––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
Jürgen Mayer H.
Jürgen Mayer H. est le fondateur et le directeur de l’agence interdisciplinaire J. MAYER H. Architects axée sur les travaux à l’intersection de l’architecture, de la communication et des nouvelles technologies . Il a étudié à l’Université de Stuttgart, la Cooper Union et à Princeton University. Son travail a été publié et exposé dans le monde entier et fait partie des collections internationales comme le MoMA de New York et SF MoMA. Il a été récompensé par de nombreux prix, comme le Mies-van-der-Rohe Award 2003 et le Holcim Awards 2005 Bronze Europe pour le projet Metropol Parasol. Jürgen Mayer H. a enseigné à l’Université de Princeton, l’Université des Arts de Berlin, l’Université de Harvard, Kunsthochschule Berlin, l’Architectural Association de Londres et enseigne actuellement à l’Université Columbia à New York.
Basé à Berlin, ses projets récents, outre la la villa Dupli.Casa près de Ludwigsburg, comprennent un centre étudiant à l’Université de Karlsruhe et le ADA1 immeuble de bureaux à Hambourg en Allemagne, le réaménagement de la Plaza de la Encarnación à Séville en Espagne et l’extension du parc scientifique Danfoss, Danemark.
––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
DUPLI CASA – Villa près de Ludwigsburg, RFA
- Cabinet d’architecte : J. MAYER H. Architects
- Localisation : Ludwigsburg près de Stuttgart
- fonction : maison d’habitation privée
- Architectes chargés du projet : Georg Schmidthals, Thorsten Blatter
- Equipe du projet : Juergen Mayer H., Simon Takasaki, Andre Santer, Sebastian Finckh
- années de conception du projet : 2005-2008
- années de réalisation : 2006-2008
- superficie du terrain : 6.900 m2
- emprise au sol de la construction : 569 m2
- surface de plancher construite : 1.190 m2
- nombre de niveaux : 3
- hauteur de la construction : 12,20 m
- Structure : béton armé, brique , charpente en bois
- matériaux pour les murs extérieurs : béton cellulaire avec plâtre, verre
- matériaux pour les parois et revêtements intérieurs : panneaux de bois, plâtre
- Architecte chargé des travaux : AB Wiesler, Stuttgart
- ingénieurs structure : Dieter Kubasch, Ditzingen und IB Rainer Klein, Sachsenheim
- Architectes paysagistes : Büro Klaus Wiederkehr, Nürtingen
- Photographe : David Franck
°°°
Le terrain se situe en bordure de la rivière Neckar et offrait des vues spectaculaires sur la vieille ville de Marbach, la ville natale de Friedrich von Schiller. Une maison d’habitation construite en 1984 qui avait subi de nombreuses extensions et modifications depuis sa construction occupait le terrain et les concepteurs du nouveau projet proclament que la géométrie de la nouvelle construction est basée sur l’emprise au sol de l’ancienne construction et continue de s’en faire l’écho grâce à un procédé de duplication et de rotation utilisé lors de la conception et qui constituerait une forme d‘ »archéologie de la famille ».
La villa dispose de trois étages. A chaque niveau, les volumes sont organisés en saillie à à partir du noyau central de la maison, formant des porte-à-faux et leur fenêtres sont orientées de manière à révéler des vues spécifiques du paysage et des bâtiments environnants dont le bâtiment des archives de la littérature allemande créé par l’architecte britannique David Chipperfield. Pour organiser sa construction Mayer déclare avoir réutiliser le plan de la construction ancienne et l’avoir extruder en « torsion » pour définir les niveaux supérieurs. De ce fait, les espaces intérieurs et extérieurs s’interpénètrent et leur limites apparaissent indéfinies et aléatoires.
Juergen Mayer H. est connu pour ses bâtiments d’allure futuriste. Il travaille en numérique dés le processus de conception et a un penchant pour les architectures tourmentées et incompréhensibles à la première lecture excluant souvent la ligne droite. L’enveloppe globale est traitée comme une peau lisse de la toiture jusqu’au sol qui évite toute rupture par des transitions douces et homogènes.
Vaisseau interstellaire échoué à mi-pente ou reste de fossile géant aux os blanchis par le temps qui nous accueille la gueule grande ouverte toute prête à nous happer…
L’entrée principale monumentale marquée par un auvent imposant qui se projette en avant du bâtiment est assez réussie mais quelle est la raison qui justifie pour une maison individuelle un tel traitement du porche ?. L’effet dynamique est renforcé par le fait que cet auvent est traité en porte-à-faux
En partie inférieure du terrain les trois niveaux de la construction sont visibles en totalité. Contrairement à l’impression ressentie au niveau supérieur la construction apparaît comme un agglomérat de volumes en majorité paralélépipédiques aux bords arrondis et à toiture terrasse qui se détachent le plus souvent en porte-à-faux du noyau central. A noter le raccordement au sol du bâtiment par l’intermédiaire d’un revêtement de sol formant socle donnant l’impression que la peau de façade se prolonge sur le terrain pour « asseoir » la construction. Celle-ci apparaît alors comme un objet « posé » sur le terrain qu’on pourrait « décoller », transporter et poser ailleurs… A noter également la piscine au rez-de-chaussée à la fois ouverte et couverte par un volume en excroissance qui apparaît sur-ajouteé à la construction de base. (photos ci-dessus et ci-dessous)
Tiens ! de ce côté là, les blocs de béton aux bords arrondis empilés les uns sur les autres donnent une impression de blockhaus du mur de l’Atlantique peints en blanc avec vue sur la mer….
la maison, la nuit… Forme spectrale se détachant sur le fond sombre du terrain et de la végétation
°°°
–––– plans, coupe et vue des volumes intérieurs –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
coupe transversale sur la piscine au rez-de-chaussée et sa verrière d’éclairage, sur le hall d’entrée, l’espace central se développant sur toute hauteur au niveau 1 et sur les volumes des chambres au niveau 2
niveau Rez-de-chaussée avec la piscine semi-couverte et les volumes encastrés dans la pente
la piscine au rez-de-chaussée
niveau 1er étage avec l’entrée principale (à gauche), le noyau central composé d’un vide qui s’ouvre sur toute hauteur éclairé par une verrière en plafond et une cage escalier/ascenseur et les volumes secondaires qui se projettent sur l’extérieur et qui abritent la salle de séjour, la cuisine et la salle à manger, un salon. A noter la verrière de toiture du volume fermé de la piscine. Les architectes insistent sur l’axe de l’entrée qui offre une échappée visuelle sur la vieille ville de Marbach et sur le fait que les ouvertures des volumes séjour et salon donnent sur l’espace extérieur historique Goethe/Schiller (apparemment le musée-archives de la littérature allemande).
le volume salon avec en premier plan l’espace central se développant sur deux niveaux (photo ci-dessus) et offrant une vue dégagée et encadrée par les éléments obliques de la construction sur la Neckar et la vieille ville de Marbach avec l’espace Goethe/Schiller et le musée-archives de la littérature allemande (photo ci-dessous).
Il est intéressant de constater sur cette photo ci-dessus qu’un encadrement de vue non rectangulaire apparaît comme marqué du sceau de l’arbitraire (cette délimitation du paysage apparaît alors comme imposée par le concepteur et peut être considérée comme gênante pour la perception en tant que cadre inadapté) alors qu’un rectangle est une figure tout aussi particulière et imposée mais est interprétée de manière conventionnelle par l’habitude de l’usage comme une forme neutre et sans effet n’interférant pas sur la perception de ce paysage, ce qui est partiellement faux.
Le volume salle à manger ouvert sur deux côtés. Où placer le buffet hérité de Grand-Mère ?
le noyau et le vide central et la verrière d’éclairage en toiture
niveau 2ème étage : c’est l’étage des chambres qui s’ordonnent par l’intermédiaire d’une coursive en mezzanine autour du noyau central composé du vide qui s’ouvre sur toute hauteur et une cage escalier/ascenseur.
niveau 2 des chambres : vue sur le niveau inférieur à travers le vide central à partir de la mezzanine
°°°
––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
Le point de vue d’Enki
la toile déborde de sites présentant la DupliCasa de Meyer. Ce type d’architecture atypique qualifiée de « futuriste » répond bien à la recherche du « sensationnel » qui anime la plupart d’entre eux. Tous alignent les mêmes photos de caractère hyper-réalistes du photographe David Franck, apparemment photographe officiellement choisi par l’architecte. Ces photos ont une constante :
- ils ne présentent la construction que dans sa globalité ou dans ses détails de manière partielle sans que soit visible l’environnement même immédiat et ceci malgré le fait que la rivière Neckar et la vieille ville de Marbach sont tous proches et en particulier le bâtiment des archives de la littérature allemande de l’architecte britannique David Chipperfield. Il aurait pourtant été intéressant de montrer de quelle manière le bâtiment s’intégrait ou au contraire s’opposait à l’environnement naturel et bâti dans lequel il était bâti.
- les portions d’espaces verts visibles sur les photographies en bordure de la construction ne montrent que des pelouses présentant un aspect et une couleur uniformes comme si elles avaient été retouchées. La maison donne l’impression d’être posée sur une pelouse parfaite totalement artificielle. Cette impression est encore renforcée lorsque la peau extérieure des façades donne l’impression de se poursuivre sur le sol à la façon d’un socle qui aurait la fonction d’en assurer le support et la stabilité.
- les volumes bâtis apparaissent vides meublés seulement de rares meubles contemporains soigneusement alignés dont le style a été choisi pour s’accorder à l’architecture. Aucun occupant n’est visible
Il résulte de tous ces éléments que la maison est représentée sur ces photos, non pas comme un lieu vivant, habité par une famille qui y a imprimé sa marque et son style de vie mais comme un objet sans vie parce que non habité, une sculpture dont la fonction est d’être contemplée et admirée mais en aucun cas utilisée et vécue.
Il est à craindre que si les architectes ont choisi pour faire connaître leur œuvre, un mode de présentation aussi froid et désincarné, c’est que cette architecture était pensée dés l’origine de la conception d’abord comme une sculpture.
Voyons maintenant comment les architectes expliquent le parti-pris architectural pour lequel ils ont opté pour la conception de cette construction. La plupart des sites font référence à une ancienne construction bâtie en 1981 qui a été détruite pour réaliser la nouvelle et dont les architectes auraient réutilisé le plan d’origine pour la conception des niveaux supérieurs mais en les faisant pivoter autour d’un axe comme si une construction de trois étages aux plans de niveaux identiques ou semblables avait fait l’objet d’une « torsion » circulaire. C’est ce que représente le schéma-maquette ci-dessus fournis par l’architecte.
Cette torsion de la construction implique, pour pouvoir en assurer la stabilité, que de les volumes qui se retrouvent alors en situation de porte-à-faux soient repris et supportés par de nouvelles structures porteuses. Dans la logique du phénomène de torsion défendu par les architectes, ces éléments porteurs ont été conçus de forme obliques comme si certains éléments porteurs verticaux de la construction initiale avaient été étendus obliquement de manière élastique sous l’effet de la déformation.
C’est ce qu’exprime les deux maquettes ci contre où l’on peut voir en façades des deux niveaux inférieurs les structures porteuses obliques de liaison qui semblent avoir « accompagné » la déformation du bâtiment. Ce sont ces éléments de structure obliques qui impriment à la construction une tension et un certain dynamisme formel et qui atténuent l’effet de lourdeur causé par la superposition des volumes d’habitation conçus comme des blocs massifs se détachant d’un noyau central. Cette incorporation d’éléments formels obliques dans le volume de la construction s’applique également à certains des volumes de constructions traités en saillie et en pointe.
Que penser globalement de cette architecture ? Lorsque l’on cherche à la relier à un style ou à un mouvement architectural passé ou présent on éprouve des difficultés à définir les critères de classification qui justifierait son intégration à l’un ou l’autre de ces mouvements. Ce qui apparaît certain, c’est qu’elle s’inscrit dans le mouvement actuel qualifié de déconstructiviste en architecture défendu depuis les années quatre-vingt par des architectes tels que Zaha Hadid, Rem Koolhaas et Frank Gehry, et qui cherche à se libérer des conventions techniques et culturelles pour inventer et mettre en scène des formes libres et chaotiques, imprévues mais contrôlées. On pourrait aussi le relier au mouvement expressionniste en architecture qui s’était épanoui en Allemagne au pendant la période Weimar.
Vitra Design Museum en RFA de Frank Gehry (1989) et tour Einstein à Babelsberg de Mendelsohn (1921)
Ce qui nous semble gênant dans le projet de la maison Dupli.Casa tel qu’il a été réalisé par le cabinet J. MAYER H. Architects est le côté « parti-pris » qui a prévalu au départ à sa conception sans s’appuyer sur une vision d’ensemble de l’architecture mise en œuvre en relation avec la vieille ville de Marbach chargée d’histoire toute proche. L’élément déterminant qui a conditionné toute la conception architecturale du projet est une « idée » initiale, celle de la réutilisation d’une partie du plan de la construction ancienne qui occupait le terrain et sa déclinaison pour les différents niveaux mais en la déformant et en modifiant son positionnement initial par un phénomène de « torsion ». Ceci dans le but de mettre en valeur un concept fumeux d’ « archéologie de la famille » qui doit vouloir exprimer dans l’esprit de ses défenseurs le souhait de réintégrer la nouvelle construction dans l’histoire familiale. Ceci est une plaisanterie. En fait, il nous semble que le désir premier de l’architecte était de réaliser une maison-sculpture en référence à l’architecture de type déconstructiviste actuellement à la mode et qui est la marque de fabrique de cette architecte et que la théorie de la torsion du plan initial n’est qu’un prétexte élaboré pour justifier le parti architectural adopté. On serait alors en présence d’un exemple d’œuvre artistique créée en référence à la théorie non avouée de l’art pour l’art dans laquelle la conception architecturale s’affranchit de toute contrainte sociale ou fonctionnelle qui irait à l’encontre de la créativité de l’artiste. Ce n’est pas tant l’architecture déconstructiviste qui est ici mise en cause que les dérives de certains de ses laudateurs. Il est navrant que la majorité des sites sur Internet traitant du design et de l’architecture adulent ce projet sous le prétexte qu’il est « futuriste » ou « surprenant ».
Le résultat est un « monstre architectural » à l’image des chimères que sont ces animaux fabuleux composés de parties d’animaux de différentes espèces. C’est ainsi qu’à une façade composée de volumes d’une certaine lourdeur qui rappellent les anciens blockaus assemblés de manière agglomérante succède une façade composés des mêmes éléments traités cette fois avec des angles aigus ou une façade traitée de manière cette fois monolithique percée d’ouverture (façade en continuité de l’entrée) et que des éléments constructifs apparaissaient sur-ajoutés à la structure initiale pour compenser des manques structurels dus aux choix architecturaux initiaux et où l’espace extérieur de l’entrée est traité de manière inutilement monumentale à la manière d’une entrée de bâtiment public.
Les photos présentées sont celles d’une construction-sculpture désincarnée sans présence humaine, il serait intéressant de savoir, après quelques années d’occupation, comment la famille occupante s’est appropriée l’espace et vit dans l’architecture imaginée par l’architecte. Il serait également intéressant de savoir comment cette construction atypique est ressentie par les habitants de la ville voisine de Marbach.
On est loin avec cette maison, de l’archétype cher au philosophe Bachelard de la maison traditionnelle qui se développe de la cave au grenier sous une toiture à double pans et se rattache, véritable Axis Mundi, par la cave au monde tellurique et par la cheminée, le grenier et ses poutres, au monde du ciel. Mais cette structure de la maison étudiée par Bachelard (qui était celle où il avait vécu enfant) à partir de laquelle se déploie pour ceux qui y habite un imaginaire très particulier n’est pas la seule forme possible. Dans une architecture différente de la maison traditionnelle, il est possible de déployer un tout autre type d’imaginaire qui découlera des caractéristiques propres à cette architecture et des ouvertures qu’elle offre à la rêverie. C’est ainsi que certains habitants logeant au plus haut d’une tour d’habitation déclarent avoir le sentiment de vivre au-dessus du monde réel, dans les nuages et développent un imaginaire qui leur est propre lié à cette sensation. Les occupants d’une maison-coquillage ou d’une maison-nid développeront un imaginaire lié à l’image du cocon protecteur qui protège en épousant les formes du corps, qui est celle du foetus dans le ventre de sa mère. Les habitants d’une demeure historique vont développer pour leur part un imaginaire lié à la préservation d’un héritage historique et culturel impliquant une mission de protection et de préservation de la construction qui a résisté jusque là aux assauts du temps. Pour une maison-sculpture qui se proclame œuvre d’art en rupture avec les formes imposées par les stéréotypes ou les modèles anciens hérités du passé, l’imaginaire de l’occupant pourra se développer à partir du sentiment exaltant d’être un précurseur en avance sur son temps et de participer à une expérience artistique enrichissante à moins qu’il juge insupportable les contraintes imposées par l’architecture qui lui a été imposée… De là les nombreuses modifications apportées par les occupants aux projets initiaux de grands architectes au grand dam des défenseurs de la préservation de la pureté architecturale. A partir du moment où les fonctions matérielles, familiales et et sociales de bases sont assurées par l’habitat, le champ de développement des fonctions culturelles auquel il doit aussi répondre est infini et peut se déployer dans toutes les directions en fonction de la personnalité de chacun.
°°°
–––– Documents complémentaires ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
°°°
Read more : http://www.digsdigs.com/the-most-futuristic-house-design-in-the-world/#ixzz2pZ6g9y2V
[ Read More at www.homesthetics.net/unique-mansion-dupli-casa-by-j-mayer-h-architects/ © Homesthetics – Inspiring ideas for your home.]
°°°
––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
C’est une page admirable mais je critique le document complémentaire l’explication est moins détaillée
La vraie nature de cette sculpture réside dans sa structure. Or il n’y a aucune information sur celle-ci (béton, brique, béton cellulaire ?). Une photo de chantier aurait été plus intéressante que l’expression de sa finalité. Je rappelle que la tour Einstein est en brique alors qu’elle exprime le béton, ce tour de passe passe mérite d’être dévoilé.
J’avoue ne pas connaître précisément la nature de sa structure n’ayant pas trouvé d’information sur le net à ce sujet. J’ai supposé qu’elle était en béton. L’importance des porte-à-faux et l’aspect formel (arrondis et obliques) m’ont conduit à cette hypothèse. Cela dit, mon analyse s’est limitée au plan formel. Vous signalez à juste titre que la tour Einstein est en brique (ce que j’ignorais) alors qu’elle exprime le béton. Ce fait est bien la preuve que le jugement ou l’appréciation que l’on porte sur une architecture peut être indépendante de la nature de sa structure. Seuls, des « hommes de l’art » seront gênés par ce qu’ils pourront considérer comme une inadéquation de la forme avec le matériau ou la technique… mais alors ce jugement sera-t-il de nature technique et scientifique (matériau ou technique inadaptée à une forme entraînant surcoût et complexité) ou bien sera-t-il subjectif parce que de nature morale et idéologique ? pour ma part, si j’avais découvert que cette construction avait été bâtie en briques, en bois ou en plastique, mon jugement esthétique aurait été le même. Dans le cas de la Vénus de Milo, est-ce que notre perception serait différente si plutôt qu’en marbre, elle avait été réalisée en terre cuite et ensuite enduite d’un parement imitant le marbre ? Sachant qu’en plus, en Grèce antique les statues de marbres étaient le plus souvent de vives couleurs qui faisaient disparaître le grain du marbre… Les détails sculptés des frontons des temples grecs sont réalisés en pierre mais expriment en fait des détails constructifs de l’ancienne architecture en bois des temples primitifs… De tous temps les concepteurs des constructions de prestige ont privilégié l’aspect formel de l’objet au matériau et à la technique utilisés car l’important pour eux n’était pas d’exprimer un matériau ou une technique mais plutôt une idée ou un symbole sauf, évidemment, pour le cas des constructions utilitaires pour le plus grand nombre qui étaient tenues, pour des raisons de coûts et de logistique, à utiliser les matériaux disponibles sur le site de manière rationnelle et économique. Ce n’est que tardivement que des théoriciens ont voulu « moraliser » l’architecture ou lui donner un sens nouveau en privilégiant la symbolique de la structure et du matériau.
Enki