Imaginaire de la montagne : la Dibona (3130 m) dans le massif des Ecrins (Alpes françaises)

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La belle convoitee

La première ascension de l’Aiguille Dibona a été réalisée par Angelo Dibona et Guido Mayer le 27 juin 1913. A cette époque le sommet s’appelait « Aiguille du Pain de Sucre », la « Cîme du Pain de Sucre » désignant l’actuelle Aiguille Centrale. Afin de mieux distinguer la cîme de l’aiguille, certains donnèrent à la dalle finale le nom de son premier vainqueur, Dibona mais avec le temps, c’est l’aiguille toute entière qui porta finalement ce nom.

la montée au refuge du Soreiller – Au loin la Dibona

la montée au refuge du Soreiller – Au loin la Dibona

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La montée au refuge du Soreiller situé au pied de la Dibona

aquarelles de Nicolas Journoud

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Extrait du Carnet de course de Nicolas Journoud

22 mai : A partir de Bourg d’Oisans, la route se faufile entre les montagnes de plastique et traverse les villages du Vénéon jusqu’aux Etages. De là un sentier pointillé s’élève en lacets, s’enfonce à l’intérieur d’une gorge puis débouche dans le cirque du Soreiller, les lignes d’isométries en profitent pour s’espacer un moment puis se resserrent aussitôt jusqu’au pied de la Dibona. Sur la vieille carte en relief on lit encore « Aiguille du Pain de Sucre » à moitié effacé, trop souvent cherché ou montré. A peine 3.000 m, orientée plein sud, quatrième fois peut-être, mais voilà qui réveillera en douceur mes semelles vibram et celles de ceux qui les chausseront là-bas pour la première fois, sans oublier le carnet de croquis. (…) 

l'acès au refuge du Soreiller au pied de la Dibona

Dans ce corridor, loin du soleil, nous marchons en silence. Le sentier, d’habitude si prompt à s’imposer, à creuser la falaise et installer ses marches grossières sur la moindre bosse, renonce ici prudemment et nous remontons les névés et les pierriers au plus arrangeant, comme il leur plaira. 
Puis, aussi rapidement que la gorge nous avait avalé, elle nous libère. Comme à travers le goulot d’un sablier, nous sommes passés de l’autre côté. Les deux falaises ayant trouvé un accord disparaissent en même temps. De larges pierriers les remplacent, couverts de bruyères, ils grandissent, s’étendent et les lacets s’éloignent de plus en plus. Les sommets qui bordent le cirque sont apparus les premiers, chacun de leur côté. D’ici quelques pas, sûrement… 
La pente s’est couchée et nous avons débouché dans le vallon du Soreiller. Loin au-dessus, la Dibona nous attendait…

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le cirque de pierre du Soreiller avec au centre la Dibona

l’arrivée au cirque de pierre du Soreiller avec au centre la Dibona

«Le Soreiller a un charme extraordinaire et prenant: c’est un paradis de pierres. On grimpe dans un lieu fait pour cela, donné aux hommes pour cela et que les hommes ont su découvrir et aimer»      –      Gaston Rebuffat

Carnet du Voyageur - Dibona

La même vue croquée joliment par Nicolas Journoud dans son Dibona, Carnet de course

Dibona

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refuge du Soreiller

refuge du Soreiller

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L’ascension par l’arête Nord et la brèche Gunneng

Arête-Nord-de-lAiguille-de-la-Dibona-dans-le-parc-national-des-Ecrins-1Ascension de l’aiguille de la Dibona par la voie des Nains et l’arête Nord. 

Du refuge du Soreiller, on traverse vers l’ouest une zone de gros blocs menant à un escarpement rocheux facile permettant de franchir la crête formée par les derniers soubassements sud-ouest de la Dibona.
On emprunte les pentes d’éboulis (sentier et cairns) qui permettent d’accéder au névé issu du Col ouest du Soreiller. En haut de ce dernier (2.980m environ), par un cheminement dans des vires (cairns) et un replat enneigé en début d’été, on rejoind la Brèche des Clochetons où l’on s’encorde (3.048m
). On rejoint alors par une traversée facile sous les Clochetons Gunneng, la brèche séparant ces derniers de l’aiguille proprement dite. De là on suit l’arête jusqu’au sommet. 

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aquarelle de Nicolas JournoudExtrait du Carnet de course de Nicolas Journoud

26 mai – 8h : Deux longueurs de corde, trois en étant prudents et le sommet sera là. Peu importe le sommet, l’altitude ou l’engagement : chaque fois que la corde sort du sac, que les mousquetons s’accrochent au baudrier, l’histoire recommence. Au premier pas, au premier piton. Parce qu’à ce moment là, entre les récits d’ascencions héroïques et notre minuscule escalade il n’y a plus de différence. Chacun à son échelle, à la mesure de son ambition ou de sa force, chacun retrouve je crois le même plaisir. Et l’étincelle dans les yeux n’est jamais aussi forte que pour un premier sommet, comme aujourd’hui quand Arnaud et Pablo finissent de se préparer.    La brêche Gunneng se rejoint en traversant sous les clochetons une série de barres rocheuses qui donne naissance à la face Ouest. Dès les premiers pas, dans ces gradins faciles, le sol s’enfuit. La sensation d’aller vers le vide est là, en équilibre sur cette arête qui persiste à monter alors que tout autour d’elle se précipite dans la vallée. Premier relais et première longueur, légèrement à droite au dessous de l’arête. La face ouest continue de grandir, bien verticale pour que l’ambiance soit au rendez-vous, et la voie emprunte justement un dièdre couché, côté vide. Second relais et Pablo et Arnaud me rejoignent, découvrant les joies du rocher froid et de l’escalade en grosse, sur chaque visage le même sourire. La deuxième longueur remonte ensuite tranquillement une dalle couchée, les mains posées sur l’angle de l’arête – facile et élégant. On arrive alors au sommet, simplement,  un tas de cailloux confortable parfait pour pique-niquer.

Pour lire le carnet de route de Nicolas Journoud en entier, c’est ICI.

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La Dibona de profil toujours aussi raide

l’arête Nord de la Dibona vue de la brèche Gunneng

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