Home, sweet home au Japon – maison ossature bois dans la baie de Wakaura – Archivi architectes & associés

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lieu d’implantation : ville de Wakayama, Japon
concepteurs :
 Archivi Architectes (Seiichi Kubo, Yoshinobu Kagiyama, Mine Muratsuji)
fonction : résidence principale
structure : bois
superficie du bâtiment : 1 162 pieds carrés
surface totale du terrain : 1431 pieds carrés
niveaux : R + 1 + terrasse en toiture
Photographies : Yutaka Kinumaki

   Cette villa à ossature bois de deux étages se situe dans la ville de Wakayama située dans un secteur résidentiel de la partie Est de la Baie de Wakaura, au pied du parc national très fréquenté du mont Akibasan. Les architectes de l’agence Archivi (Seiichi Kubo, Yoshinobu Kagiyama, Mine Muratsuji). Le terrain d’implantation était peu propice à l’accueil d’une construction compte tenu de sa surface réduite et sa forme compliquée que les architectes qualifiait de « bossue ».
   Les architectes ont choisis de développer la construction autour d’une cour centrale aménagée en jardin traversée et contournée par un corridor de liaison largement vitré qui remplit  également la fonction de galerie pour abriter la collection léguée par le grand-père.  Les différentes pièces de la villa possède de larges baies vitrées pour pouvoir profiter de la lumière, de la végétation et de l’environnement naturel de la baie de Wakaura. Le jardin intérieur est ainsi visible de pratiquement tous les points de la villa. Les architectes ont également cherché à prolonger les espaces intérieurs sur l’extérieur par l’aménagement de terrasses bois et rendu accessible la toiture terrasse.
arbre subi ou cèdre japonais  Après avoir fait largement appel aux techniques et matériaux nouveaux, les japonais reviennent aujourd’hui aux matériaux et techniques traditionnels jugés de meilleure qualité. Les matériaux utilisés pour la construction de la villa l’ont été dans une optique de développement naturel et durable en référence aux techniques traditionnelles des charpentiers locaux. C’est ainsi que le cèdre et le cyprès japonais ont été utilisés pour la réalisation de la structure principale, les planchers et les revêtements même ceux composés d’éléments tressés. Les plafonds et certains revêtements intérieurs ont été réalisés en contreplaqué de bois Lauan. L’arbre sugi, qualifié de japan cedar en anglais, n’appartient pas en fait à la famille des cèdres mais est apprécié pour son bois clair et est largement utilisé dans la construction de maisons modernes. Le cyprès japonais, quand à lui, est une espèce de cyprès qui pousse à 35 m de haut et qui est cultivé pour son bois de très haute qualité. Le contreplaqué lauan est pour sa part beaucoup moins écologique, le bois de lauan, anciennement importé des Philippines, l’est aujourd’hui d’Indonésie et de Malaisie par suite de la destruction de 85 % des forêts de l’archipel philippin.

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axonométries montrant la structure interne de la maison et l’organisation des espaces

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–––– les façades  et les patios ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

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façades donnant sur l’un des jardins intérieurs : largement vitrés, les volumes intérieurs se projettent sur l’espace extérieurs par l’intermédiaire de balcons et de larges terrasses en bois.

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vue sur la galerie qui sépare la cour centrale en deux jardins et sur l’escalier d’accès au niveau 1

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partie supérieure de la maison : le toit de la galerie est traité en coursive de circulation extérieure et la toiture en terrasse accessible aménagée

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–––– plans et vues intérieures –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

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 plan du rez-de-chaussée

    . Une paroi pleine en bois isole la maison et ses jardins de la rue
    . l’entrée et de l’espace de stationnement des automobiles sont situés latéralement
    . l’entrée de la maison est précédée d’un porche d’où l’un des jardins est visible
    . le vestibule se prolonge par une première galerie adossée au mur sur rue et ouverte sur les jardins.
    . la galerie conduit à une première pièce ouverte sur un jardin et à espace de dépôt.
    . une 2ème galerie vitrée perpendiculaire à la 1ère traverse la cour et conduit au séjour-cuisine
   . l’espace séjour-cuisine se prolonge dans le jardin par une vaste terrasse
   . l’escalier d’accès à l’étage est accolé à cette seconde galerie
   . une autre pièce donne sur l’espace séjour-cuisine ainsi que des sanitaires

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plan du niveau 1

    . les volumes bâtis ne sont plus en continuité mais séparés par les espaces jardins
   . l’escalier issu du R-de-C débouche sur une coursive ouverte sur l’espace séjour-cuisine
   . la coursive donne accès à une pièce, un sanitaire et à l’escalier d’accès à la terrasse haute
   . la toiture du volume annexe séparé est traité en terrasse accessible grâce à un escalier

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coupes transversale et longitudinale

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Vue de la galerie adossée contre le mur isolant de la rue et ouverte sur le jardin à partir du volume annexe extérieur

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vue du porche et de l’entrée, de la coursive du niveau 1 donnant sur le vide séjour-cuisine du R-de-C et de l’escalier d’accès à la toiture terrasse

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vue sur les volumes intérieurs

 

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–––– le point de vue d’Enki ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

    L’architecture contemporaine du Japon frappe toujours les européens par sa spécificité et par la grande liberté formelle dont elle fait preuve.  Les architectures européenne et américaine ne se sont pas encore complètement dégagées des canons de l’architecture traditionnelle et expriment souvent un formalisme de composition dans la recherche du « beau » ou du « pittoresque » qui ramène au classicisme ou à l’expressionnisme même si cela est un peu moins vrai pour l’architecture américaine qui peut faire preuve d’un certain éclectisme.
   L’architecture japonaise moderne apparaît tout au contraire pragmatique. Les volumes, les matériaux sont représentés pour ce qu’ils sont, dans leur vérité première, sans être contraints de se couler dans un moule esthétique prédéterminé. De cette pratique qui s’apparente à une philosophie nait une architecture spontanée et naturelle souvent jugée par l’européen comme éclectique et parfois même hétéroclite.
 La maison conçue par les architectes du cabinet Archivi dénoterait sans doute dans un environnement urbain européen avec son manque d’homogénéité au niveau de la volumétrie et ses multiples édicules qui jaillissent des volumes de base mais elle est intéressante dans la mesure où son architecture s’affranchit des préjugés et des règles esthétiques préétablies.

 Les architectes font référence aux préoccupations environnementale et de développement durable, préoccupations qui auraient été les leurs lors de la conception du projet. S’il est vrai que le bois local a été largement utilisé pour la structure de la construction, cela est moins vrai pour la réalisation des parements en contreplaqué fabriqués à partir de bois du sud-est asiatique dont la production est aujourd’hui mal contrôlée et contribue à une déforestation dévastatrice dan cette région du monde. Mais le problème principal est posé par le choix d’une architecture éclatée ou les surfaces habitables largement vitrées pour des raisons esthétiques se répartissent dans des volumes séparés par des jardins et des patios, ce qui a pour conséquence d’augmenter de manière très importante les surfaces de façades et donc les déperditions calorifiques qui en découlent. Sur le plan de la consommation énergétique liée au chauffage, ce projet ne contribue en rien à l’affirmation du principe de développement durable.

    L’organisation intérieure des pièces étonnera également un observateur occidental mais ne peut s’analyser qu’en référence avec la maison japonaise typique à laquelle le projet se réfère et qui privilégiait, dans un plan éclaté en équerre ou en « U », une cour intérieure fermée et un « couloir-service » par lequel les différentes pièces s’ouvraient sur la cour.

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Exemple de résidence typique japonaise D’après Engel H., The Japanese House, p 92.

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     Enfin, de manière anecdotique, le projet de l’agence Archivi me semble pouvoir apporter une réponse sur le plan architectural – même si cette réponse ne constituait vraisemblablement pas pour les architectes auteurs du projet un but recherché – au problème de l’intégration de constructions ou de maisons à toitures terrasses dans un environnement bâti à toitures en pentes grâce à la présence de l’édicule de couverture de l’escalier qui introduit dans l’architecture des façades un élément oblique structurant qui fait référence à l’oblicité des toitures environnantes. Ce traitement en oblique d’éléments secondaires mais occupant une place très visible dans une architecture aux toits plats pourraient permettre dans certains projets de faciliter leur intégration dans un environnement bâti traditionnel.

Enki signature °°
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le 4 juin 2014

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