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« La modernité, c’est le fugitif, le transitoire, le contingent, la moitié de l’art, dont l’autre moitié est l’éternel et l’immuable. » – Baudelaire.
maison de ville à Landskrona, Suède – architectes : agence Elding Oscarson. La maison, qui mesure seulement cinq mètres de large, comble une « dent creuse » dans l’alignement des maisons traditionnelle de la rue qui existait depuis plus de 50 ans. La toiture terrasse est alignée avec le faîtage de la construction voisine la plus haute.
Les bâtiments adjacents sont de faible hauteur, mais le reste de la rue est bordée de bâtiments de différentes hauteurs, taille et de matériau de façades variées. Derrière la rangée de bâtiments se cache un monde coloré fait de murs de briques, de hangars, et de végétation.
Ces deux photos présentées ci-dessus permettent de mesurer l’impact réel de la maison dans son environnement. On constate que le bâti est constitué sur les deux côtés de la rue par des constructions anciennes hétéroclites par leur taille et leurs hauteurs et de matériaux variés qui vont du bois à la brique et au béton enduit. Au loin se profile le clocher de l’une des églises de Landskrona.
Si l’on compare la maison conçue par l’agence d’architecture Elding Oscarson avec les autres constructions de la rue, on constate :
. que sa hauteur ne dépasse pas la hauteur des constructions les plus hautes.
. que sa faible largeur (5 m) est plutôt inférieure à la moyenne de leurs largeurs
. que les différences formelles portent sur la toiture traitée en terrasse alors que les toitures des
autres maisons sont à deux pans.
. que les ouvertures dérogent par leur proportion et leur conception aux ouvertures traditionnelles.
Si le contraste entre l’architecture contemporaine de la maison et celle du reste de la rue est flagrant lorsqu’on la compare, en vision rapprochée, aux deux maisons adjacentes, il apparaît beaucoup moins prononcé lorsque la vision est lointaine, la masse de la maison s’intégrant alors de manière heureuse au rythme d’alternance des constructions hautes et basses de la rue. La spécificité architecturale bien marquée et visible n’est perçue aucunement comme incongrue ou négative. La maison apparaît plutôt comme un « évènement architectural » notable qui anime la rue brisant la monotonie du décor initial, au même titre que le clocher de l’église visible dans le lointain. La portée de cet « événement » ne se limite pas à son aspect esthétique, elle se déploie également sur le plan sémiologique par l’introduction de la « modernité » dans un secteur jusque là délaissé de la ville, une modernité présentée sous un aspect rationnel clair, positif et avenant.
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le nez au milieu de la figure
Il y a des moments où la vision d’un projet architectural aussi réussi, aussi exemplaire que celui conçu et réalisé par ces deux jeunes architectes dans une ville de Suède au caractère historique bien marqué, nous conduit à la lassitude et au découragement. Pourquoi, les architectes français ne peuvent-ils pas réaliser une œuvre aussi éclatante dans leur pays ? – Quoi ? Vous voulez réaliser une construction outrageusement contemporaine au milieu d’un bâti traditionnel ? – Un parallélépipède au milieu de constructions anciennes à toitures en pente ? – Et en plus, peint en un blanc éclatant pour qu’il puisse bien se distinguer du bâti environnant ? – Vous n’y pensez pas – Mais quel genre d’architecte êtes-vous ? – Êtes-vous au moins inscrit à l’Ordre des architectes ? – Pourquoi ce projet ne peut-il être accepté ? – Je m’étonne que vous me posiez la question : le Patrimoine, Monsieur ! Le PATRIMOINE ! notre patrimoine sacré que nous avons hérité de nos aïeux et que nous avons le devoir de préserver, de protéger des actions irresponsables de gens comme vous… Et nous le protégeons par des forteresses inexpugnables, les forteresses à la Vauban que sont nos règlements d’urbanisme ! – Mais enfin ! Vous ne voyez pas que votre architecture, elle se voit voit comme le nez au milieu de la figure ?
Le nez au milieu de la figure… Je me suis toujours demandé pourquoi cette formule était connotée péjorativement… Imagine t’on un visage sans nez ? Il y manquerait quelque chose de fondamental, quelque chose qui fait qu’un visage est un visage et que ce visage est unique et se distingue des autres visages. Je regarde de nouveau les photos du projet des deux jeunes architectes suédois et j’imagine la même rue vidée de leur architecture : une rue devenue anonyme et banale, à qui il manquerait soudainement quelque chose; une rue où l’esprit de l’époque, la beauté de la modernité serait absents, une rue sans relief, sans aspérité, tel un visage sans nez…
Pourquoi la France se distingue t’elle sur ce point du reste des pays européens ? Pourquoi s’est-elle repliée frileusement sur son passé et craint-elle l’innovation et la représentation de la modernité ? Cette situation est la résultante à mon avis d’un double état de faits : d’une part le manque de culture architecturale de la plupart de nos concitoyens et de leurs élus et d’autre part un état d’esprit particulier, que l’on retrouve dans d’autres domaines de la vie publique, marqué par le manque de confiance en soi, une incapacité à affronter à la fois le présent et l’avenir, un refus d’affronter pleinement ses responsabilités. On se réfugie alors dans l’abri bétonné du passé où l’on se rassure en contemplant les vestiges de notre ancienne splendeur.
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le visage, avec le nez et sans le nez…
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l’agence d’architecture Elding Oscarson est née du désir de collaboration de Johan Oscarson et Jonas Elding. Cette structure est récente mais bénéficie d’une forte expérience accumulée lors de responsabilités antérieures assumées en Suède et au Japon pour des projets de stature locale ou internationale et appliquée à des domaines aussi divers que la conception et la réalisation de musées, théâtres, maison d’habitation, aménagements intérieurs, design. Jonas Elding était associé à Kazuyo Sejima et Ryue Nishizawa (SANAA) à Tokyo pendant sept ans, période pendant laquelle il a dirigé la conception pour le nouveau musée d’art contemporain à New York. Johan Oscarson était associé à Sandellsandberg à Stockholm pendant sept ans, et a conduit les dessins pour Villa Nilsson et l’intérieur du siège OMX. Nous avons la volonté de poursuivre la promotion de solutions originales en architecture et en design et de voir comment nos efforts communs peuvent contribuer à apporter des innovations dans les façons de vivre et de profiter de l’espace. Nous pensons avoir atteint notre but lorsque nous nous surprenons nous-même; et quand nos projets répondent aux besoins de l’utilisateur, aux exigences du site et aux autres paramètres qui font de chaque projet un projet unique qui s’inscrit dans la réalité et est porteur d’une histoire.
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type de Projet : maison de ville
localisation : Landskrona, Suède
architecte : Elding Oscarson
ingénieur structure : Konkret
constructeur : Skånebygg
Structure : leca-masonry, metal deck slab
surface du terrain : 75 m2
surface totale : 125 m2
coût de construction : 280,000 Euro
année de réalisation : 2009
matériaux et produits :
structure : fondations en béton armé, maçonnerie en éléments composites béton/isolant polyuréthane LECA, planchers métalliques
toiture : végétalisée (sedum) avec pièces de rive en zinc
revêtement muraux : enduits et plâtre
baies : châssis en aluminium anodisé
chauffage : pompe à chaleur avec recyclage de l’air. Chauffage par le sol dans toutes les pièces
planchers : dalles en béton précontraint avec joints mastiqués
parquet : en épicéa lavé et pigmenté
escaliers et balustrades : en acier et caillebotis métallique
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–––– le contexte, la petite ville de Lanskrona ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
Landskrona est une petite ville d’environ 30.000 habitants située à l’extrême sud de la Suède en bordure du détroit, le Öresund, qui sépare le Danemark de ce pays. La ville abrite plusieurs monuments, dont la citadelle construite pour surveiller et contrôler le détroit. Elle possède également un port maritime, un chantier naval ainsi que la première usine d’avions de Suède. La ville est pilote en matière de protection de la nature etandskrona fait partie de villes estimées par un cercle de protecteurs de nature et de l’environnement; la fondation TEM (Technology Environment Management) de l’université de Lund a donné une impulsion déterminante à la ville pour l’amélioration des techniques environnementales utilisées dans la ville.
Fourre-Tout
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–––– les plans et les volumes intérieurs –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––
L’intérieur se compose d’un espace unique, divisé par trois planchers en acier.
Au rez-de-chaussée, à une extrémité du jardin, une petite construction annexe distincte du bâtiment principal sert de bureau
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maison de ville « Eel Nest » à Los Angeles, CA, USA – Anonymous Architects, Simon Storey (2011)
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Cette maison aurait pu être édifiée au Japon : on retrouve en effet dans ce projet les caractéristiques habituelles des maisons contemporaines japonaises : simplicité formelle, pragmatisme dans les solutions techniques adoptées pour résoudre les problème posés par le site et le programme. Le nom de la maison « Eel Nest », (nid d’anguilles) est d’ailleurs le nom donné au japon aux parcelles résiduelles d’à peine cinq mètres de largeur que l’on trouve en ville et dont l’étroitesse rend la construction difficile. C’est ainsi que la maison conçue l’agence d’architecture Anonymous Architectes a une largeur de seulement 4,5 m.
Le quartier de Echo Park est un quartier résidentiel situé au nord de la ville bâti sur un site vallonné. L’architecture y est disparate avec une majorité de constructions avec toitures en pente dont beaucoup font référence au style hispanique. Le terrain était primitivement occupé par une petite bâtisse construite en 1929 qui a été démolie à l’exception des murs du sous-sol qui ont été intégrés à la nouvelle structure.
Pour répondre au programme de surface fixé sur un terrain aussi étroit les architectes ont développé la maison sur trois étages et pour économiser l’espace ont supprimé les couloirs à l’intérieur du bâtiment.
Pour la suite, c’est ICI
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Japon – Vivre à l’abri d’une cascade, architecte Hiroshi Nakamura (2012)
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Le génie de l’architecte réside dans le fait d’avoir imaginé une paroi séparative qui permette de résoudre la contradiction sans que l’un ou l’autre des impératifs soit sacrifié. Cette paroi est constituée de l’assemblage de 6.000 blocs de verre moulé de dimensions 50mm x 235mm x 50mm. Le verre utilisé est un verre borosilicate à teneur élevée en silice très transparent et extrêmement résistant aux chocs thermiques et de faible dilatation linéaire. C’est le verre utilisé par l’industrie nucléaire pour le confinement des déchets nucléaires. La masse de cette paroi de verre permet de lutter efficacement contre les nuisances sonores en provenance de la rue et sa transparence permet à la lumière naturelle en provenance de l’Est d’inonder le patio et les pièces de la maison ouvertes sur celui-ci. De même la vue sur la rue est maintenue. Cette paroi composite agit comme un filtre diffractant la lumière et créant sur les parois du patio et de la maison des miroitements, des reflets et des effets de lumière variés, se modifiant en permanence. L’effet produit est celui que créerait un mur d’eau ou une cascade qui diffracterait la lumière sur les parois environnantes et déformerait les vues. C’est cette paroi que l’architecte qualifie de optical glass façade De là nait un spectacle permanent empreint de poésie qui varie selon la position du soleil, la mise en route de l’éclairage urbain et les allées et venues des véhicules qui empruntent la chaussée.
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