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Anders Zorn (1860-1920) – Autoportrait, 1915
« Zorn a le privilège d’être un peintre intemporel. Aquarelliste de brio, son dessin et sa peinture sont toujours impeccables, sans pareil. Il a cette qualité, inconnue à notre époque, de faire « incisif » et non plat. C’est un illustre peintre européen. » – Auguste Rodin
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Anders Zorn est l’un des artistes suédois les plus connus internationalement. Sa renommée à l’étranger est fondée d’abord sur sa technique du portrait pour laquelle il faisait preuve d’une grande virtuosité et qui lui permettait de saisir de manière incisive et fidèle les traits physiques, le caractère et la personnalité de la personne représentée, ensuite ses nombreuses études du nu féminin dans lesquelles la nudité des femmes du peuple est représentée de manière naturelle et lumineuse. Il est d’autre part auteur d’une œuvre graphique important dans le domaine de la gravure.
« Trop jeune pour être un impressionniste, trop vieux pour être un moderniste, » a dit de lui le conservateur du « Isabella Stewart Gardner museum » de Boston, Olivier Tostmann. Effectivement, Zorn, à l’instar de plusieurs autres peintres de la même génération que lui ayant exercé à la fin du 19e siècle et au début du 20e siècle comme l’américain John Singer Sargent (1856-1925), l’espagnol Joaquin Sorolla (1863-1923) et l’italien Giovanni Boldini (1842-1931), s’est trouvé à la charnière des grands bouleversements artistiques qui ont marqués cette époque.
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–––– l’art du portrait d’Anders Zorn avant 1893 –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
Anders Zorn – les jeunes années
Anders Zorn – Spanish woman, 1879
Anders Zorn – In Mourning, 1880
Anders Zorn – I gladje, 1880
Anders Zorn – portrait de jeune fille, 1881
Anders Zorn – Self Portrait, date inconnue
Anders Zorn – autoportrait, 1882
Anders Zorn – the widow, vers 1882-83
Anders Zorn – Little Girl in Traditional Dress, 1883
Anders Zorn – Cristina Morphy , 1884
Anders Zorn, Castles in the Air, 1885.
Anders Zorn – Lisen Lamm, 1885
Anders Zorn – Breakfast in the green, 1886
Anders Zorn – portrait d’Edith Palgrave Edward dans sa résidence londonienne, 1887
Anders Zorn – Les demoiselles Salomon, 1888
Anders Zorn – Madame Clara Rikoff, 1889
Anders Zorn – Antonin Proust, 1888
Anders Zorn – Margit, 1891
….John Singer Sargent – portrait (ci-dessus)
Anders Zorn – Mrs Walter Bacon, 1891 (à gauche)
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Edgar Degas – Danseuses liant leurs sandales (détail), 1883 (ci-dessus)
Anders Zorn – Réveil, boulevard Clichy, 1892 (à gauche)
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Anders Zorn – Emma à l’atelier de Paris, 1894
Anders Zorn – Spetssom, 1894
Anders Zorn – Omnibus (study) – oil sketch, 1892
Edgar Degas – l’absinthe, 1873 (ci-dessus)
Anders Zorn – Omnibus, 1892 ou 1895 (à gauche)
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–––– 1893-1911 : Les années américaines ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
Exposition Universelle de Chicago de 1893
En 1893, Chicago organise Exposition Universelle Colombienne connue aussi sous le nom d’Exposition universelle et Anders Zorn est choisi par la Suède comme directeur de l’exposition d’art suédois. Il a ainsi pu profiter de cette occasion pour visiter les États-Unis où il restera durant presque une année. Ce voyage sera le premier d’une longue série (sept au total) puisque, dans les années qui suivront, Zorn retournera dans ce pays en 1896-1897, 1898-1899, 1900-1901, 1903-1904, 1907, et 1911. Zorn apprécie le style de vie américain et se sentira dans ce pays-continent « comme à la maison ». L’artiste autodidacte souscrivait pleinement aux valeurs américaines et écrira dans ses mémoires:
« Je m’entends bien en Amérique et en compagnie des Américains. Leur façon simple franche convient bien à mon caractère. Je n’ai jamais vraiment été à l’aise avec le style solennel des Européens urbains et leurs coutumes artificielles. Quand je suis sorti de Dalarna, j’ai vite appris que tout ce que je savais et pour lequel j’accordais de la valeur était considéré comme rien, et que l’on ne devait jamais dire la vérité sur les choses dans la bonne société… Les seules règles de conduite qui m’avait été inculquées par mon grand-père durant mon enfance étaient très simples : fidélité, être fidèle à sa parole, honnêteté et ponctualité. Ces vertus qui étaient les miennes étaient considérées comme inutiles dans les villes européennes… Pourquoi me sentais-je plus proche lors de ma première visite en Amérique – à l’inverse d’autres étrangers – de l’élite de l’Amérique et introduit dans tous les clubs ? Partout où je vais, j’attribue cela à mon grand-père, le magnifique vieux paysan de Mora qui m’a élevé jusqu’à ce que j’avais douze ans… Là-bas [en Amérique], quand ils disent « C’est un homme droit ! » toutes les portes s’ouvrent pour l’étranger, ce que les Européens ne peuvent pas comprendre. Transparence, honnêteté, droiture, ponctualité, ces choses là sont inclus dans l’expression « C’est un homme droit ! »
Ces voyages ont également eu d’une grande importance pour son activité artistique; si le voyage 1907 avait un but principalement touristique, les autres ont été consacrés à la réalisation d’un grand nombre de peintures (plus d’une centaine), essentiellement des portraits en réponse à des commandes de l’intelligentsia américaine fortunée des quatre coins des Etats-Unis qui groupait des commanditaires tels que : Isabella Stewart Gardner à Boston, Charles Deering à Chicago, John Hay à Washington D.C., Edward Rathbone Bacon à New York… et même des locataires de la Maison Blanche tel que les Présidents Grover Cleveland (1899, National Portrait Gallery, Washington DC) et sa femme, William Taft (1911, la Maison Blanche). Il a également exécuté une gravure de Théodore Roosevelt en 1905. Lors de son séjour de 1901, Zorn empochait 15.000 dollars par semaine grâce à ses portraits d’hommes politiques, de magnats de l’industrie et de leurs femmes qui voulaient faire étalage de leur statut mais malgré ces sollicitations il n’a pas connu en Amérique la même notoriété qu’en Europe bien que son succès rivalisait alors avec celui de son concurrent le plus proche, le peintre américain John Singer Sargent. À chaque fois, il cible sa production sans pour autant s’adapter aux goûts plutôt consensuels de ses commanditaires. Zorn va poursuivre sans contrainte son rêve américain tout au long des années 1910. Il diffusera son art à l’occasion de grandes manifestations collectives, comme l’Exposition Scandinave en 1912-1913 (à New York, Buffalo, Toledo, Chicago et Boston) et la Panama Pacific Exposition en 1916 (à Boston). Ainsi, en 1921, son talent est-il pleinement reconnu et célébré par le Museum of Fine Arts de Boston, qui lui consacre cette année-là une première exposition posthume
Anders Zorn – Reading (Mr. and Mrs. Charles Deering), 1893
Anders Zorn, An Irish Girl, 1894
Anders Zorn – Natteffekt II, 1895
John Singer Sargent – Mme Ralph Curtis, 1898 (ci-dessus)
Anders Zorn – Mrs Potter Palmer, 1893 (à gauche).
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Edgar Degas – Ballet – l’étoile, vers 1878 (ci-dessus)
Anders Zorn – Isabella Stewart Gardner à Venise, 1894 (à gauche)
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. Isabella Stewart Gardner était l’une des clientes les plus enthousiastes de Zorn. Dans ce tableau, revêtue d’une robe blanche crémeuse et lumineuse, les bras écartés entre les montants d’une porte, dans une salle haute au plafond lambrissé sombre qui menait au balcon de son palais vénitien. Eclairée par un puits de lumière, des fleurs rouges éparpillés à ses pieds, elle a l’allure d’une déesse ou une diva d’opéra qui saluerait à un lever de rideau. Elle semble s’adresser à ceux qui la contemple hors la toile et proclamer : « j’aime la vie, j’aime l’art, j’aime la beauté ! »
Selon une anecdote citée dans l’essai sur Anders Zorn, écrit par Carrell Shaw, voici comment se passa la rencontre entre la mécène et le peintre : » Mme Gardner, captivée par la peinture de Zorn montrant une jeune femme dans un omnibus à Paris, se tourna vers un homme qui se trouvait à proximité et lui demanda si il était là pour la vente et si il connaissait l’artiste. L’homme se présenta comme étant Anders Zorn et Mme Gardner lui répondit alors : Vous-même ! Eh bien, je suis sûr que nous serons très bientôt soit ennemis…, soit amis. Vous êtes invité aujourd’hui pour le thé ». Cette rencontre fortuite marqua le début d’une amitié longue et féconde.
Anders Zorn – autoportrait avec modèle, 1896
Ce tableau est significatif de l’œuvre de Zorn avec sa palette sobre composée d’ocre, de noir, de rouge et de blanc avec des empâtements généreux et des coups de pinceau virtuoses qui étaient sa signature. Il est assis au premier plan vêtu d’une blouse blanche tenant ses outils dans la main, dégageant une présence formidable, entouré – presque enveloppé – par des nuances de bruns profonds caverneux qui évoquent des références à Velazquez et Rembrandt, les artistes qu’il admirait le plus.
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Anders Zorn painted this portrait in 1897 during his second visit to America. Mrs. Bacon, the wife of the president of B & O Southwestern Railroad, is depicted with broad, fluid brushwork—a nod to Impressionism— that suggests a spontaneous moment. According to the sitter’s husband, both Sargent and Whistler admired this portrait when it was exhibited at the Paris Salon of 1897.
Anders Zorn – Mrs Walter Rathbone Bacon, 1897.
Anders Zorn – portraits de Mrs Eben Richards, 1899 (à gauche).
John Singer Sargent – watercolor, Abbey of Montserrat, 1900
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Anders Zorn – the toast, 1893
Anders Zorn – August Saint Gaudens II ; Vallkulla; Frightened, 1897
Anders Zorn – King Oscar II (Oscar Friedrik, King of Sweden (1872-1907), 1898
Anders Zorn – George Peabody Gardner, 1899
Anders Zorn – Artha Dana (later Mrs. William Mercer), 1899
Anders Leonard Zorn – Mrs Frances Cleveland et M. Grover Cleveland, 22e et 24e président des Etats-Unis, 1899 (Google Art Project)
John Singer Sargent – Mrs Hugh Hammersley, 1892-93 (ci-dessus) Anders Zorn – Portrait of Mrs.
Howe,1900 (à gauche)
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Anders Zorn – Prins Carl, 1898
Anders Zorn – Coquelin Cadet, 1899
Anders Zorn – Kuver Maja, 1902
Anders Zorn – Emma Zorn and Mouche the dog, 1902
Anders Zorn – Young Girl, 1903
Anders Zorn – Hins Anders, 1904
Anders Zorn – autoportrait, gravure de 1904
Anders Zorn – Bruno Liljefors, 1906
Anders Zorn – Queen Sophia, 1909
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–––– 1910-1920, les années de maturité ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
Anders Zorn – Old Soldier, 1911
Anders Zorn – Gulli I, 1914
Anders Zorn – Frida, 1914
Anders Zorn – selfportrait in a wolfskin, 1915
Anders Zorn (1860-1920) – Autoportrait, 1915
Dans « l’autoportrait en rouge » créé cinq ans avant sa mort, l’artiste pose dans une grange rustique. Vêtu d’un ample costume trois pièces taillé pour contenir son impressionnant embonpoint, il est l’image même des gros chats qui l’ont rendu riche. Ce portrait et son décor se veulent synthétique de sa vie qui a débuté dans la pauvreté, lorsqu’il avait du abandonner son école d’art où il apprenait la sculpture sur bois et qui s’est terminée dans la réussite financière et la reconnaissance sociale. Vivant dans le luxe et ne se refusant rien, Zorn a vécu intensément, voyageant sans cesse, fumant beaucoup, croquant la vie avec gourmandise et excès, c’est sans doute ce qui l’a tué prématurément à soixante ans.
Anders Zorn – Ols Maria, 1918
Anders Zorn – a kitchen maid, 1919
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