–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
L’Eglise Notre-Dame de Roscudon à Pont-Croix sur laquelle débouche la rue de Rosmadec
Il y a une vingtaine d’années, il existait une boulangerie au n° 13 de la rue de Rosmadec à Pont-Croix, la capitale historique du cap-Sizun. Nous allions régulièrement y acheter notre pain. La tenancière était une vieille dame, connue dans la ville et ses environs sous le nom de « La Jeannette ». Son pain, élaboré et cuit de manière traditionnelle était réputé et l’on faisait la queue un long moment dans sa boutique minuscule et même dans la rue pour l’acheter. Malheur à ceux qui arrivaient trop tard en fin d’après-midi, vers dix-sept ou dix-huit heures, car le pain venait alors souvent à manquer… Si l’on voyait pourtant quelques miches encore entreposées sur l’étal et qu’on la questionnait à ce sujet, la Jeannette nous répondait alors d’un air bougon : « C’est réservé ! », « c’est pour Madame ou pour Monsieur … », suivait alors un nom aux consonances bretonnes bien affirmées. la rareté du pain était causée par le fait qu’il était produit de manière vraiment artisanale sur place par un boulanger ou un mitron qui était, si mes souvenirs sont exacts, son neveu. Je n’ai jamais compris où exactement se trouvait le fournil… Je me souviens simplement que régulièrement, une trappe située dans le plafond de la boutique s’ouvrait et qu’une tête ronde et ébouriffée, toute blanchie de farine, apparaissait suivie presque aussitôt de deux bras portant un grand panier rempli de pains encore brûlants que saisissait alors la Jeannette et qu’elle répartissait sur l’étal. Je supposais donc que le fournil se trouvait à l’étage au-dessus de la boutique. Durant l’attente, je tuais le temps en admirant un gros matou au pelage initialement noir que la farine en suspension dans le magasin rendait gris. La boutique était son domaine et on le voyait perché sur les étals se pourléchant les babines ou allongé de manière nonchalante. Je suppose qu’il était là pour les souris qui devaient être nombreuses dans la boulangerie… Et puis un jour, de retour à Pont-Croix pour les vacances, nous avons trouvé le magasin fermé. Une page de vie était définitivement tournée… Mais depuis, à chaque passage dans la rue de Rosmadec, la Jeannette se rappelait à notre bon souvenir. C’est à l’une de ces occasions que j’avais écrit, à l’été 2012, ce poème…
°°°
La Jeannette
A Pont-Croix,
au 13 de la rue de Rosmadec,
vivait une très vieille dame
aux habits aussi noirs que le geai,
aux cheveux gris comme la cendre.
On l’appellait la Jeannette.
Elle avait un gros chat,
A la pelure aussi noire que le geai
Mais quand, dans la vitrine, il dormait
Il était aussi gris que la cendre.
La Jeannette avait un neveu
aux cheveux noirs comme le geai.
Mais quand il passait la tête
à travers l’ouverture béante du grenier,
ils étaient devenus tout gris,
aussi gris que la cendre.
Le neveu de la Jeannette
était aussi son mitron.
Dans le grenier, il cuisait le pain :
farine de sarrazin pour le pain noir,
farine de froment pour le pain blanc.
Dans la rue de Rosmadec,
On ne voit plus la Jeannette
Son neveu aussi a disparu…
le gros chat est toujours là
mais sa pelure est toujours noire,
aussi noire que les plumes du geai
Fini le pain noir au sarrazin,
Fini le pain blanc au froment.
Enki, Pont-Croix, 13 août 2011,
°°°
–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
Une nouvelle vie pour la boulangerie de la Jeannette…
Et puis aujourd’hui, je tombe par le plus grand des hasards sur INTERNET sur un article ancien (novembre 2011) du site Le Télégramme intitulé « Chez Jeannette » à Pont-Croix, « Une galerie aux multiples facettes… » =
« Trois artistes, dont deux peintres Stéven Pennanéac’h et Benoît Andro, et une graphiste, Véfa Lucas, viennent de créer une association culturelle, nommée «Chez Jeannette». Basée dans la galerie du même nom au 8, rue de Rosmadec, elle a pour objectif d’organiser régulièrement des expositions ouvertes à l’art contemporain. Lieu d’exposition, de réflexion et d’expérimentation de projets liés aux images, la galerie est aussi un lieu d’échanges entre les artistes invités à exposer et la population.
Programmation 2012
Ces jeunes artistes souhaitent proposer des expositions éclectiques, mais aussi inédites, puisqu’elles prendront forme sur les murs de la galerie, mais aussi dans la commune. L’objectif étant également de garder une trace de chaque passage d’artiste en dehors de la galerie. Mardi Noir, Kloum, Pierre Mabille et Laurent Mazo, Camille et Paul Girard-Brunet sont d’ores et déjà programmés et se succéderont à la galerie de mars à septembre 2012. (…) «
Contacts Chez Jeannette, 8, rue de Rosmadec. Té. 09.53.11.00.63; mèl. galerie.chezjeannette @gmail.com ou http://www.chezjeannette.info.
les trois pontartistes de la galerie Chez Jeannette
°°°
Je présenterais prochainement sur ce blog les peintures de Stéven Pennanéac’h que je trouve très intéressantes sur le plan de la démarche intellectuelle et artistique qui les motive et en attendant, j’indique le lien du site Mardinoir.blogspot présentant l’action « Hyéroglyphes 2012 » mise en scène dans les rues de PONT-CROIX qui vous permettront de visiter cette magnifique petite ville. C’est ICI et pour la vidéo seule, c’est ci-dessous.
°°°
–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––