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Robert Burns (1759-1796)
Robert Burns, également appelé Robbie Burns, Scotland’s favourite son (fils préféré de l’Écosse), et également the Bard of Ayrshire (le barde de l’Ayrshire) ou tout simplement, the Bard) était un poète écossais Né à Alloway, South Ayrshire (Écosse) le 25 janvier 1759 fils d’un jardinier et paysan. Destiné au travail de la terre, il ne ne reçut qu’une instruction élémentaire. Il se partage dès l’adolescence entre le travail de la terre et la poèsie. La médiocrité des rendements le plonge dans une gêne dont il ne sortira jamais vraiment et le pousse à publier son premier recueil en 1786. Le succès immédiat, donne lieu à deux rééditions en 1787 et en 1793, qui le consacrent poète national et lui ouvrent les portes de la haute société d’Edimbourg, ville où il s’était installé en 1786. Il y sera d’ailleurs surnommé par les milieux intellectuels et bourgeois le « poète-paysan ». Ce statut ambigu n’alla pas sans un sentiment de malaise chez le poète, dont certains poèmes portent l’empreinte. Grâce à l’éditeur James Johnson, il fera publier entre 1787 et 1803 ‘The Scots Musical Museum’, plus de cent-cinquante chansons populaires écossaises d’origines diverses qu’il a adaptées et retravaillées. Entre 1793 et 1818 furent édités dans la Thomson’s Collection les 6 volumes de ‘A Select Collection Of Scottish Airs for the Voice‘, 114 autres chansons populaires. Inspirés de la vie à la campagne, de la nature et de la culture populaire,mais aussi nourris de nombreuses références à la poésie classique et contemporaine, ses écrits et sa poésie font preuve d’une grande sensibilité et vont contribuer à l’éclosion du romantisme anglo-saxon. Il est le plus connu des poètes écossais qui écrivirent en scots. Il utilisait le dialecte scots de son Carrick natal bien que la plus grande partie de son œuvre soit en anglais et en light scots, un dialecte plus accessible à un public non-écossais. Il réintroduisit également dans la langue d’anciennes formes françaises, provençales et italiennes importées autrefois par la cour de Marie Stuart. Ses écrits politiques était plus généralement écrits en anglais. Il combattit véhémentement l’Eglise calviniste et l’aristocratie écossaise. En 1786, il publie ‘Poems, Chiefly in the Scottish Dialect‘, son premier recueil de poèmes en écossais. Le succès de l’ouvrage et la mort de sa fiancée Mary Campbell le dissuade d’émigrer à la Jamaïque, comme il projetait de le faire. Il part pour Edimbourg. Le 26 août 1787, il est adoubé chevalier à la tour de Clackmannan par Lady Catherine Bruce, vieille dame de 91 ans et descendante de Robert Bruce. De retour à Mauchline (South Ayrshire), en 1788, il épouse une fille du pays, Jean Armour avec qui il aura neuf enfants et emménage en juin dans une ferme à Ellisland, près de Dumfries. C’est là qu’il écrira les chansons destinées au ‘Scots Musical Museum’ ainsi que son dernier grand poème, Tam o’Shanter, en 1790, qui reste son oeuvre la plus connue. En 1791, Après des expériences malheureuses dans l’agriculture et aussi pour ménager son cœur malade, il occupe un emploi à Dumfries dans l’administration des impôts. C’est à cette époque qu’il s’enthousiasme pour la Révolution française mais sera forcé de se rétracter en 1793. C’est à ce poste qu’il finira sa vie. Considéré comme le plus grand auteur en langue écossaise, il inspira la production de littérature dialectale dans d’autres pays d’Europe.
Après sa mort, en 1796, il devint source d’inspiration aussi bien pour les fondateurs du libéralisme que du socialisme. Icône de la culture de l’Écosse et de la diaspora écossaise, sa vie et son œuvre sont devenus l’objet d’un véritable culte au cours des XIXe et XXe siècle et son influence a longtemps marqué la littérature écossaise. Le 25 janvier de chaque année est une fête en Ecosse, c’est le Burn’s Day. Ce soir là, on fête l’anniversaire du poète. le banquet est ponctué de récitations, dont celle de To a Haggis, ode au plat national écossais, composée par Burns. Au moment de servir le haggis, le serveur déclame le poème composé par Burns. Les soirées du 25 Janvier sont souvent ponctuées de nombreux toasts au whisky et de chants accompagnés à la cornemuse.
Si Robert Burns est considéré comme un héros national, c’est que sans lui l’Ecosse aurait sans doute perdu une grande partie de son identité culturelle. Son poème (et chant) Auld Lang Syne est souvent entonné dans le monde anglophone lors de Hogmanay (le dernier jour de l’année) et Scots Wha Hae servit longtemps d’hymne national officieux du pays. Les autres poèmes et chansons de Burns qui restent les plus connues dans le monde d’aujourd’hui, sont notamment A Red, Red Rose, A Man’s A Man for A’ That, To a Louse, To a Mouse, The Battle of Sherramuir, Tam o’ Shanter et Ae Fond Kiss. Plusieurs de ses poèmes ont été mis en musique, entre autres par le compositeur allemand Robert Schumann. Jonathan E. Spilman a mis en musique en 1837 Sweet Afton, poème de 1791, sous le titre Flow Gently Sweet Afton. Le compositeur estonien Arvo Pärt a mis en musique My Heart’s in the Highlands (2000).
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––– le poème Tam o’ Shanter et les illustrations d’Alexander Goudie ––––––––––––––––––––––––––––
Édité en 1791, Tam o’ Shanter est un merveilleux poème épique du poète écossais Robert Burns (1759-1796). Il est écrit dans un mélange d’anglais et d’écossais et raconte de manière humoristique et vivante l’histoire de Tam o’ Shanter, un homme resté trop longtemps au pub qui, sur le chemin du retour, est témoin de scènes fantastiques. Burns en profite pour croquer le portraits de plusieurs personnages pittoresques de la vieille ville d’Ayr à la fin du 18ème siècle : Tam lui-même bien sût, Johnnie Souter, son ami le plus proche qui est maréchal ferrand, la Jeannne, ses compagnons de beuverie, et aussi sa femme Kate qui l’accable de conseils et de réprimandes et enfin sa jument Maggie.
Il existe différents types de couvre-chefs, qui diffèrent selon les régions. L’un d’entre eux se nomme le tam o’shanter nommé ainsi d’après le personnage Tam o’Shanter du poème éponyme de Burns. Il est en laine, et muni d’un pompon, appelé toorie, en son centre. Son plus long périmètre est environ deux fois supérieur au tour de tête.
Une copie d’une annonce pour Tam o’Shanter tabac à pipe
(Reproduit de Burns Chronique de 1932)
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La traduction française du texte original qui suit a été effectuée par M. Jean Claude Crapoulet. Les illustrations qui l’accompagnent on été peintes par le peintre figuratif écossais Alexander Goudie (1933-2004) qui avait été fasciné par ce grand poème narratif de Burns qui avait captivé son imagination depuis l’enfance, comme «un conte gothique, parsemé images vives et impressionnant » et sur le thème duquel il avait réalisé un cycle d’illustrations durant de nombreuses années qui s’était achevé en 1996. Au total 54 illustrations ont été produites qui sont dans leur intégralité aujourd’hui exposées à Rozelle House, près de la maison de Burns à Alloway, Ayrshire. Les illustrations présentées ci-après sont pour la plupart tirées d’un ouvrage publié en 2011 par les éditions Birlinn à Edimbourg.
Pour l’anecdote on notera que son traitement de la masse noire dans la Auld Kirk, qui contient, comme son ami le chanteur Kenneth MacKellar l’a noté, «plus d’un soupçon de sexe spectral », a conduit un ministre de l’Église libre Wee à protester contre le blasphème de l’image. Les techniques utilisées par le peintre pour certaines illustrations semblent avoir été inspirées par l’énergie qui s’exhale du poème original.
texte original et la version française par Monsieur Jean Claude Crapoulet
Alexander Goudie – illustration du poème Tom o’Shanter de Robert Burns – 1
But pleasures are like poppies spread, Les plaisirs, comme les coquelicots dans les prés,
You seize the flower, its bloom is shed Se fanent si vous les cueillez;
Or like the snow falls in the river, Ou comme un blanc flocon qui tombe dans un ru
a moment white – then melts for ever; Blanc un instant, puis pour toujours fondu
or like the borealis race, ou le chatoiement boréal merveilleux
that flit ere you van point their place; Qui fuit dés qu’on y veut poser les yeux
Or like the rainbow’s lovely form Ou comme la forme gracieuse de l’arc-en-ciel
Evanishing amid the storm – évanescente dans l’orage
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Nae man can tether time nor ride; Nul ne peut arrêter la marée ou le temps
That hour, o’ night’s bleach arch the keystone, Triste moment, clé de voûte de l’arche de la nuit.
That dreary hour he mounts his beast in; Morne moment, où Tam enfourcha son cheval et partit.
And sic a night he taks the road in, Jamais pêcheur ne fut par les chemins
As ne’er poor sinner was abroad in. Par une nuit pareille à celle-là.
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Weel mounted on his grey mare, Meg, Bien installé sur Meg, sa jument grise
A better never lifted leg, La meilleure jument qui ait jamais trotté,
Tam skelpit on thro’ dub and mire, Tam avançait dans les flaques et la mouise,
Despising wind, and rain, and fire; Méprisant pluie, tonnerre et vent;
Whiles holding fast his guide blue bonnet; Tantôt tenant d’une main son bleu bonnet,
Whiles crooning o’er some auld Scots sonnet; Tantôt de son pays chantant d’ancien sonnets.
Whiles glowering round wi’ prudent cares, Tantôt jetant autour des regards redoutables,
Kirk-Alloway was deawing nigh, Afin de n’être pas surpris par quelque diable.
Where ghosts and houlets nightly cry L’église d’Alloway n’était plus très loin, où l’on entend,
La nuit, pleurer spectres et chats-huants.
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By this time he was cross the ford, Tam, à ce moment avait déjà franchi le gué,
Whare, in the shaw, the chapman smoor’d; Où le colporteur, dans la neige, s’était étouffé;
And past the birks and meikle stand, Il avait passé les bouleaux, et l’endroit, près des trois cailloux,
Where drunken Charlie brak’s neck-bane; Où Charlie, ivre mort, s’était rompu le cou;
And thro’ the whins, and by the cairn, Il avait traversé les joncs et le tas de pierres entassées,
And near the thorn, aboon the well,
Where Hunters fans the murder’d bairn; Où les chasseurs avaient trouvé l’enfant assassiné;
And near the thorn, boon the well,
Where Mungo’s mother hang’d herself’. Où la mère de Mungo s’était pendue, une nuit.
Before him Doon pours all the floods; Devant lui, le Doon en crue, roulait des eaux toubillonnantes.
The lightnings flash from pole to pole; L’orage redoublait de rage dans les branches;
Near and more near the thunders roll; Les éclairs encerclaient le monde,
When, glimmering thro’ the groaning trees, Le tonnerre se rapprochait de plus en plus, lorsque, à travers les arbres gémissants, étincelante,
Kirk-Alloway seem’d in a bleeze; Parut l’église d’Alloway, illuminée, brillante.
Thro’ ilka bore the beams were glancing; Par calque trou, des rayons de lumière s’agitaient,
And loud resounded mirth and dancing. – Des bruits de réjouissance et de dance résonnaient.
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And, Wow ! Tam saw an unco sight ! Et alors, Tam vit un spectacle étrange !
Warlocks and Witchers in a dance : Des sorcières et des démons menant la dance,
Nae cotillon, Bent new frae frae France, Pas un de ces cotillons à la mode de France,
But hornpipes, jigs, strathspeys, and reels, Mais gigues, et strathspeys, et ronde,
Put life and mettle in their heels. Avec des cornemuses pour faire frapper les talons.
A winnock-bunker in the east, Dans un coin de fenêtre, à l’Est,
There sat auld Nick, in shape o’ beast. Satan lui-même était assis, changé en bête.
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But Tam kent what was what fu’ brawl : Mais Tam savait ce qu’il faisait parfaitement,
There was as ae winsome wench and waulie Dans le lot s’agitait une belle charmante
That night enlisted in the core, Qui, ce soir -là, dansait la sarabande.
Lang after ken’d on Carrick shore; On s’en souvint longtemps sur le abords du Carrick !
(For mony a beast to dead the shot, (Elle causa la mort de bien des animaux,
And perish’d mony a bonie boat, Envoya par le fond beaucoup de bons bateaux,
And shook baith melkie corn and bear, Pourrit les champs de blés et le récolte d’orge,
And kept the country-side in fear) Et fit que le pays, longtemps, eut la peur à la gorge.)Till first ae caper, syne another Enfin, n’y tenant plus, devant une dernière cabriole
Tam tint his reason a thegither, Tam perdit ses esprits, sa raison deviant folle,
And roars out, « Weel done, Cutty-sark ! » Il s’écria : « Bravo, Courte-chemise ! »
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And scarcely had he Maggie rallied, A peine Tam avait-il la bride reprise,
When out the hellish legion sailed. Que la horde démoniaque se ruait dehors l’église,
As bees buzz out wi’ angry fyke, Comme s’élève en grondant les guêpes en colère,
When plundering herds assail there bike; Quand quelqu’un s’attaque à leur nid,
As open pussie’s mortal foes, Comme l’ennemi mortel du chat soudain bondit,
When, pop ! she starts before their nose, Quand celui-ci démarre en trombe sous ses pieds,
As eager runs the market-crowd, Comme la foule du marché s’élance de bon cœur
When « catch the thiefl » resounds aloud; Dés qu’on entend crie « Au voleur ! »
So Maggie runs, the witches follow, Ainsi courut Maggie et les sorcières,
Wy mony an eldritch skreich and hollow. Hurlant horriblement, lui couraient au derrière.
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Ah Tam ! Ah Tam ! Thou’ll get thy fairin Ah, Tam ! Ah, Tam ! Tu l’avais bien cherché !
In Hell, they’ll toast thee like a herrin ! En Enfer, comme un hareng, tu vas être fumé !
In vain thy Kate awaits thy comin ! Kate attendra pour rien près de la cheminée !
Kate soon will be a woefu’ woman ! Kate sera bientôt une veuve éplorée !
Now, do thy speedy-utmost, Meg, Allez ! Vas-y ! Cours, Meg ! Fais de ton mieux !
And Win the key-stone o’ the bridge; Il faut aller au pont, la pierre du milieu !
There, at them thou thy talle may toss, A mi-pont tu pourras leur faire un signe insolent de la queue,
A running stream they dare na cross. Car les démons ne peuvent passer l’eau qui coule.
But ere the key-stone she could make, Mais avant que du pont elle ait atteint la voûte,
The fient a tall she had to shake, Il lui fallut la bouger cette queue, et de façon très leste,
For Nannie, far before the rest, Car Nancy, qui avait distancé de loin, le reste,
Hard upon noble Maggie’s mettle ! La talonnait de très près.
Ae spring brought off her master hale, Elle se jeta sur Tam avec fureur,
But left behind her ain gray tall, Mais ne connaissait pas, de Meg, le noble cœur !
The carlin claught her by the ramp, D’un grand bond, elle emporta son maître en zone sûre
And left poor Maggie scarce a stump. Mais laissa derrière elle sa queue grise…
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Oh! comme à droite, à gauche s’envolaient à leur passage les prés, les bois et les campagnes. Et comme à gauche, à droite, s’envolaient les villages, les bourgs et les villes. — « A-t-elle peur, ma mie ? La lune brille Hurra! les morts vont vite….. A-t-elle peur des morts ? — Ah ! laisse donc les morts en paix.
― » Tiens ! tiens ! vois-tu s’agiter, auprès de ces potences, des fantômes aériens, que la lune argente et rend visibles ? Ils dansent autour de la roue. Çà ! coquins, approchez ; qu’on me suive et qu’on danse le bal des noces….. Nous allons au banquet joyeux. »
pour la suite, c’est ICI
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poésie et illustrateurs du romantisme allemand : Der Erlköning de Goethe (le roi des aulnes), 1782
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