ».
A défaut de roulotte, l’égérie et épouse de Jean-Luc Godard, arrivée à Paris à l’âge de 17 ans, aura droit aux honneurs des caméras de la nouvelle vague, pour lesquels elle n’hésite pas à pousser la chansonnette (on la voit fredonner chez Jacques Rivette, Agnès Varda ou encore Roger Vadim). Elle a beau se défendre, au micro de Serge Gainsbourg, de ne pas « être une chanteuse », sa pudeur (feinte ou sincère) ne masque pas son goût du chant.
D’ailleurs, la jolie brune se moque des conventions. Elle tourne des films publicitaires à la fois pour la marque Monsavon et pour son concurrent Palmolive. Mais cette actrice qui mène sa carrière avec plus de fermeté que ne le laisse penser sa candeur sait toujours exactement où elle est : « Sous le soleil, pas à côté, juste en dessous ».
Mathilde Gérard
Anna Karina et Serge Gainsbourg dans le tournage du clip de Sous le soleil… Gainsbar « aux anges »