regard croisés :  » Dessine-moi un mouton… »

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« Il était une fois un petit prince qui habitait une planète à peine plus grande que lui, et qui avait besoin d’un ami… »   Saint-Exupéry, Le Petit Prince.

One hundred people, approximably 50 women affected by breast cancer and 50 accompagnants, coming from 19 countries, climb on the top of the Breithorn mountain, 4164 m above sea level, in solidarity with women affected by breast cancer, in Zermatt, Switzerland, Saturday, September 17, 2011. Accompanied by more than twenty professional mountaineers, this group of people climb the eastern access to the summit of the Breithorn, 4164 m above sea level in solidarity with women affected by breast cancer. (KEYSTONE/Laurent Gillieron)

    Une centaine de personnes dont près de 50 femmes atteintes du cancer du sein et 50 accompagnateurs, provenant de 19 pays, ont réalisés l’ascension du Breithorn, (4.164 m) près de Zermatt en Suisse, le samedi 17 septembre 2011 pour une action de solidarité avec les femmes touchées par le cancer.  (KEYSTONE/photo Laurent Gillieron).

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regards croisés : au-dessus des nuages

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Japon - au-dessus des nuages

Japon – au-dessus des nuages

lever du soleil au sommet du mont Fuji (photo Okinawa Soba)

Okinawa Soba – lever du soleil au sommet du mont Fuji

Eduard Lankes - Nebelwolken, 1905

Eduard Lankes – Nebelwolken, 1905

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meraviglia

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le Fujiyama émergeant des nuages

le Fuji Yama émergeant des nuages

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Kitsune, l’esprit Renard au Japon

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Hiroshige - « Renards de feu la nuit du Nouvel An sous l’arbre Enoki près d’Ōji »

Hiroshige – Renards de feu la nuit du Nouvel An sous l’arbre Enoki près d’Ōji. Chaque renard a un kitsunebi flottant devant sa tête – septembre 1857 ( Cent vues d’Edo, estampe 118 )

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Hiroshige - « Renards de feu la nuit du Nouvel An sous l’arbre Enoki près d’Ōji » (détail 2)    Une planche célèbre et imaginaire. Dans cette composition nocturne, sous un ciel gris bleuâtre parsemé d’étoiles, des renards phosphorescents au-dessus desquels planaient de mystérieuses fumerolles sont réunis au pied d’un grand micocoulier (enoki) à Ôji, au nord d’Edo, près du sanctuaire shintô d’Inari, la divinité du riz. L’attention est concentrée sur ce groupe près de l’arbre au premier plan, cependant qu’à une certaine distance apparaissent plusieurs autres renards qui se dirigent vers le premier groupe mais qui ne sont encore que de petits points lumineux perdus dans le fond de l’image. L’intense luminosité autour des renards contraste fortement avec l’obscurité nocturne et donne un effet dramatique et mystérieux à la scène. D’après la légende, les renards, messagers d’Inari et gardiens du temple, étaient dotés de pouvoirs surnaturels.  Ils étaient censés se réunir avec leurs forces magiques sous cet arbre la nuit du dernier jour de l’année pour adorer Inari afin de protéger la récolte et conjurer le mauvais sort; alors émanaient d’eux des feux follets qui brûlaient à leur côté comme autant de flambeaux alimentés par leur haleine. C’était le moment pour les paysans de formuler des vœux : du nombre de renards et de la forme de leurs fumeroles dépendait l’abondance de la récolte à venir. Les paysans se rendaient ensuite au sanctuaire d’Ōji Inari (ou Shōzoku Inari), où le dieu leur confiait différentes tâches à accomplir pendant la nouvelle année. Lorsque mourut le grand arbre de l’époque de Hiroshige, les habitants décidèrent d’en planter un nouveau vénéré de nos jours encore.

Portrait posthume d'Hiroshige, peint par son ami Utagawa Kunisada      Hiroshige utilise une impression en quadrichromie afin de tirer le meilleur parti de cette scène très dramatique et à l’atmosphère fantastique.L’impression de cette planche, tirée dans des teintes de gris, de noir et de bleu, avec quelques touches de vert, de jaune et de rouge, est une prouesse technique. Le peintre joue sur la technique du bokashi, les dégradés de gris et l’emploi de poudre de mica, avec des surimpressions de vert pour les végétaux. la perfection dans le rendu du clair-obscur, le traitement de la lumière et des ténèbres, la réussite de l’effet nocturne, rehaussé par la luminosité des renards et le scintillement des étoiles, font de cette estampe un vrai chef-d’œuvre graphique.  (crédits Wikipedia & Bibliothèque Nationale de France)

Portrait posthume d’Hiroshige, peint par son ami Utagawa Kunisada

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Hiroshige - « Renards de feu la nuit du Nouvel An sous l’arbre Enoki près d’Ōji » (détail)

Hiroshige – Renards de feu la nuit du Nouvel An (détail)

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Kitsune, l’esprit renard

obake karuta (carte de monstre) du début du xixe siècle représentant un kitsune

obake karuta (carte de monstre) du début du xixe siècle représentant un kitsune

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Hakuzōsu (白蔵主) from the Ehon Hyaku monogatari (絵本百物語)

     Au Japon, le terme kitsune désigne aussi bien un renard qu’un esprit surnaturel (yōkai) pouvant prendre la forme d’un renard. Le kitsune a souvent été associé à la divinité shintoïste Inari pour laquelle il sert de messager. Dans le folklore et la tradition japonaise, le renard incarne l’esprit du mal à l’exception de ceux qui servent Inari. Ils ont la réputation d’être rusés, jouer des tours aux humains et d’être doués de pouvoirs magiques, comme par exemple celui de se transformer en femme-renarde. On dit que les renards japonais ont adopté certaines mœurs des humains., en particulier ceux concernant le mariage. N’importe quel kitsune est censé être capable de changer de forme quand il atteint un âge avancé (souvent une centaine d’années), et ses pouvoirs ne cessent de croître avec le temps. Parallèlement, de nouvelles queues lui poussent, et il peut devenir un renard à neuf queues.

Renard à neuf queues, de l'édition Qing du texte ancien Shan Hai Jing

Renard à neuf queues, de l’édition Qing du texte ancien Shan Hai Jing

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Extrait de (Cent vues du mont Fuji)  de Dazai Osamu : Kuzu-no-ha, la Renarde blanche

Kuniyoshi - l'ombre chinoise de Kuzunoha à travers le paravent est une silhouette de renard, vers 1843-45

Kuniyoshi – l’ombre chinoise de Kuzunoha à travers le paravent révèle une silhouette de renard, vers 1843-45

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   Dans Kuzu-no-ha de Dazai Osamu (Cent vues du mont Fuji), l’héroïne est en réalité une renarde blanche qui s’est transformé en une très belle femme pour pouvoir se marier avec l’homme qui lui a sauvé la vie :

      « Nous bûmes ensemble. Ce soir-là, le Fuji était magnifique. Vers dix heures, mes deux jeunes compagnons me laissèrent pour rentrer chez eux. Ne dormant pas, je sortis. J’avais gardé ma veste d’intérieur. La lune jetait un vif éclat sur le paysage nocturne. Merveilleux spectacle : sous les rayons de la lune, le Fuji, translucide, avec ses reflets bleutés. Etait-ce un renard qui m’avait ensorcelé ? La montagne, bleue comme l’eau ruisselante. Etat phosphorescent. Feux follets. Etincelles. Lucioles. Hautes herbes. Kuzu-no-Ha. Je marchais tout droit dans la nuit, mais avec l’impression d’être sans jambes. Seul résonnait avec clarté le bruit de mes sandales – dont on eût dit qu’elles ne m’appartenaient pas, que c’étaient des êtres indépendants de moi. Je me retournai doucement et regardai le Fuji. Il était comme une flamme aux reflets bleus flottant dans le ciel. Je poussai un soupir. Je m’identifiai à de grandes figures : celle d’un patriote, passionnément dévoué à la cause de la Réforme; celle de Karuma Tengu… Prenant un peu la pose, je croisai les bars dans mon vêtement et continuai ma route. Je me croyais vraiment beau. Je marchai un bon bout de temps. »

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    Dans la ville d’ Izumi, se trouve un lieu saint du nom de  Kuzunoha Inari dont on dit qu’il a été construit à l’endroit d’où Kuzunoha est partie, laissant son poème d’adieu sur un paravent de soie.

     Le poème lui-même est devenu célèbre :

恋しくば                       Koishiku ba
尋ね来て見よ               tazunekite miyo
和泉なる                      izumi naru
信太の森の                   shinoda no mori no
うらみ葛の葉               urami kuzunoha

     Le folkloriste Kiyoshi Nozaki offre la traduction suivante en anglais :

If you love me, darling, come and see me.
You will find me yonder in the great wood
Of Shinoda of Izumi Province where the leaves
Of arrowroots always rustle in pensive mood.

      Ce qui peut se traduire ainsi en français :

Si vous m’aimez, chéri, venez me voir.
Vous me trouverez là-bas dans le grand bois
De Shinoda de la province d’Izumi où les feuilles
De kudzu bruissent toujours d’humeur songeuse.

Kuda-gitsune (a small fox-like animal used in sorcery) from the Shōzan chomon-kishū

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Echappée belle…

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Fred Astaire and Rita Hayworth – Amazing dance scene

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Quoi ? Il y a quelque chose qui ne va pas ?

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Photo prise l’année précédant le déménagement des Halles de Paris en 1969

Robert Doisneau - le boucher de « L’échaudoir de la rue Sauval », 1968

Robert Doisneau – le boucher de « L’échaudoir de la rue Sauval », 1968

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échaudoir : Partie d’un abattoir dans laquelle un boucher fait l’échaudage d’un animal tué ou de certaines parties de son corps en vue de la consommation ; par extension, partie d’un abattoir où les bêtes sont tuées et apprêtées.

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Heart Gold – Harvest Neil Young (1972)

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« À chaque fois que j’entendais « Heart Of Gold », je me sentais contrarié. Je me disais : merde, c’est moi, ça. Puisque ça sonne comme chez moi, c’est moi qui aurait dû chanter ça. »
                                                                                                 Bob Dylan

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 Neil Young     Harvest est le 4e album solo de Neil Young, sorti le 14 février 1972 chez Reprise Records. Classé numéro un du Billboard 200 pendant deux semaines, avec deux hits, Old Man et Heart of Gold, l’album Harvest fut la meilleure vente d’albums de l’année aux États-Unis. Young était arrivé à Nashville en 1971 pour enregistrer une émission du Johnny Cash Show, à laquelle Linda Ronstadt et James Taylor devaient aussi participer. Après l’enregistrement du Johnny Cash Show le dimanche soir, Young invita Ronstadt et Taylor à l’accompagner au studio. Les trois enregistrèrent les chœurs de Heart of Gold et Old Man.

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« Heart Of Gold »

I want to live,
I want to give
I’ve been a miner
for a heart of gold.
It’s these expressions
I never give
That keep me searching
for a heart of gold.
And I’m getting old.
Keep me searching
for a heart of gold
And I’m getting old.
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I’ve been to Hollywood
I’ve been to Redwood
I crossed the ocean
for a heart of gold.
I’ve been in my mind,
It’s such a fine line
That keeps me searching
for a heart of gold.
And I’m getting old.
Keeps me searching
for a heart of gold
And I’m getting old.
 °°°
Keep me searching
for a heart of gold.
You keep me searching
and I’m growing old.
Keep me searching
for a heart of gold
I’ve been a miner
for a heart of gold.
 °°°

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meraviglia

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Albrecht Dürer - Le Lucane cerf-volant, 1505

Albrecht Dürer – Le Lucane cerf-volant (Lucanus cervus, coléoptère), 1505

      L’espèce a été décrite par le naturaliste suédois Carl von Linné en 1758 sous le nom initial de Scarabaeus cervus. Comme il existe un sous-genre, le nom complet est Lucanus (Lucanus) cervus. Les lucanes se nourrissent de la sève des chênes essentiellement, vivent environ 5 ans et sont répartis sur toute l’Europe, à l’exception du Sud de l’Espagne. le mâle a d’énormes mandibules utilisées dans les combats. Le terme de Lucanus (et le nom général de la famille des Lucanidae) remonte à l’antiquité romaine ; Pline l’Ancien signale déjà dans son Histoire naturelle (livre XI, chapitre 34) que l’érudit Nigidius Figulus appelle ces insectes des Lucaniens, sans doute en référence à l’ancienne région de Lucanie en Italie. Pline signale également que les « cornes » du lucane cerf-volant sont accrochées au cou des enfants pour éviter ou guérir certaines maladies infantiles.

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Die Lorelei, « Verfasser unbekannt »

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Edward Jakob Von Steinle - La Lorelei,  1864

Edward Jakob Von Steinle – La Lorelei,  1864

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Heinrich Heine, Die Loreleï, 1824

Ich weiss nicht, was soll es bedeuten,               Je ne sais ce que cela peut bien vouloir dire,
Dass ich so traurig bin;                                        que je sois si triste.
Ein Märchen aus alten Zeiten,                            Un conte venu du fond des âges,
Das kommt mir nicht aus dem Sinn.                 ne me sort pas de l’esprit.
Die Luft ist kühl und es dunkelt,                        L’air est frais, l’obscurité descend,
Und ruhig fliesst der Rhein:                                et le Rhin coule calmement:
Der Gipfel des Berges funkelt,                            le sommet du Mont étincelle,
Im Abendsonnenschein.                                      Dans les lueurs du couchant.
Die schönste Jungfrau sitzet                               La plus belle des jeunes filles est assise
Dort oben wunderbar,                                         tout là-haut, merveilleuse,
Ihr goldnes Geschmeide blitzet,                         Ses bijoux d’or brillent de mille feux,
Sie kämmt ihr goldenes Haar.                            Elle peigne sa chevelure d’or.
Sie kämmt es mit goldenem Kamme,                Elle la peigne avec un peigne d’or
Und singt ein Lied dabei;                                     tout en fredonnant une chanson.
Das hat eine wundersame                                   De la mélodie de son chant
gewaltige Melodei.                                                émane un étrange pouvoir.
Den Schiffer im kleinen Schiffe                          qui s’empare du batelier dans
Ergreift es mit wildem Weh;                                son frêle esquif  et le fait tant souffrir:
Er schaut nicht die Felsenriffe,                           il ne voit plus les récifs,
Er schaut nur hinauf in die Höh.                        Il ne regarde plus que le sommet.
Ich glaube, die Wellen verschlingen                  Je crois que les vagues engloutissent
Am Ende Schiffer und Kahn;                               finalement le marin et sa barque;
Und das hat mit ihrem Singen                            Et c’est le chant de la Lore-Ley
Die Lore-Ley getan                                                qui en est la cause.

Traduction littérale

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Die Lorelei, poème d‘Heinrich Heine (1824), mélodie de Friedrich Silcher (1837) interprétée par le grand ténor autrichien Richard Tauber à Londres en 1939 qu’il avait rejoint après l’Anschluss en raison de ses origines juives.

Je suis triste à mourir
Une histoire des anciens âges
hante mon souvenir.
Déjà l’air fraîchit, le soir tombe,
Sur le Rhin, flot grondant;
Seul un haut rocher qui surplombe
Brille aux feux du couchant.
La-haut, des nymphes la plus belle
Assise, rêve encore;
sa main, où la bague étincelle,
Peigne ses cheveux d’or.
Le peigne est magique. Elle chante,
Timbre étrange et vainqueur,
Tremblez, Fuyez ! la voix touchante
Ensorcelle le cœur.
Dans sa barque, l’homme qui passe,
pris d’un soudain transport,
sans le voir, les yeux dans l’espace,
Vient sur l’écueil de la mort.
L’écueil brise, le gouffre enserre,
la nacelle est noyée,
Et voilà le mal que peut faire
Lorelei sur son rocher.

Traduction de Gérard de Nerval

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Heinrich Heine (1797-1856) peint par Moritz Daniel

     Christian Johann Heinrich Heine dit Harry Heine est né en 1797 à Düsseldorf, Duché de Berg. Il est considéré comme le « dernier poète du romantisme » et, tout à la fois, comme celui qui en vint à bout. Il éleva le langage courant au rang de langage poétique, la rubrique culturelle et le récit de voyage au rang de genre artistique et conféra à la littérature allemande une élégante légèreté jusqu’alors inconnue. Peu d’œuvres de poètes de langue allemande ont été aussi souvent traduites et mises en musique que les siennes. Journaliste critique et politiquement engagé, essayiste, satiriste et polémiste, Heine fut aussi admiré que redouté. Ses origines juives ainsi que son positionnement politique lui valurent hostilité et ostracisme de la part de ses compatriotes. Ce rôle de marginal marqua sa vie, ses écrits et l’histoire mouvementée de la réception de son œuvre. il s’était établi à Paris en 1831 et avait épousé une française. Il est mort dans cette ville  sous le nom d’Henri Heine en 1856. (crédit Wikipedia)

     Sa francophilie et ses origines juives firent que les nazis tentèrent de le gommer de l’histoire littéraire allemande. Son nom disparut des ouvrages littéraires publiés en Allemagne et des ouvrages scolaires. N’étant pas possible de faire disparaître le poème Die Lorelei qui est était devenu l’un des symboles de l’identité et de l’âme allemande, on continua à le chanter et à l’imprimer mais accompagné de la mention  « Verfasser unbekannt » (Auteur inconnu).

Joseph Mallord William Turner - La Lorelei

Joseph Mallord William Turner – La Lorelei et le Rhin

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–––– Autres poèmes de Henry Heine ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Poème Le Sphinx : Henry Heine de nouveau victime d’une femme fatale

Jean Auguste Dominique Ingres (1780-1867) - Œdipe et le Sphinx (détail), 1808-1827

 La vie sentimentale de Heinrich Heine fut une longue suite de désillusions. Lors de son séjour de formation à Hambourg chez son oncle Salomon, il tombe amoureux de sa cousine Amélie mais celle-ci lui préfère un autre homme avec qui elle se marie. Cet amour contrarié lui inspirera le recueil de poèmes Le Livre des Chants ( Buch der Lieder). Désespéré, il quitte alors Hambourg pour étudier dans diverses universités d’Allemagne, Bonn, Goettingue et Berlin. A peine remis de sa peine de cœur avec Amélie, c’est sur la jeune sœur de celle-ci, Thèrèse qu’il jette son dévolu et poursuit de ses assiduités. Le résultat ne sera pas plus heureux. Ces deux échecs auront une influence profonde sur son  œuvre poétique, les amours décrits dans ses poèmes y étant le plus souvent malheureux et la femme aimée présentée sous les traits d’une femme fatale ou versatile. Ce n’est qu’à partir de 1834 que Heine connaîtra une vie sentimentale apaisée, après avoir fait la connaissance d’une grisette parisienne, Eugénie Mirat, qu’il épousera en 1841.

pour la suite, c’est ICI

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Nina Hagen – Diva de la dér(a)ision

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Naturträne (Rockpalast), 1978

    Qu’est devenue Nina Hagen, la Diva punk de la dérision et de la déraison des années soixante dix, Lady Gaga avant l’heure, missile à fragmentation multiple tiré par la RDA pour déstabiliser l’Europe de l’Ouest par les ondes sonores insupportables qu’elle émettait et provoquer la nausée avec ses contorsions faciales et ses maquillages du mauvais goût le plus extrême. Aux dernières nouvelles, la belle-fille du chanteur Wolf Biermann qui avait suivi à l’ouest ses parents déchus de leur nationalité est-allemande (on comprend pourquoi la famille avait été expulsée en l’entendant chanter…) se serait convertie au christianisme, tendance protestante et continue à chanter (chanter : Est-ce bien le mot à employer ?). Finalement, le régime est-allemand ne devait pas être si mauvais que ça pour avoir permis l’éclosion d’un tel talent…

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