Poésie des cimes : « Celui qui parle est perdu » – Norge (1898-1990)

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Celui qui parle est perdu … (C’est un Pays)

C’est un pays de montagne
Mettez vos pas dans mes pas,
Mes chers amis, soyez purs
Soyez fin comme la neige
On entend siffler déjà
L’ombre d’un hiver futur;
C’est bien plus haut qu’on ne pense,
Vous n’êtes pas seuls, suivez
Suivez-moi; où êtes-vous ?
C’est bien plus haut qu’on ne pense
C’est un pays de silence
Celui qui parle est perdu

Norge

J’ai pris la liberté de changer le titre original de ce poème de Norge qui reprenait les trois premiers mots du premier vers en le remplaçant par le vers final que je trouve plus à même  d’exprimer l’ambiance et le contenu du poème.

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–––– Connaissez-vous Norge ? –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Norge (Georges Mogin 1898-1990)

Norge, de son vrai nom Georges Mogin, est né à Bruxelles en 1900 d’un père descendant d’un huguenot ayant fui la France après la révocation de l’Edit de Nantes et d’une mère allemande (il aura les deux nationalités belge et allemande et les deux cultures). Il publie son premier recueil de poèmes en 1923 sous le nom de « Géo Norge » et connait jusqu’en 1936 une première période de production littéraire intense faisant partie d’un groupe avant-gardiste et s’occupant d’édition. Après la guerre, il s’installe en Provence et deviendra antiquaire en 1954 à Saint-Paul de Vence. Commence alors sa seconde période de production littéraire intense qui durera jusqu’à sa mort survenue à Mougins en 1990. Il a reçu en 1958 le prix triennal de poésie de la Communauté française de Belgique pour son recueil Les Oignons, en 1969 l’Aigle d’or de la poésie au premier festival international du livre à Nice, en 1970 le prix quinquennal de littérature de la Communauté française de Belgique, en 1971, le premier prix littéraire belgo-canadien et en 1985, le prix de la Critique pour Les Coq-à-l’âne.

    Sa poésie revêt une grande diversité de formes et atteint souvent une dimension métaphysique en utilisant néanmoins un langage simple, minimaliste souvent empreint d’humour. Je ne résiste pas à vous présenter trois citations et aphorismes qui illustrent parfaitement sa personnalité et son style  :

La fraise des bois : « Aubin cueillait des fraises dans les bois. — Baste, une femme nue, dit-il tout d’un coup. C’est ici que ça pousse; je me demandais bien. Elle venait à lui, souriante et légère. Ils eurent beaucoup d’enfants et Aubin dut trimer comme un nègre. »

Le nain : « Ce qu’il y a de grand chez le nain, c’est son regard. D’ailleurs. le nain n’est pas petit, ça se voit, il est comprimé; il pourrait devenir très grand. Oui, mais son cœur est petit. Tu crois ? Et puis, pourquoi parler toujours de taille ? 

L’ordre : « Je mets beaucoup d’ordre dans mes idées. Ça ne va pas tout seul. Il y a des idées qui ne supportent pas l’ordre et qui préfèrent crever. À la fin, j’ai beaucoup d’ordre et presque plus d’idées.

(extraits de Les cerveaux brûlés, 1969)

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