Home, sweet home – maison à Arta par l’agence madrilène Herreros Arquitectos, 2007.

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Juan HerrerosJuan Herreros

  • lieu d’implantation : Artà, ïle de Majorque (Espagne), 2007
  • programme : maison de vacance à la campagne
  • surface : 130 m2 
  • maître d’ouvrage : Pepe Cobo  –  maître d’œuvre: Juan Herreros Arquitectos
  • équipe du projet : Víctor Garzón et Verónica Melendez (projet), Carlos Serra (building process director) – structure : Eduardo Barrón – construction : Rafael Martet.
  • photos : José Hevia (mussanta@telefonica.net)

Herreros Arquitectos – maison à Arta (Majorque), 2007 – photo José Hevia

maison à Arta (Majorque), 2007 – façade N-O – photo José Hevia

    Le programme prévoyait transformer une ancienne étable à moutons en petite résidence de week-en ou de vacances. Le parti architectural adopté a consisté à réutiliser le volume initial et de le reproduire de manière symétrique en prenant soin de préserver et réutiliser les anciennes techniques mises en œuvre pour régler les problèmes posés par l’orientation (ensoleillement et vue), la ventilation et l’alimentation en eau.
   Les façades pignons ont été revêtues de pierres sèches pour s’intégrer à l’environnement et maintenir le langage architectural traditionnel de la région.
   Le traitement des murs extérieurs se veut une réponse aux différents aspects du climat local. Les problèmes du vue, d’éclairage, de ventilation et de chauffage ont été réglés par le choix de mise en œuvre de deux volumes indépendants auxquels le traitement des ouvertures et les toitures confère un effet énigmatique. L’espace intérieur reprend la division fonctionnelle des volumes d’origine (espaces pour les animaux, le berger et l’entreposage du fourrage) en fonction de l’orientation : au nord, la cuisine, les chambres et les salles de bains; au sud, la salle à manger, le séjour et le bureau. Pour chacun des volumes, un équipement particulier a été mis en valeur (table, sofa, bureau, lit et cuisinière) pour définir l’espace et la fonction.
   L’originalité du parti architectural tient à l’importance de la façade principale, la seule qui peut être largement ouverte et bénéficier de la vue et de l’apport solaire. Pour cela la pente des toitures a été accentuée. Le projet reproduit ce traitement sur la façade opposée Nord pour capter la lumière.
L’inversion des toitures permet de bénéficier de l’apport d’une ventilation naturelle ajustable selon les besoins des utilisateurs qui en ouvrant ou fermant les ouvertures pratiquées dans les fenêtres peuvent moduler l’ambiance intérieure en fonction de chaque saison.
   Le projet respecte la simplicité et la pureté de la construction d’origine grâce au maintien de l’utilisation de la pierre et perpétue ainsi l’idée et l’image d’un abri de caractère presque caverneux que l’on aurait dupliqué.
   La construction initiale possédait un système de récupération des eaux de toiture qui était amenées par un système de canalisations vers une citerne de stockage. C’est ce même système qui a été réutilisé et optimisé grâce aux toitures en pentes.

   A l’extérieur, la terrasse, les parois du four et la chaussée existante ont été respectées.  Seule une petite partie de l’espace extérieur a été aménagé en jardin, le reste est maintenu en l’état naturel avec la conservation de la végétation existante, considérée comme un élément essentiel du paysage.

traduction libre parEnki signature

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Texte original

   The project converts an existing vernacular structure that formerly served as a refuge for shepherds into a small residence for occasional use. The approach consisted of replicating the original volume symmetrically to conserve the original conditions and technical function of an apparently innocent construction that was designed intelligently where its orientation, ventilation and water collection facilities, etc. were concerned.
   A dry-constructed outer wall stimulates an open and voluntary dialogue with the different aspects of the local climate. Seeing, lighting, ventilating or heating are various operations associated with two independent systems of openings and shutters that imbue the northern and southern faces with an ambiguous and enigmatic look. The interior reproduces the original and primitive compartments (for animals, shepherds and forage) in two directions: North (kitchen, bedroom and bathroom) and South (dining room, living room and study). Each compartment contains one single major object (table, sofa, writing desk, bath, bed and cooker) which serves to define each space and its use.
    The original typology is based on increasing the main façade, the only one that could be opened and is heated by the sun. In our project, we preserve this condition duplicating the main façade searching for the sun and the North light in the opposite direction, without contradicting the original character.
   Its inverted roof provides the house with highly effective natural cross-ventilation, adjustable by the user who, opening or closing the top and bottom windows, creates a perfect climate according to each season.
   The proposed little house supports the lightweight spirit of the original construction. It preserves the impressive lateral stone wall and supports the idea of the big hollows, which duplicated, become doubly enriching for the house.
   The original house has a gutter that collects rain water and leads to a cistern where it is stored. The proposal maintains this system and further optimizes it. The two slopes of the roof carry the water to the gutter which maintains its original position, and then it leads to the cistern. »

Herreros Arquitectos – maison à Arta (Majorque), 2007 – plan masseplan masse

Herreros Arquitectos – maison à Arta (Majorque), 2007 – façade Sud – photo José Hevia

façade Sud – photo José Hevia

Herreros Arquitectos – maison à Arta (Majorque), 2007 – façades – photo José Hevia

façades – photo José Hevia

Herreros Arquitectos – maison à Arta (Majorque), 2007 – façades – photo José Hevia

façades – photo José Hevia

Herreros Arquitectos – maison à Arta (Majorque), 2007 – détail façade – photo José Hevia

détail façade – photo José Hevia

Herreros Arquitectos – maison à Arta (Majorque), 2007 – photo José Hevia

Herreros Arquitectos – maison à Arta (Majorque), 2007 – coupe – photo José Hevia

coupe – photo José Hevia

Herreros Arquitectos – maison à Arta (Majorque), 2007 – plan – photo José Hevia

plan – photo José Hevia

Herreros Arquitectos – maison à Arta (Majorque), 2007 – salon – photo José Hevia

salon – photo José Hevia

Herreros Arquitectos – maison à Arta (Majorque), 2007 – façade intérieure – photo José Hevia

façade intérieure – photo José Hevia

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Le point de vue d’Enki

   Ce projet du cabinet Herreros Arquitectos montre que l’on est pas condamné, dans une région où l’architecture vernaculaire est très typée à reproduire celle-ci de manière servile en la dupliquant. L’important est de comprendre l’esprit sous-jacent qui animait dans le passé cette architecture et qui guidait les actes de tous ceux qui la façonnaient. L’esprit était celui d’une recherche de simplicité et d’économie de la construction pour lui faire répondre aux fonctions essentielles qui lui était demandé dans un milieu naturel aux caractéristiques bien définies.
   Les fonctions auxquelles la construction devait répondre étaient simples : protéger hommes et animaux des intempéries dans le meilleur confort possible – ce qui dans un climat méditerranéen impliquait d’assurer une ventilation de l’abri – permettre la vue sur les environs à fin de surveillance et l’éclairement intérieur, assurer les ressources en eau, le tout en utilisant pour la construction les ressources locales, pierres, terre et bois.

     C’est finalement ces mêmes principes sur lesquels se sont appuyés les architectes pour concevoir leur projet, à la différence près que cette maison n’était plus un abri de berger mais une maison de vacance et qu’une partie des fonctions à abriter avait changé. Outre la définition et l’organisation des espaces intérieurs qui étaient totalement différentes, les besoins de vue et d’éclairement étaient fortement augmentés et ne pouvaient être satisfaits par l’architecture d’origine. La réalisation de toitures inversées à pente accentuée qui permet une augmentation de la surface des façades principales a été le moyen choisi  pour résoudre le problème. Est-il judicieux ? On peut considérer que oui dans la mesure où cette « entorse » aux règles de l’architecture traditionnelle est compensée par le maintien et l’affirmation des murs de pierres en pignons et par le fait que cette construction apparaît isolée dans le paysage et ne soit pas confrontée, de ce fait, à d’autres constructions traditionnelles. Le traitement contemporain des façades principales apparaît logique dans la mesure où elle paraît accompagner l’originalité de la toiture inversée mais on ne comprend pas les raisons qui ont motivées la petitesse des ouvertures sur le paysage qui auraient méritées d’être plus importantes pour répondre à la fonction qui leur était demandée.

Enki signature

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    Ce traitement particulier d’une toiture inversée par rapport à la toiture traditionnelle me fait penser aux essais tentés dans les années soixante dans les Alpes françaises par des architectes soucieux de trouver une nouvelle grammaire pour l’agencement des éléments constitutifs de l’architecture traditionnelle des chalets.

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