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La belle inconnue de Kerbastic
Lors d’un séjour dans un hôtel situé à proximité de Lorient, j’avais été frappé par une photographie exposée sur un mur de l’un des couloirs de l’Hôtel. Il s’agissait du portrait d’une jeune femme brune à la beauté troublante et envoûtante. La photographie portait une dédicace libellée ainsi : « To la comtesse de Polignac, with compliments, Francis »
Beauté troublante et envoûtante… ce sont effectivement ces adjectifs qui conviennent pour qualifier l’effet que ce visage produisait sur tous ceux qui se retrouvaient en sa présence. Imaginez : vous marchez, perdus profondément dans vos pensées, dans un couloir d’hôtel, vos yeux balaient machinalement et sans trop y prêter attention l’environnement qui se révèle à vous au fur et à mesure de votre progression et soudainement un visage apparaît ou plutôt surgit du décor… Un visage au regard fascinant qui capte votre attention, la fixe, et ne va désormais plus desserrer son emprise, à l’instar de ces prédateurs – grands fauves ou reptiles – tapis en embuscade, qui surgissent brusquement de nulle part, sidèrent leur proie, la paralysent par hypnose ou par la violence de l’impact mental de leur apparition – surprise, terreur panique ou trop grande intensité de l’émerveillement ? – et finissent par l’attirer inexorablement vers leur gueule grande ouverte…
Qu’est-ce qui, dans ce visage, m’avait « sidéré » ? Sidéré, au sens littéral et étymologique du terme, qui signifie : « qui subit le pouvoir des étoiles », on aurait pu dire également « par le feu lancé du ciel » ou « foudroyé »… Car à n’en pas douter, cette captation de la pensée, ce « ravissement » de l’être dans les deux sens du terme à savoir sa captation à la fois par la beauté et par une force mystérieuse qui vous enlève et vous transporte avait toute l’apparence d’un coup de foudre… Coup de foudre qui, il est vrai, ne risquait pas de prêter à conséquence puisque de toute évidence la photo avait été prise, d’après la coiffure de la demoiselle et le maquillage qu’elle arborait, dans les années vingt ou trente et que celle-ci devait aujourd’hui, soit dormir de son dernier sommeil, soit être d’un âge vénérable… Mais ce coup de foudre m’interpellait. Par quel mécanismes mystérieux, ce visage produisait-il sur moi un tel effet et qui était cette jeune femme ?
Je questionnais alors la directrice de l’hôtel qui me déclara avoir été elle-aussi frappée par la beauté de le jeune femme et avoir remarqué que les clients de l’hôtel semblaient ressentir la même émotion car nombreux étaient ceux qui s’arrêtaient un moment devant ce portrait pour le contempler mais elle m’avoua aussi qu’elle ignorait tout de l’identité du modèle représenté. La seule information qu’elle me communiqua était que la comtesse de Polignac dont le nom figurait dans la dédicace devait certainement être Marguerite de Polignac dite Marie-Blanche, née en 1897 et décédée en 1958, fille unique et muse de la célèbre Jeanne Lanvin, la créatrice dans les premières années du XXe siècle de la maison de haute-couture Lanvin et du comte italien Emimio di Pietro. Marguerite avait épousé en secondes noces en 1925 le comte Jean de Polignac qui la rebaptisa Marie-Blanche et avait joué dans les années d’avant-guerre un rôle important de mécène sur la scène parisienne. L’hôtel où je me trouvait, « Le domaine de Kerbastic » était une ancienne résidence des Polignac où la comtesse avait tenu salon et organisé des rencontres musicales.
Domaine de Kerbastic, près de Lorient, ancienne résidence des Polignac
Edouard Vuillard – Comtesse Marie Blanche de Polignac, 1928-1932
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Quelques pistes :
La dédicace était écrite en anglais. Francis est un prénom exclusivement masculin que l’on trouve aussi en anglais. Il existe bien un prénom féminin proche de Francis en anglais mais ce prénom est Frances… On peut donc imaginer que la dédicace n’a pas été écrite par la jeune femme représentée sur la photo mais par un homme… la directrice de l’hôtel avait pensé au compositeur Francis Poulenc qui était alors un proche de Marie-Blanche de Polignac et un habitué de Kerbastic. Mais alors pourquoi un compositeur français aurait-il écrit dans la langue de Shakespeare ?
En désespoir de cause, je lance donc un avis de recherche… Qui pourra donner des informations sur la belle inconnue ? Par avance, merci…
à suivre…
Pour découvrir qui était la belle inconnue de Kerbastic, c’est ICI
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