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Mardi 8 avril 2014, Lac d’Annecy au lieu-dit Le Piron dans la commune de Sévrier, aux environs de 17 h 30. Le ciel était resté couvert toute la journée et il avait plu abondamment. Brusquement, en début de soirée, le plafond neigeux s’est dégagé en divers points et des rayons de lumière obliques ont illuminé intensément certaines parties du paysage contrastant fortement avec les lourds nuages sombres pleins de menaces encore présents . Au bout de l’allée, entre les haies bordant les propriétés du bord du Lac, une tache lumineuse de couleur vert opaline, presque phosphorescente s’est imposée, vous attirant comme un aimant tel le petit pan de mur jaune de Vermeer dans La Recherche du Temps perdu… (Photos prises avec mon IPhone.)
Mardi 8 avril 2014, Lac d’Annecy au lieu-dit Le Piron dans la commune de Sévrier, aux environs de 17 h 30. Le ciel était resté couvert toute la journée et il avait plu abondamment. Brusquement, en début de soirée, le plafond neigeux s’est dégagé en divers points et des rayons de lumière obliques ont illuminé intensément certaines parties du paysage contrastant fortement avec les lourds nuages sombres pleins de menaces encore présents . Au bout de l’allée, entre les haies bordant les propriétés du bord du Lac, une tache lumineuse de couleur vert opaline, presque phosphorescente s’est imposée, vous attirant comme un aimant tel le petit pan de mur jaune de Vermeer dans La Recherche du temps Perdu… (Photos prises avec mon IPhone.)
Johannes Vermeer – Vue de Delft
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Rien à voir, me direz-vous ? Pas si sûr…
Dans La Recherche du Temps Perdu, l’un des personnage du roman, l’écrivain Bergotte, visitant une exposition de tableaux de Vermeer, tombe en arrêt devant la toile « Vue de Delft » sur laquelle figure un petit pan de mur au jaune lumineux traité par le peintre de manière si extraordinaire que la couleur semble vibrer.
« Enfin il fut devant le Ver Meer qu’il se rappelait plus éclatant, plus différent de tout ce qu’il connaissait, mais où, grâce à l’article du critique, il remarqua pour la première fois des petits personnages en bleu, que le sable était rose, et enfin la précieuse matière du tout petit pan de mur jaune. Ses étourdissements augmentaient ; il attachait son regard, comme un enfant à un papillon jaune qu’il veut saisir, au précieux petit pan de mur. ‘C’est ainsi que j’aurais dû écrire, disait-il. Mes derniers livres sont trop secs, il aurait fallu passer plusieurs couches de couleur, rendre ma phrase en elle-même précieuse, comme ce petit pan de mur jaune.’ » (III, p. 692)*
En atteignant l’entrée de l’allée qui conduisait au lac, ce rectangle lumineux de couleur vert opaline si inhabituelle, bien délimité par les deux haies latérales et les rives du Lac qui l’entouraient comme le cadre d’un tableau, émettait lui aussi des vibrations visuelles qui m’ont fait penser immédiatement au petit pan de mur jaune de Proust. « Artialisation », c’est par ce terme, déjà utilisé par Montaigne, que le spécialiste du paysage, Alain Roger, nomme le processus de « médiation du paysage par l’art » par lequel le paysage devient une construction culturelle, subjective et relative… Ceci dit, je constate que le tableau de Vermeer représente une vue de Delft un jour d’orage, puisque l’on voit de lourds nuages noirs dominer la scène et plus loin des nuages immaculés resplendissants de lumière; des conditions semblables à celles qui prévalaient sur le Lac d’Annecy lorsque j’ai pris ces photos. La luminosité exceptionnelle qui s’attache à certains points des deux paysages est liée au contraste fort qui résulte de leur opposition aux zones encore ombrées : ombres des nuages et ombres portées. Pour cette couleur verte qui est apparue si intensément un cours moment, je n’ai trouvé aucune explication satisfaisante. On attribue généralement cette couleur au plancton qui est abondant au printemps mais pourquoi disparaîtrait-il aussi brusquement ? Si certains ont une explication sur ce sujet, je serais intéressé qu’ils veuillent bien m’en faire part…
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