David Cameron s’imaginait être un grand stratège. Il faut dire que jusqu’à présent la chance avait été de son côté. En 2006, il avait profité du désarroi des conservateurs après trois défaites consécutives pour devenir leur leader en battant le favori. En 2010, il avait réussi à imposer à son parti une cohabitation avec les centristes qui lui avait permis de rétablir l’économie mise à mal par la crise financière. En 2013, la campagne électorale apparaissait très mal engagée pour les Tories concurrencés sur leur droite par le parti populiste et xénophobe UKIP. Pour rallier les électeurs qui lorgnaient alors vers ce parti, Cameron avait durci le ton vis à vis à l’Europe et promis la tenue d’un référendum sur l’appartenance à l’Union européenne. Contre toute attente, cette stratégie s’était révélée gagnante et lui avait permis d’accéder au 10 Downing Street. En 2014, il était parvenu à maintenir l’unité du pays en remportant le référendum sur l’indépendance écossaise. Huit années de baraka mais il ne savait pas encore qu’en jouant par calcul la carte des eurosceptiques il avait passé un pacte faustien avec le Diable. Sa stratégie était toute tracée : dans un premier temps, sous la menace d’un chantage au Brexit, il s’agissait d’arracher à Bruxelles des concessions supplémentaires à celles déjà obtenues par Margaret Thatcher 37 ans plus tôt ( « I want my money back » ) et, au final, fort de ce qu’il aurait présenté alors comme une victoire pour lui-même et le Royaume-Uni, convaincre facilement les électeurs au maintien de celle-ci dans l’UE. Trop sûr de lui, l’apprenti sorcier a sous-estimé l’ampleur du mécontentement que les couches populaires du Nord de l’Angleterre, des Midlands et du Pays de Galles envers l’immigration et l’Establishment. Incapable de retourner l’opinion qu’il avait lui-même conduit à l’euroscepticisme, il aura été victime de son double langage. Et nous avec…
Fantasia : où conduisent les phantasmes de grandeur et de puissance…
Jolie métaphore de l’emballement que peut provoquer une mauvaise décision et une trop grande confiance en soi. Espérons que comme les balais porteurs d’eau, les Exits ne se multiplieront pas d’autant plus qu’il n’y a pas aujourd’hui en Europe de « Grand Sorcier » régulateur capable de remettre tout à plat…
D’après vous, à quoi sert cette coupelle design sur laquelle est fixé un Iphone ? Ma réaction première a été d’y voir un accessoire de bureau dans lequel on peut placer quelques crayons, taille-crayons, gomme, trombones, épingles, clés USB, etc. Peut-être votre réaction aura-t-elle été identique à la mienne… Eh bien dans ce cas, vous n’y êtes pas du tout et tout comme moi vous êtes incapable d’appréhender les prémices et les signes avant-coureurs du monde merveilleux que l’on est en train de nous bâtir car la fonction de cette coupelle, en plus de support de Iphone est de servir de bol pour votre petit déjeuner, votre soupe ou votre plat de nouilles. Ainsi vous ne perdrez pas une miette des messages transmis par votre Iphone pendant votre repas… Il y a une douzaine d’années, le président-directeur général d’une chaîne de télévision avait employé, pour qualifier le temps durant lequel le cerveau humain était en état d’inactivité ou de repos, la jolie expression de « temps de cerveau humain disponible », son rôle, en temps que PDG d’une chaîne de télévision était de vendre ce « temps de cerveau disponible » de ses abonnés par le moyen de la publicité à des marques. On ne pouvait aller plus loin dans le cynisme et la vulgarité. Le capitalisme financier est comme la nature, il a horreur du vide sachant que dans le cas du cerveau humain, le vide, c’est l’inactivité, l’absence de consommation et donc l’arrêt ou le ralentissement de l’activité, la réduction des profits. Dans le monde d’aujourd’hui, tout est fait pour que le système économique fonctionne à plein régime, sans pause ni ralentissement et dans ce système, l’ennemi, c’est la pause, la détente, le relâchement, la paresse, la rêverie, l’échange avec les autres sur tout et sur rien, phénomènes qui sont considérés comme générateurs de « temps perdu ». L’un des moyens utilisé par le système pour réduire ce « temps perdu » est la connexion qui fait que les individus sont sollicités en permanence avec le risque de devenir dépendant des outils de communication qui vont avec. Il faut donc exercer en continu une action sur les cerveaux pour combler les vides du temps humain. En quoi peut-il être bénéfique pour l’équilibre de l’être humain d’être assailli en toutes occasions par des offres et des sollicitations ? Cette action s’apparente au gavage des oies à qui l’on fait ingurgiter de force une nourriture dont elles n’ont aucunement besoin. Dans ce système, même la durée de communication doit être limitée car s’étendre sur un sujet donné, c’est réduire et même supprimer le temps que l’on peut consacrer aux autres sujets et donc de consommer. Pour que le système fonctionne au maximum de ses capacités, il faut qu’il soit également performant au niveau du temps qu’il consacre à convaincre son interlocuteur. Si vous passez une heure à visualiser sur Google un article donné, la rentabilité pour le moteur de recherche sera nettement moindre que si vous avez consulté 10 articles de 10 mn chacun. Il faut donc pousser l’internaute à surfer sur le Net en permanence. La brièveté des communications est présentée aujourd’hui comme synonyme d’efficacité mais comment peut-on être efficace on se contentant d’effleurer les sujets et en ne passant pas le temps nécessaire à les approfondir. La twiterisation fait des ravages : certains me reprochent d’écrire dans ce blog des articles beaucoup trop longs et préféreraient une image avec une courte légende… Dans les processus de réflexion et d’acquisition des connaissances, les « temps morts » sont des temps de repos et de reconstitution des capacités cognitives et de la force de travail et sont nécessaires et indispensables, ils induisent des « valeurs ajoutées » à la réflexion. L’esprit humain a besoin de périodes de calme et de sommeil pour « digérer » et assimiler de manière inconsciente les connaissance acquises et résoudre les problèmes posés. Le temps du repas est l’un de ces temps réparateurs où l’esprit humain décompresse et recharge ses batteries. On sait d’autre part que les fonctions digestives fonctionnent mieux en période d’inactivité et de détente. La dépendance aux médias et aux sollicitations mercantiles que l’on est en train de mettre en place par la connexion exacerbée a un nom : c’est l‘aliénation qui réduit peu à peu nos espaces de liberté.
Bon appétit, Messieurs…
Fait divers : un internaute, concentré sur la lecture de son Iphone a avalé par inadvertance le câble d’alimentation de celui-ci qu’il avait confondu avec une nouille…
LIRIODENDRON tulipifera AUREOMARGINATUM (Tulipier de Virginie panaché)
Certains, pendant qu’ils se rasent le matin, ont déclaré réfléchir à comment ils pourraient devenir président de la République… Pour ma part, j’ai effectivement aussi pensé à le devenir (entre autres multiples vocations), mais c’était il y a très longtemps, à un âge où je n’avais pas encore de poils au menton. Aujourd’hui quand je me rase, c’est tout autre chose que j’ai en tête : la fenêtre de ma salle de bains donne sur la frondaison d’un tulipier magnifique (Tulipier de Virginie panaché) qui actuellement est en pleine floraison, les fleurs en forme de petites coupelles jaunes orangées et le feuillage marginé à la découpe si particulière sont éblouissantes. Cet arbre est le terrain de jeu de nombreux oiseaux qui se poursuivent et volètent avec dextérité en évitant l’amas de branches et de feuillage à la façon des mini-croiseurs galactiques de la Guerre des Etoiles. Ils ne sont pas farouches et poursuivent leur manège à quelques mètres de moi même quand la fenêtre est ouverte. Se raser parmi les fleurs et les oiseaux… Plus besoin de penser à être président de la République…
mardi 28 juin : Au lever, j’ai été surpris par un bruit furtif quelque part dans la maison et un peu plus tard par un fort piaillement venu de l’une des pièces. À mon arrivée un moineau s’est envolé et a commencé à visiter toutes les pièces de la maison. Je n’ai pas tenté de le capturer mais j’ai ouvert l’ensemble des portes et fenêtres. Malgré cela, à la fin de la matinée, il était toujours là à piailler sans interruption. Manifestait-il ainsi sa joie, son inquiétude ou son irritation ? Pourtant, il n’avait pas l’air particulièrement inquiet, je l’ai trouvé perché sur le battant de l’une des fenêtres ouvertes n’ayant apparemment aucunement l’intention de reprendre sa liberté. Voici la photo que j’ai pris de lui avant de le pousser gentiment vers la sortie.
Japon – Vivre à l’abri d’une cascade, architecte Hiroshi Nakamura (2012)
Le génie de l’architecte réside dans le fait d’avoir imaginé une paroi séparative qui permette de résoudre la contradiction sans que l’un ou l’autre des impératifs soit sacrifié. Cette paroi est constituée de l’assemblage de 6.000 blocs de verre moulé de dimensions 50mm x 235mm x 50mm. Le verre utilisé est un verre borosilicate à teneur élevée en silice très transparent et extrêmement résistant aux chocs thermiques et de faible dilatation linéaire. C’est le verre utilisé par l’industrie nucléaire pour le confinement des déchets nucléaires. La masse de cette paroi de verre permet de lutter efficacement contre les nuisances sonores en provenance de la rue et sa transparence permet à la lumière naturelle en provenance de l’Est d’inonder le patio et les pièces de la maison ouvertes sur celui-ci. De même la vue sur la rue est maintenue. Cette paroi composite agit comme un filtre diffractant la lumière et créant sur les parois du patio et de la maison des miroitements, des reflets et des effets de lumière variés, se modifiant en permanence. L’effet produit est celui que créerait un mur d’eau ou une cascade qui diffracterait la lumière sur les parois environnantes et déformerait les vues. C’est cette paroi que l’architecte qualifie de optical glass façade De là nait un spectacle permanent empreint de poésie qui varie selon la position du soleil, la mise en route de l’éclairage urbain et les allées et venues des véhicules qui empruntent la chaussée.
Le NEW YORKER lirait-il « de paysage en paysage » ? Cet article est paru le 25 juin et voilà ce que devrait être la une de ce magazine new-yorkais le 4 juillet prochain…
À peine après avoir remporté le référendum pour la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union Européenne, les partisans du Brexit se sont lancés dans une nouvelle croisade. Il s’agit maintenant de sortir du système solaire… « Beaucoup trop contraignant avec ses quatre saisons et ses journées de 24 heures » a affirmé sans rire Nigel Farage qui a recueilli sur ce point l’appui de son compère Boris Johnson : « Il faut que nous recouvrions dans ce domaine notre pleine et entière souveraineté » a renchéri celui-ci. La date de ce prochain référendum n’est pas encore fixée…
Nigel Farage & Boris Johnson, les docteurs Folamour de l’Europe
Rester ou partir. C’est la question. Est-il plus noble pour une âme de souffir Les flèches et les coups d’un sort atroce Ou de s’armer contre le flot qui monte Et de lui faire front, et de l’arrêter ? Mourir, dormir, Rien de plus ; terminer, par du sommeil, La souffrance du cœur et les mille blessures Qui sont le lot de la chair : c’est bien le dénouement Qu’on voudrait, et de quelle ardeur !… Mourir, dormir – Dormir, rêver peut-être. Ah, c’est l’obstacle ! Car l’anxiété des rêves qui viendront Dans ce sommeil des morts, quand nous aurons Chassé de nous le tumulte de vivre, Est là pour retenir, c’est la pensée Qui fait que le malheur a si longue vie. Qui en effet endurerait le fouet du siècle, L’orgueil qui nous rabroue, le tyran qui brime, L’angoisse dans l’amour bafoué, la loi qui tarde Et la morgue des gens en place, et les vexations Que le mérite doit souffrir des êtres vils, Alors qu’il peut se donner son quitus De rien qu’un bulletin de vote ? Qui voudrait ces fardeaux, Et gémir et suer une vie de chien, Si la terreur de quelque chose après la mort, Ce lieu inexploré dont nul voyageur N’a repassé la frontière, ne troublait Notre dessein, nous faisant préférer Les maux que nous avons à d’autres non sus ? Ainsi la réflexion fait de nous des lâches, Les natives couleurs de la décision Passent, dans la pâleur de la pensée, Et des projets d’une haute volée Sur cette idée se brisent, ils y viennent perdre Leur nom même d’action… Mais taisons-nous, Voici la belle Britannia… Nymphe, dans tes prières, Souviens-toi de tous mes péchés.
Traduction d’Hamlet par Yves Bonnafoy (1957) honteusement piratée
On fait grand cas de la prochaine parution de Mein Kampf jusqu’à présent remisé au placard. Certains craignent l’effet produit par cette publication sur des esprits faibles et influençables. Voici une antidote que l’on devrait absolument délivrer à tous les acheteurs du livre. Attention, l’effet n’est efficace que si l’on respecte absolument les prescriptions d’utilisation du remède à savoir 10 heures d’écoute ininterrompue. Pour ceux qui ne souhaitent pas lire le livre ou qui ont déjà été vaccinés, une minute d’écoute suffira… Pour le démarrage c’est un peu long, un peu de patience SVP…