La guerre de Bush

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Alpes

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Beaufortain le 28 juin 2015, Les gorges du Doron vues de la route d'accès à Roselend - photo Enki - IMG_9033

Beaufortain le 28 juin 2015, Les gorges du Doron vues de la route d’accès à Roselend : le Doron, après s’être frayé un passage entre les deux amandes granitiques s’épanche dans la vallée de Beaufort – photo Enki

Savoie le 30 juin 2015 : sur la route du col de la Croix de Fer : Saint-Sorlin et les aiguilles d'Arves - photos Enki - IMG_9128

Savoie le 30 juin 2015 : sur la route du col de la Croix de Fer : Saint-Sorlin et les aiguilles d’Arves – photos Enki

Savoie, le 30 juin 2015, sous le col de la Croix de Fer - photo Enki - IMG_9103

Savoie, le 30 juin 2015, lac sous le col de la Croix de Fer – photo Enki

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Les yeux bleus de la montagne

On trouve dans les monts des lacs de quelques toises,
Purs comme des cristaux, bleus comme des turquoises,
Joyaux tombés du doigt de l’ange Ithuriel,
Où le chamois craintif, lorsqu’il vient pour y boire,
S’imagine, trompé par l’optique illusoire,
Laper l’azur du ciel.

Ces limpides bassins, quand le jour s’y reflète,
Ont comme la prunelle une humide paillette ;
Et ce sont les yeux bleus, au regard calme et doux,
Par lesquels la montagne en extase contemple,
Forgeant quelque soleil dans le fond de son temple,
Dieu, l’ouvrier jaloux !

Théophile Gautier (1811-1872)

Savoie, le 30 juin 2015, sous le col de la Croix de Fer - photo Enki - IMG_9143

Savoie le 20 juin 2015 : Cyclistes au col du Glandon - photo Enki - IMG_9183

Savoie le 20 juin 2015 : Cyclistes au col du Glandon – photo Enki 

Un vétéran, fier de son exploit - photo Enki - IMG_9189

Un vétéran, fier de son exploit pose pour l’éternité – photo Enki

Et au col de la Croix de Fer, une cycliste, exténuée - photo Enki - IMG_9174

Et au col de la Croix de Fer, une cycliste épuisée d’avoir vaincue la verticalité s’adonne aux joies de l’horizontalité – photo Enki

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Poésie chinoise : A un ami…

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la cérémonie du thé en Chine

la cérémonie du thé en Chine

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Pour vous remercier de m’avoir fait connaître cette poésie Tsu-Kia-Liang,
Je vous envoie ces quelques feuilles de thé
Elles proviennent du monastère de la montagne Ou-ï
C’est le plus illustre thé de l’Empire,
comme vous en êtes le plus illustre lettré

Prenez délicatement un vase bleu de Ni-hing.
Remplissez-le d’eau de neige recueillie au lever du soleil
sur le versant oriental de la montagne Sou-chan,
Placez ce vase sur un feu de brindilles d’érable
ramassées sur de la mousse très ancienne,
et laissez-l’y jusqu’à ce que l’eau commence à rire.
Alors, versez-la dans une tasse de Huen-tcha
où vous aurez mis quelques feuilles de ce thé,
Recouvrez la tasse d’un morceau de soie blanche tissée à Houa-chan,
Et attendez que se répande dans votre chambre
un parfum comparable à celui d’un jardin de Foun-lo.

Portez la tasse à vos lèvres, puis fermez les yeux.
Vous serez dans le Paradis

Quang-Tsi (723-757)

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Poésie chinoise : Notre bateau glisse sous les montagnes bleues

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Attente du bac près d'un fleuve en automne, 1351, par le peintre chinois Sheng Mao

Sheng Mao – Attente du bac près d’un fleuve en automne, 1351

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Notre bateau glisse

Notre bateau glisse sur le fleuve calme.
Au-delà du verger qui borde la rive,
Je regarde les montagnes bleues et les nuages blancs.

Mon amie sommeille, la main dans l’eau.
Un papillon s’est glissé sur son épaule,
A battu des ailes et puis s’est envolé

Longuement je l’ai suivi des yeux.
Il se dirigeait vers les montagnes de Tchang-nân

Était-ce un papillon, ou le rêve que venait de faire mon amie ?

Chang Wou Kien (1879-1931)

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En bateau sur le fleuve à l'automne 1361 par Sheng Mao (1310-1361)

Sheng Mao – En bateau sur le fleuve à l’automne, 1361

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Les montagnes sont-elles vraiment bleues ?

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L’explication du scientifique

     La couleur bleue du ciel est la combinaison de la diffusion des rayonnements de courtes longueurs d’ondes comprenant les couleurs violet, indigo, bleu et vert dont les nuances donnent au ciel ses bleus si subtils.
       Mais tout le monde a déjà remarqué qu’en altitude le bleu du ciel prend une tonalité très sombre alors qu’il peut être très délavé en bordure de mer ou devenir blanc brillant lorsque le ciel est couvert. A basse altitude la densité de l’air est plus importante qu’en altitude et l’atmosphère contient aussi beaucoup plus de poussières et de vapeur d’eau arrachées au sol ou emportées par les vents. Il est donc normal que la lumière bleue soit plus diffusée en bordure de mer car elle rencontre beaucoup plus d’obstacles qu’en altitude où la raréfaction de l’air influence moins la lumière bleue.
      Pour les montagnes, on observe que certaines d’entre elles prennent une couleur bleutée tôt le matin. C’est le cas des Smokey Mountains dans le Tenessee, des Blue Ridge en Virginie et des Blue Mountains en Australie. Ce phénomène est du à la présence dans ces montagnes de grandes forêts qui libèrent dans l’atmosphère de minuscules particules d’hydrocarbonés de 0,2 microns de diamètre qui vont se mélanger avec l’ozone stratosphérique. Ce sont ces particules qui diffusent la lumière bleue. Plus la distance entre les montagnes et l’observateur est grande et plus la diffusion sera importante et les montagnes paraîtront bleues. Dans certaines régions, la nature de la roche peut renforcer la tonalité bleue des montagnes. (montagnes de Virginie et collines de la vallée de la Meuse en Belgique par exemple).  – Crédit Projet Luxorion.

Hodler - le matin se lève sur les pics,1915

Hodler – le matin se lève sur les pics,1915

Hodler - La pointe d'Andey, vue de Bonneville (Haute-Savoie) (1909).

Hodler – La pointe d’Andey, vue de Bonneville (Haute-Savoie) (1909)

HODLER-  L'Eiger, le Mönch et la Jungfrau au-dessus de la mer de brouillard (détail), 1908,

Hodler –  L’Eiger, le Mönch et la Jungfrau au-dessus de la mer de brouillard (détail), 1908

Holder - L'Eiger, le Mönch et la Jungfrau au clair de lune, 1908

Holder – L’Eiger, le Mönch et la Jungfrau au clair de lune, 1908

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meraviglia

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J. E. H. MacDonaldD - The lake O'Hara

J. E. H. MacDonald (1873-1932) – The lake O’Hara

« J’ai atteint le sublime lac O’Hara au moment même où il était comme assoupi sous un arc-en-ciel, dominé par les pentes du Mont Lefroy et les cascades de Oesa et là j’ai alors pu ressentir un peu de la béatitude des mortels »   –   JEH MacDonald, A Glimpse of the West, 1924.

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J. E. H. MacDonald (1873-1932)    Né en Angleterre, J.E.H. MacDonald (James Edward Hervey MacDonald) émigre au Canada en 1887, à l’âge de 14 ans, avec sa mère anglaise et son père canadien. La famille s’installe à Hamilton, en Ontario. Il amorce cette même année sa première formation en tant qu’artiste à l’École d’art de Hamilton. Sous l’influence du peintre Lawren Harris, il choisit en 1911 de devenir peintre professionnel. Le peintre A. Y. Jackson rejoindra les deux amis à Toronto pour former un groupe qui développera une approche postimpressionniste de la peinture influencée par les peintres paysagistes de l’Europe du Nord et par le style de Van Gogh. En 1920, cette démarche aboutira à la création du Groupe des Sept qui s’attachera à reproduire dans un style postmoderniste les paysages canadiens. Leurs tableaux aux couleurs vives, aux formes simples et dynamiques, vont transfigurer les paysages canadiens et les revêtir d’une force spirituelle et transcendante.
    Le lac O’Hara est l’un des joyaux du Parc national Yoho dans la province de la Colombie britannique. Il se situe à une altitude 2.115 m et est dominé par le Mont Lefroy (3.423 M). J.E.H. MacDonald l’a découvert en 1924 alors qu’il était à la recherche de nouveaux décors et qu’il éprouvait un besoin de solitude et d’un changement de son rythme de vie. Il a trouvé tout cela au lac O’Hara qu’il a représenté dans un style tumultueux et vivement coloré dans plusieurs de ses tableaux.

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meraviglia

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A distance du réel, Sarah Moon.

Sarah Moon - Yael Raich, 1993

Sarah Moon – Yael Raich, 1993.

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     Sarah Moon, née Marielle Warin le 17 novembre 1939 à Vichy (Allier) dans une famille de confession juive, est un mannequin et photographe français. Sa famille se réfugie durant la guerre en Angleterre où elle étudiera le dessin avant d’exercer la profession de mannequin de 1960 à 1966. C’est à partir de 1970 qu’elle se tourne vers la photographie  avec un style personnel très riche et raffiné et qu’elle deviendra célèbre pour sa campagne de publicité pour Cacharel sous le nom de Marielle Hadengue. Dans son travail pour la mode, son expérience passée de mannequin lui a permis d’entretenir une complicité avec les modèles qu’elle photographiait qui a apporté dans son travail une originalité et une touche personnelle qui le distingue de celui de ses collègues masculin. Elle a déclaré avoir été influencée dans sa pratique par le photographe Guy Bourdin. Après quinze années de travail dans le domaine de la mode, elle décide de se consacrer davantage à une photographie exclusivement artistique plus personnelle et plus introspective marquée par un désir de distanciation par rapport à la réalité et de mise en scène de situations fictionnelles. Les images souvent réalisées au polaroïd noir et blanc peuvent être enrichies au tirage de grattages, détériorations, salissures. la photo présentée ci-dessus qui montre un portrait de femme aux yeux fermés savamment cadré et légèrement flouté en est un exemple.  Paris sera souvent le décor de ses photographies mais sans en être le sujet car est souvent méconnaissable.

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Un barrage contre l’Atlantique : la dernière maison de Holland Island (Maryland)

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La dernière maison de Holland Island

    Construite en 1888, cette maison victorienne a bravé les éléments et a combattu durant plus d’un siècle l’érosion du littoral de Holland Island dans la baie de Chesapeake. Malgré les efforts des anciens résidents de la maison et du propriétaire Stephen White pour protéger l’île afin de la sauver, les eaux ont été victorieuses et les ont submergées toutes les deux.
    Ce qui suit est l’histoire de de la lutte d’un homme qui a entrepris une lutte désespérée pour sauvegarder ce à quoi il tenait plus que tout : son passé…

Holland Island - Naissance d'un village

Holland Island – Naissance d’un village

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    La première occupation humaine date des années 1600, Holland Island a reçu son nom du propriétaire de l’île, le colon Daniel Holland. Pendant près de deux siècles, la vie s’est déroulée sans incident pour la petite île dont les rives n’étaient occupées que par un seul village de taille minuscule. Puis, dans les années 1850, on assista à un boom de la pêche et de l’agriculture dans la région de Chesapeake qui apporta un certaine prospérité dans l’île. Quarante années plus tard, il y avait dans l’île une importante communauté de bateliers et à l’orée du vingtième siècle, en 1910, l’île abritait 360 habitants, ce qui en faisait l’île la plus peuplée de la baie de Chesapeake. À l’apogée de sa prospérité, Holland Island comptait plus de 70 constructions comprenant des commerces, une école, un bureau de poste, plusieurs magasins généraux et une église. L’île avait aussi son propre médecin, un centre communautaire, et même une équipe de baseball qui voyageait par bateau pour participer à des matchs à l’extérieur.
  Près de 90 navires mouillaient à Holland Island, dont les propriétaires s’attachaient à bâtir leurs fortunes par la pêche, le piégeage des crabes ou la collecte des huîtres.

Holland Island tel qu'elle était encore le 18 Octobre 1953

Holland Island tel qu’elle était encore le 18 Octobre 1953

carte de Holland Island     Une des caractéristiques géologiques des îles de la baie de Chesapeake est que leur sol est constitué de boue et de limon déposés par les glaciers de l’époque glaciaire lors de la fonte des glaces. Cette particularité rend une île comme Holland Island plus sensible à l’érosion des berges causée par l’assaut permanent des vagues. Ainsi, le processus d’érosion qui s’est développé depuis des milliers d’années a peu à peu grignoté le socle terreux de l’île. Ce processus s’est accéléré ces dernières années avec la montée du niveau de l’océan résultant du réchauffement climatique.
    C’est au cours de l’année 1914 que les habitants de l’île ont commencé à sérieusement s’inquiéter en assistant à la submersion de pans entiers de rivages. Des travaux de consolidation des rivages ont alors été menés et des dépôts de pierres importées du continent ont été mis en place pour constituer des digues et des brise-lames. On a également sabordé des navires pour amortir le choc des vagues mais tous ces efforts se sont révélés inutiles.

    Cette situation a obligé la majorité des habitants à démonter leurs maisons pour les reconstruire sur le continent mais certains îliens sont restés dans l’espoir de la venue d’un hypothétique miracle mais ce dernier espoir s’est envolé sous l’effet de la tempête tropicale de 1918 qui a fortement endommagé l’église. Durant quelques années encore l’île a été partiellement occupée lors de la période de pêche mais a finalement été totalement désertée en 1922 après la fermeture de l’église.

Google Map - carte et vue satellite montrant l'érosion

Google Map – carte et vue satellite montrant l’érosion

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Un barrage contre l’Atlantique

hi-stephen-white    Le sort de l’île paraissait définitivement scellé et pendant les années qui suivirent l’action destructrice de la nature suivit son cours inexorable de délitement et d’anéantissement. Mais en 1995, un événement que l’on avait plus connu depuis longtemps vint troubler la tranquillité de ce qui restait de l’île… L’homme était de retour sur l’île et pas seulement de manière momentanée comme le faisaient les quelques pêcheurs ou navigateurs qui venaient jeter parfois l’ancre sur son rivage. Non, l’homme était de retour et était là pour y rester dans la ferme intention de contrecarrer l’œuvre de la nature sinon du Seigneur. L’homme en question s’appelait Stephen White, et en matière de navigation et de relation avec le Seigneur, il s’y connaissait puisque il était ancien batelier et pasteur méthodiste et connaissait bien l’île pour y avoir passé son enfance. Il venait d’acheter ce qui restait de l’île pour 70.000 dollars dans le but de la sauver et avait créé afin de parvenir à cet objectif une association : la Fondation Holland Island Preservation.

Stephen White avec en arrière-plan son île

Stephen White avec en arrière-plan son île

    S’engagea alors une lutte titanesque et inégale contre l’océan. Stephen White, aidé par son épouse, construisit tout d’abord des brise-lames en bois mais les vagues les détruisirent. Il les remplaça alors par le dépôt de sacs de sable qui finirent par percer et se dissoudre dans l’océan. Il remplaça alors les sacs de sable par des tonnes de roches importées du continent. Au total 23 tonnes de roches furent déposées sur le rivage mais là également, en vain. C’est alors qu’il apporta un engin de terrassement et se mit à créer des digues de fortune pour contrer l’action des vagues et protéger le rivage mais comme le reste, ces barrières dérisoires furent emportées par les flots. Dans un ultime recours recours, il alla jusqu’à saborder une vieille barge à proximité de la maison pour la protéger mais là encore sans succès. La maison fut envahie par les eaux. Au total Stephen White avait consacré 15 années de sa vie à lutter contre le destin et dépensé en pure perte plus de 150.000 dollars.

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L’agonie de la maison

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La dernière maison de Holland Island avec l’engin de terrassement de White

Holland Island - photo Jay Fleming

l’agonie de la maison – photo Jay Fleming

Holland Island

Holland Island avec sa barge de protection dernière trace de ce qui fut la maison

à gauche, la maison encore debout protégée par sa barge (rectangle orange) – à droite tout ce qui reste comme traces de la maison après sa submersion.

l'engin de terrassement (4)

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l'engin de terrassement (3)

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article lié

La Ballade de Holland Island House, un court-métrage d’animation réalisé par l’américaine Lynn Tomlinson sur ce thème
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The Ballad of Holland Island House

    La Ballade de Holland Island House, la réalisatrice  Lynn Tomlinson raconte l’histoire véridique d’une maison qui est la dernière de son village à résister à la montée de l’océan sur une île de la baie de Chesapeake. Après une longue lutte, elle finira par disparaître à son tour dans les flots. Dans la ballade chantée qui accompagne les images, la maison raconte l’histoire de sa vie avec les créatures qu’elle a côtoyé et abrité au cours de son voyage depuis sa vie originelle en tant qu’arbre, puis en bois de construction jusqu’à son ultime retour à la nature. Ce film est une interrogation sur le temps, le changement de l’environnement et la montée du niveau des océans.

C’est ICI

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meraviglia

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Louise Elisabeth Vigée Lebrun  - Duchesse de Polignac (détail), 1782-

Louise Elisabeth Vigée Lebrun  – Duchesse de Polignac (détail), 1782

« Je tâchais, autant qu’il m’était possible, de donner aux femmes que je peignais l’attitude et l’expression de leur physionomie ; celles qui n’avaient pas de physionomie, on en voit, je les peignais rêveuses et nonchalamment appuyées. »

Louise Elisabeth Vigée Lebrun  - Duchesse de Polignac, 1782-

 Duchesse de Polignac (1782). Huile sur toile, 92,2 × 73,3 cm, Château de Versailles. Yolande Martine Gabrielle de Polastron (1749-1793), comtesse puis duchesse de Polignac, marquise de Mancini, est l’amie et confidente de la reine Marie-Antoinette. En 1782, elle obtient la charge de gouvernante des enfants royaux.

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Présents, ils sont absents…

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Présents, ils sont absents…

    C’est le titre du chapitre premier d’un livre du philosophe François Jullien sur le thème de la « philosophie du vivre » (folio essais, Gallimard, 2011, 2015). Ce titre s’applique aux touristes et à tous ceux qui sont physiquement dans un lieu dans lequel ils ont choisi d’être parce qu’ils le valorisent ou bien que la société valorise mais qui paradoxalement entretiennent avec ce lieu une relation d’évitement en refusant de reconnaître sa réalité profonde et ses potentialités cachées. Voici ce que François Jullien écrit à ce sujet :

L’évitement du monde
    Cette scène, nous l’avons tous vue, typée, fatale, imperturbablement répétée. Mais suffira-t-il d’en sourire ? Les touristes descendent de l’autocar, repèrent d’un coup d’œil ce qu’ils pourront photographier, le mettre en boîte – c’est fait. puis ils s’exclament, respirent, bavardent entre eux : « que c’est beau ! » « Beau » est posé là comme une étiquette sur un paquet – façon de s’en débarrasser. Ils n’ont plus qu’à remonter à leur place : à rentrer soulagés. Ils ont tout fait, en somme, pour se dispenser d’être présents au paysage, passer, mais avec la meilleure volonté du monde, prudemment à côté. Le soupçonnent-ils seulement ? Pour s’épargner l’existence dramatique d’être là, effectivement, regardant et regardant encore – mais s’agit-il seulement de « regarder » ? Plutôt de se laisser saisir – démunir – par ce sur quoi ils sont tombés et qui soudain les accable sous son miracle et pourrait les tenir en suspens, interminablement;, jusqu’au vertige, sans pouvoir s’arracher.

Egypte - Touristes photographiant les Colosses de Memnon

La photographie comme symptôme de la fuite devant la réalité
     On dira bien sûr que cette photographie est prise pour « garder » (se ressouvenir : on la retrouvera plus tard, etc.). (…) Mais garder, vouloir conserver , c’est déjà se protéger devant ce qui soudain assaille, tel ce coin de paysage, et qui, si je m’arrête tant soit peu devant, au lieu de commencer ainsi à le ranger, sitôt m’ébranle, m’émeut jusqu’à l’intolérable. Et de même : être attentif à bien choisir, à bien cadre, s’est se détourner d’emblée de ce que le moindre coin de paysage possède en lui d’infini. donc d’impossible à contenir, à sélectionner. Prendre une photographie, c’est de mettre à couvert, interposer : sed échanger de ce qui, comme une échancrure, s’entrevoit sur le coup d’irréductible et s’impose enfin là, à vue, sans retenue. Face à quoi on photographie pour fuir, c’est-à-dire s’éviter d’« être là », – da sein – une fois, cette fois, qui est unique, devant cet arbre, devant ce champ. Ou plutôt devant « de l’arbre », « du champ ». on photographiera alors pour remettre de l’usage, rebasculer dans l’entendu, le convenu, et boucher de son mieux par où la panique de la rencontre, du heurt, pourrait pointer : pour ne plus s’exposer à ce péril, effectivement, celui d’être auprès, devant, « pré(s)net », ici et maintenant (ou, quand on photographie des visages, l’effet nous en échappe). La photographie – « photo-souvenir » – est l’instrument apprêté pour ce évitement. Sauf à produire une œuvre d’art – mais celle-ci vise alors l’inverse, en quoi elle est « art » non consommable –, cette « prise » de vue sert de paravent pour amortir ce choc et son désarroi : pour réduire l’intrusion d’un dehors, l’effraction d’un présent; pour rétablir ce glissement continu tel qu’intérieur et extérieur – le « moi » / le « monde » – restent à nouveau chacun de leur côté, sagement, dans leur quant-à-soi respectif, avec un minimum d’étanchéité, sans plus déranger.

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Gérard Manset,  » Comme un Lego « 

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le jardin zen du temple Ryôan-Ji de Kyoto : le regard vu par Italo Calvino dans son roman Palomar
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JP-kyoto-ryoanji

     L’enceinte rectangulaire de sable incolore est bordé sur trois côtés de murs surmontés de tuiles, au-delà desquels verdoient les arbres. Sur le quatrième côté, une estrade aux gradins de bois sur laquelle le public peut passer, s’arrêter et s’asseoir. « Si notre regard intérieur reste absorbé par la vue de ce jardin, explique en japonais et en anglais le prospectus, signé par l’abbé du temple, qui est offert aux visiteurs, nous nous sentirons dépouillés de la relativité de notre moi individuel, tandis que l’intuition du Moi absolu nous remplira d’un étonnement serein, en priaient nos esprits obscurcis. »

pour la suite, c’est ICI

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