Deux contes noirs de Jan Neruda, poète tchèque injustement méconnu : Vampire et les trois lys.

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Jan Neruda (1834-1891)

Jan Neruda (1834-1891)

    Jan Neruda est né à Prague en 1834 dans une famille très pauvre. Après ses études de lettres,  il se consacre au journalisme et à la littérature et se trouve bientôt le leader de la jeunesse littéraire; il fonde et dirige plusieurs revues et publie, en 1858, l’almanach intitulé Mai, en l’honneur du grand précurseur Mácha. Son premier recueil de vers Fleurs de cimetière, mélange assez curieux de romantisme et d’ironie, n’obtient pas le succès escompté. Une partie de ces poèmes se retrouveront dans son second recueil Le livre de vers avec quelques poèmes consacrées à la mémoire de sa mère qui venait de disparaître.
    Entré à la rédaction du Národní Listy, il devint bientôt un chroniqueur de premier ordre : il a créé ce genre dans la littérature tchèque. Il signa près de 2.300 causeries, réunies plus tard en volumes : voyage, politique, littérature, théâtre, arts et jusqu’aux questions de la vie quotidienne, il savait traiter toute chose avec esprit et humour. C’est à cette époque qu’il fit ses voyages à Paris (1863) et en Orient (1870), décrits dans ses brillantes causeries : Tableaux de l’étranger et Petits voyages. Observateur très pénétrant, il vint à la nouvelle réaliste et donna ses Arabesques, ses Terrassiers qui sont un petit chef-d’oeuvre de réalisme, et surtout, ses Contes de Malá Strana, puisés dans ses souvenirs de jeunesse et évoquant avec humour la vie de ce pittoresque quartier de Malá Strana où il avait passé son enfance, et les moeurs des petites gens qui l’habitent. Leur portrait n’est guère flatteur : les personnages qui peuplent ces contes sont le plus souvent mesquins, âpres au gain, préoccupés uniquement de leurs petits intérêts, prompts à médire les uns des autres, pleins d’une méchanceté toute à leur mesure, à la fois enflée et étriquée. Aucune grandeur d’âme ici, aucun sentiment généreux, aucune élévation, mais une foule de rancunes jetées perpétuellement les unes contres les autres.
    Après un intervalle de onze ans, il revient à la poésie par les Chants Cosmiques (1878), livre où une profonde réflexion philosophique s’exprime sous forme de petites pièces souvent humoristiques, sur le thème du ciel étoilé. Les Ballades et Romances, composées presque exclusivement sur des sujets tchèques, sont la pureté d’inspiration et la fraîcheur des légendes franciscaines des Fioretti. Les Simples motifs, petit livre de poésie lyrique très personnelle, sont une confession touchante, très noble dans son austère sobriété et sous laquelle on sent frémir la douleur humaine du poète dont la vie se consumait solitaire. Son dernier livre, Les Chants du Vendredi Saint, la Bible du patriotisme belliqueux, du nationalisme épuré, constitue le testament du poète.
     Curieusement, cette figure majeure de la littérature tchèque reste assez largement méconnue en France. Jan Neruda est surtout connu chez nous pour avoir prêté son nom de plume au célèbre poète chilien Pablo Neruda.   (tiré de Wikipedia)

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Pierre Hebert - Toujours et Jamais

Pierre Hébert – Toujours et Jamais

Le Vampire (contes de Malà Strana)

    Le petit bateau à vapeur qui fait journellement le service d’aller et retour entre Constantinople et les îles… nous ayant transportés sur la rive de Prinkipo on y prit terre.
    La société ne se composait que de quelques personnes : Une famille polonaise, le père, la mère, la fille et le fiancé, puis nous deux. Je dois pourtant avouer, pour n’oublier personne, la présence d’un septième voyageur. Sur le pont de bois, jeté au-dessus de la Corne d’or de Stamboul, un Grec, jeune encore, s’était joint à nous ; à en juger par un carton qui portait sous son bras, c’était un peintre. De longues boucles noires tombaient plus bas que ses épaules, sa figure était pâle et l’œil sombre s’enfonçait dans l’orbite. De prime abord, cet homme m’intéressa ; il était si serviable et sa connaissance des endroits que nous visitions semblait très profonde. Puis il me sembla bavard, par trop loquace et après dix minutes d’entretien je me lassai de sa compagnie. Cette déconvenue me fit trouver d’autant plus agréable la famille polonaise. Les parents étaient de bonnes gens sincères ; le fiancé jeune, élégant, avait les manières d’un homme du monde. Ils allaient à Prinkipo pour y passer les mois d’été ; la jeune fille, quelque peu souffrante, ayant besoin pour se remettre de se baigner dans cet air du Midi.
     La jolie et pâle enfant relevait peut-être d’une grave maladie, ou bien elle en portait le germe en elle. Elle s’appuyait sur le bras de son fiancé, se reposait souvent à ses côtés, et alors une petite toux sèche interrompait plusieurs fois leurs aimables chuchotements. Toutes les fois qu’elle toussait, son compagnon s’arrêtait de marcher, plein de prévenances et d’attention. Il la contemplait alors avec une pitié pleine de tendresse et la jeune fille de relever les yeux vers lui, comme pour dire : « Tu vois bien que ce n’est rien, je suis heureuse ! » Et naïfs, ils allaient croyant au bonheur et à la guérison.
      D’après les recommandations du Grec, qui se sépara aussitôt de nous sur le Môle, la famille descendit dans un hôtel tenu par un Français. Sans occuper une situation trop élevée, cette maison offrait une vue des plus ravissantes et, installée à l’européenne, était pourvue de tous les conforts modernes.
       Nous déjeunâmes de concert, et quand plus tard la chaleur de midi fut un peu tombée, tout le monde gravit en prenant et son temps et ses aises, la pente de la montagne jusqu’à un bosquet de pins d’où l’on pouvait jouir du panorama. À peine avions-nous découvert une place convenable et nous étions nous installés, que le Grec fit son apparition de nouveau. Il salua légèrement, explora un moment le terrain et s’assit alors également, à quelques pas. Il ouvrit son carton et commença à dessiner.
     ― « Je crois qu’il ne s’adosse au rocher que pour nous empêcher de suivre son dessin ».
       ― « Nous n’avons donc pas besoin de le regarder », dit le jeune Polonais, « ce qui se déroule à nos yeux ne nous suffit-il donc pas ? » Et après un moment il ajouta : « Il me semble qu’il nous dessine aussi, comme ornement de son paysage. ― À son aise ! »
      Et en effet, nous avions assez à voir. Il n’existe sûrement par toute la terre pas un petit endroit plus beau et plus heureux que Prinkipo. Irène, la martyre politique, contemporaine de Charlemagne y passa un mois « en exil » ― … Vivre ici un mois entier, tout le reste de mon existence serait illuminé de ce souvenir. Je ne saurais donc oublier l’unique journée que j’ai consacrée à cette excursion.
       L’air était si pur, la brise si douce, l’atmosphère si parfumé, que l’œil glissait d’un horizon à l’autre comme se balançant sur du duvet. À droite, à côté de la mer, s’élevaient les montagnes brunes d’Asie à gauche, bien loin, bleuissait la rive escarpée d’Europe. L’île avoisinante de Schalki, une des neufs de l’archipel des Princes, se dressait avec ses forêts de cyprès comme un songe lugubre. De plus, pour ajouter à ce sinistre aspect, on la couronne d’un bâtiment considérable ― un asile pour les aliénés.
        L’eau de la mer de Marmara n’ondulait que légèrement et, semblable à une opale gigantesque et brillante, affectait toutes les couleurs. Dans le lointain, l’onde était blanche comme du lait, un peu plus près elle semblait rosâtre entre les deux îles, elle brillait comme une orange d’or et dans le fond au-dessous de nous, c’était le bleu des saphirs. Elle restait seule avec sa beauté séductrice ; nulle part, on n’apercevait un navire de haut bord ; seuls, le long de la rive de l’île, voguaient de côté et d’autre deux bateaux portant pavillon anglais ; l’un était un petit vapeur, grand comme une cabane de garde, l’autre avait un équipage de douze hommes et comme leurs rames s’élevaient régulièrement, on en voyait couler et jaillir de l’eau, argent embrasé. Des dauphins confiants se pressaient entre les bateaux et volaient décrivant des courbes au-dessus des flots. Dans le ciel bleu, des aigles gigantesques passaient d’un vol tranquille d’une partie du monde à l’autre.
       Toute la pente de la montagne sous nous était couverte de roses en fleurs et l’air embaumait, saturé de leur parfum. Des arcades du café au bord de la mer on entendait venir une musique atténuée par l’éloignement et portant au rêve.
    L’impression était saisissante. Nos voix restaient muettes et tout notre être s’abandonnait à ce tableau ravissant… La jeune Polonaise était étendue sur le gazon et sa tête reposait sur la poitrine du bien-aimé. L’ovale pâle de sa tendre petite figure prit une légère coloration, et de ses yeux bleus jaillirent soudain des larmes. Le fiancé comprit son émotion, et se penchant vers elle but ses larmes l’une après l’autre. La mère regardait et il lui arriva ce qui était survenu à sa fille ; et moi, qui regardais aussi, je sentais mon âme déborder.
      ― « Ici le cœur et l’esprit doivent se remettre », murmura la jeune fille.
     ― « Quel beau pays ! ― Je n’ai pas d’ennemis, Dieu le sait, ― mais si j’en avais, ici je leur pardonnerais sûrement », dit le père d’une voix tremblante.
       Et de nouveau le silence se fît. Tous éprouvaient un sentiment d’une douceur indicible. Chacun sentait en soi comme un monde de bonheur et aurait souhaité en faire part à l’univers entier. En proie aux mêmes sensations, dominé par les mûmes sentiments, on n’osait d’un mot rompre cette paix.
       C’est à peine si nous nous aperçûmes qu’au bout d’une heure à peu près, le Grec se leva, ferma son carton, et nous ayant adressé un court salut, disparut de nouveau d’un pas léger. Nous restâmes absorbés dans notre contemplation muette.
       Enfin, après plusieurs heures, quand l’horizon prit déjà la couleur violette, si ravissante dans le Midi, des couchers de soleil, la mère exhorta au départ. Nous descendîmes lentement vers l’hôtel, lentement, mais d’un pas élastique, comme des enfants sans soucis. À l’hôtel, nous nous assîmes à l’air, protégés par une marquise. À peine y étions-nous installés, qu’on entendit sous le berceau retentir le bruit d’une dispute et d’injures échangées. Notre Grec se disputait avec l’hôte ; nous écoutâmes pour nous divertir.
       La conversation ne dura pas longtemps. « Si je n’avais point d’autres clients ici que des gens de la sorte ! gronda l’hôte en matière de conclusion, et il monta l’escalier allant à nous.
      ― « Quel est ce monsieur ? je vous prie, demanda le jeune Polonais, lorsque l’hôte se fut avancé tout près de notre table, comment se nomme t-il ? ― « Eh ! qui diable voulez-vous qui sache comment se nomme cet individu », continua de murmurer l’hôte, et il regarda mécontent au-dessus de la terrasse, « pour nous c’est le vampire ».
       ― « Un peintre ― n’est-ce pas ?
      ― « Vampire vous dis-je. Propre métier ! Il ne peint que des cadavres. Aussitôt que quelqu’un meurt à Constantinople ou dans les environs, cet individu a déjà fini le portrait du défunt le jour même. Il sent la mort et la peint d’avance sans jamais se tromper, le vautour ! »
     La vieille Polonaise poussa un cri d’effroi : dans ses bras sa fille venait de tomber évanouie, blanche comme un linge. Déjà son fiancé avait sauté au bas des escaliers : il saisit d’une main le Grec à la gorge et tendit l’autre vers le carton.
       Nous le suivîmes en hâte. Les deux hommes roulaient déjà dans le sable. Du carton entr’ouvert, les feuilles de papier à dessin s’étaient échappées et sur l’une d’elles se trouvait retracée d’une manière frappante, la tête de la jeune Polonaise, les yeux fermés, une couronne de myrtes autour du front.

Jan Naruda – Traduction de P. Patrys (1888)

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Aux trois lys

Dans ce conte, qui les dénonce avec résignation, sont exposées la sensualité et le goût de vivre, qui ne consentent qu’à s’interrompront un court instant pour saluer la mort d’une mère. D’une mère, précisément, de celle qui a donné la vie et le goût de vivre ou qui, peut-être – l’histoire ne le dit pas – en a donné la honte, et le désir de l’oublier (J. Làtal, 1998 – Tiré de « Patrimoine littéraire européen publié par J.-C. Polet)

quadrille

    Cette nuit-là, j’ai déliré, je crois. Toutes mes fibres vibraient, mon sang bouillonnait.
   C’était une nuit d’été, chaude, sombre. Les jours précédents, on étouffait dans l’air tassé en lourds ballots de nuages chargés de sulfure. Vers le soir, les nuages galopaient sous le fouet des rafales; soudain l’orage mugit, l’averse crépita, la tempête et les trombes se déchaînèrent pour faire rage jusque tard dans al nuit. A l’auberge « Aux trois lys », située à proximité de la Porte de Strahov, j’occupais une table sous l’une des tonnelles en bois. C’était à l »époque une modeste guinguette qui ne pouvait guère compter sur une clientèle très nombreuse, sinon le dimanche; alors, dans une sorte de salon, de jeunes cadets et caporaux passaient leur temps à danser le quadrille au son d’un piano. Ce jour-là, c’était justement dimanche. J’étais assis sous une tonnelle, auprès d’une porte vitrée qui donnait sur le salon du restaurant; j’y étais seul. De terribles grondements de tonnerre se suivirent coup sur coup, au-dessus de ma tête l’averse battait les tuiles, l’eau ruisselait en éclaboussant le sol, mais à l’intérieur, le piano ne s’arrêtait que pour reprendre aussitôt sa musique métallique. par moments, je tournais la tête vers la porte vitrée pour regarder les couples qui tournoyaient en riant; puis, mon regard plongeait de nouveau dans le sombre jardin. Lorsqu’un éclair plus fort lacéra le ciel, je pus voir au bout de la rangée de tonnelles, des monceaux d’ossements couleur de craie. C’est qu’à l’emplacement du jardin se trouvait autrefois un petit cimetière; quelques jours auparavant, on avait exhumé pour les transporter ailleurs des restes de squelettes enterrés près du mur.
     J’avais peine à tenir en place sur mon siège. A tout moment, je me levais pour gagner la porte du salon, toute grande ouverte. Je voulais voir les couples de plus près. Une jeune fille attira ma curiosité, une beauté d’environ dix-huit ans. Taille élancée, galbes chauds, cheveux bruns, légèrement coupés à la nuque, mais flottants librement, visage lisse aux traits réguliers, regard d’une clarté surprenante – une véritable déesse ! Ce qui m’excitait le plus, c’était cette lumière dans son regard. Transparent comme une eau profonde, impénétrable comme une surface mystérieuse, un regard qui vous remémore immédiatement ce vers ancien : « Plutôt le feu se rassasie de bûches et la mer d’ondes, que d’hommes une femme aux beaux yeux clairs. »
     Elle dansait sans arrêt. Pourtant, elle avait bien remarqué qu’elle attirait mon regard. Lorsqu’elle passait devant la porte où je me tenais, elle m’observait avec insistance; lorsque la danse l’emporta à travers la salle, je vis, je sentis qu’à chaque pirouette, ses yeux m’accrochaient. Il ne me semblait pas l’avoir entendue adresser la parole à qui que ce fût.
     Je retournais à mon poste d’observation. La jeune fille se trouvait au dernier rang des danseurs, mais nos yeux se rencontrèrent immédiatement. La quadrille touchait à sa fin; les accords du cinquième tour venaient de s’éteindre; soudain, une autre jeune fille pénétra dans la salle, en courant, tout essoufflée et trempée jusqu’aux os. Elle se fraya un chemin jusqu’à ma danseuse aux beaux yeux. La musique attaqua le sixième tour. Pendant que se formait la première chaîne, la nouvelle venue chuchota quelque chose à la fille au regard clair, celle-ci fit un léger signe de la tête sans proférer un seul mot. Le sixième tour, mené par un freluquet de cadet d’une souplesse extraordinaire, fut plus long que d’habitude. Quand il fut fini, la fille aux beaux yeux jeta un coup d’œil en direction de l’issue vers le jardin, puis se dirigea vers la sortie. Je vis qu’elle mettait un pan de son manteau sur sa tête, puis disparut.
     Je regagnai ma place sous la tonnelle. L’orage reprit de plus belle, comme si, jusqu’à présent, son vacarme n’avait été qu’un faible prélude; le vent mugit, le tonnerre frappa avec une force redoublée. J’écoutais avec saisissement cet orchestre des éléments déchaînés, sans cesser de penser à la jeune fille, à ses yeux d’une clarté merveilleuse. De toute façon, sortir pour rentrer aurait été une folie.
     Un petit quart d’heure passa, je levai de nouveau les yeux vers la porte du salon. La fille aux beaux yeux y était déjà. Elle arrangeait sa robe mouillée, secouait ses cheveux, une camarade plus âgée l’assistait.
     « Pourquoi es-tu rentrée par un temps pareil ? », lui demanda-t-elle.
     « Ma sœur est venue me chercher. » Ce ne fut qu’alors qu’il me fut permis d’entendre pour la première fois le son de sa voix. Elle était douce, soyeuse, mais pourtant sonnait fort.
     « Quelque chose serait-il arrivé chez toi ? »
     « Ma mère vient de mourir. »
     Je frissonnai.
     La fille aux beaux yeux se retourna, un vide s’était fait autour d’elle, elle entra dedans.    Elle vint auprès de moi, son regard m’enveloppa, je sentis sa main toucher la mienne qui tremblait… Je la saisis, cette main, elle était si tendre.
     Muet, j’attirai la fille toujours plus loin sous les arcades des tonnelles, elle se laissant faire. La tempête atteignait son apogée. Le vent galopait comme un torrent, le ciel et la terre n’étaient qu’un seul mugissement, des coups de tonnerre roulaient au-dessus de nos têtes, c’était comme si les morts s’étaient mis à hurler du fond de leurs tombeaux.
Elle se colla à moi. Je sentis sa robe mouillée contre ma poitrine, la souplesse de son corps, sa chaude respiration – comme si je devais boire jusqu’à la dernière goutte son âme scélérate !

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