Je viens de commencer la lecture d’un nouveau petit livre écrit par un écrivain indien, prix Nobel de littérature en 1913, Rabindranath Thakur dit Tagore. Cet écrivain était un ami de Romain Rolland et c’est de cette manière que j’ai fait la connaissance de son œuvre. Ce livre qui a pour titre « La religion du poète » n’était pas un choix de ma part mais c’était le seul livre disponible de cet auteur dans la librairie où je me le suis procuré. Je bénis la providence de ces circonstances. Il est rare qu’un livre éveille notre intérêt dés les premières lignes, c’est pourtant le cas de cet ouvrage qui m’a agréablement surpris en débutant son texte par un éloge de la politesse en la hissant à la hauteur d’un art et d’un style de vie…
« La politesse est la beauté du comportement. Pour être parfaite, elle exige de la patience, de la maîtrise de soi et du temps libre. car la véritable courtoisie est une création, comme la peinture ou musique. C’est une combinaison harmonieuse de la voix, des gestes, des mouvements, des paroles et des actes par laquelle s’exprime une conduite généreuse. Elle révèle l’homme lui-même et n’a pas d’autre objet. Nos besoins sont toujours pressés; ils se bousculent et s’agitent; ils sont violents et sans-gêne; ils n’ont pas le temps et sont impatients tant que leur but n’est pas atteint. Il est fréquent de voir chez nous, actuellement, des individus qui se servent de bidons d’essence vides pour transporter de l’eau. Ces bidons sont l’emblème d’une incivilité; ils sont brefs et brusques, ils n’ont pas la moindre honte de leur grossièreté, ils ne se soucient de rien d’autre que de leur utilité. Les instruments de nos besoins essentiels prétendent qu’il nous faut nous procurer des aliments, un abri, des vêtements, du confort et des aises. Et cependant des hommes perdent une partie considérable de leur temps et de leurs ressources à contredire cette assertion, afin de prouver qu’ils ne sont pas uniquement un catalogue vivant de besoins sans fin, qu’il y a en eux un idéal de perfection, un sentiment d’unité, fait d’harmonie entre les parties et d’harmonie avec l’environnement. La qualité de l’infini n’est pas dans la grandeur de l’étendue, elle est dans l’advaitam*, le mystère de l’Unité. Les faits occupent un temps et un espace infinis; mais la vérité qui les englobe tous n’a pas de dimensions; elle est Une. Lorsque notre cœur approche de cette Unité, dans les petites ou dans les grandes choses, il est en contact avec l’infini. »
Rabindranath Tagore,La religion du poète, texte publié en 1924, extrait de Creative Unity publié en 1922
advaitam* : Pour l’Advaita Vedānta, l’univers est une unique entité, une Totalité interconnectée. Les distinctions entre objets résultent de l’ignorance de la vraie nature de la Réalité, identique au brahman, qui transcende le temps et l’espace. Dans cet état d’ignorance, l’individu est prisonnier des illusions du monde et n’échappe pas aux réincarnations successives, fruit de son karma.
Hommage à Chema Madoz ou « Tout est affaire de regard »
J’ai fait du bateau D’équerre sur cale(la Mouette rieuse)
J’ai contemplé de beaux couchers de soleil Angul’air(la Mouette rieuse)
Chassé le lépidoptère rarissime (sans le trouver)
j’ai fait de la peinture Palette de noir(la Mouette rieuse)
j’ai porté des sandales
Sandales de poilu (la Mouette rieuse)
Le tout en fumant la pipe et jouant de la flute en même temps
Ceci n’est pas du pipeau (la Mouette rieuse en parodiant « ceci n’est pas une pipe » de Magritte)
Why hello, say can I buy you another glass of beer Well thanks a lot that’s kind of you, it’s nice to know you care These days there’s so much going on No one seems to want to know I may be just an old soldier to some But I know how it feels to grow old
Yeah that’s right, you can see me here most every night You’ll always see me staring at the walls and at the lights Funny I remember oh it’s years ago I’d say I’d stand at that bar with my friends who’ve passed away And drink three times the beer that I can drink today Yes I know how it feels to grow old
I know what they’re saying son There goes old man Joe again Well I may be mad at that I’ve seen enough To make a man go out his brains Well do they know what it’s like To have a graveyard as a friend ‘Cause that’s where they are boy, all of them Don’t seem likely I’ll get friends like that again
Well it’s time I moved off But it’s been great just listening to you And I might even see you next time I’m passing through You’re right there’s so much going on No one seems to want to know So keep well, keep well old friend And have another drink on me Just ignore all the others you got your memories You got your memories
Lu par Enki dans Courrier international – n° 1347 du 25 au 31 août 2016
Il y a actuellement en France quelques 80 arènes dans lesquelles la corrida s’achève par la mise à mort du taureau. « La tradition reste bien vivante » (…)
Il faudrait savoir…
Photo Fernando Botan Castillo – La mort du toro brave
*Arpitanie : terme désignant l’aire linguistique à cheval sur plusieurs pays européens ayant la langue romane arpitane en commun, c’est à dire le franco-provençal. L’aire géographique est constituée des provinces française du Lyonnais, du Forez, du Mâconnais, de Bresse, de Savoie, de Franche-Comté et du Dauphiné, les cantons de la Suisse romande, le Val d’Aoste et une partie du Piémont en Italie. Il est également employé dans deux petites localités des Pouilles, Faeto et Celle di San-Vito, vestiges d’une ancienne colonie suisse. Au nord de cette aire se trouve une zone mixte où les parlers sont intermédiaires entre le français et le francoprovençal : Chalonnais, Franche-Comté, Jura suisse. Précisons que jusqu’à l’invasion romaine menée par Jules César, cette région était terre celtique occupée par un peuple celtique du nom d’Allobroges, « les gens d’ailleurs » de allo« étranger » et broga, « peuple » et que de nombreux noms d’origine celtique se sont maintenus dans la langue arpitane et dans les noms de lieux.
La Tournette vue du Semnoz avec au fond le Mont-Blanc (Wikipedia, Yann Forget, nov.2014)
La Tournette, 2.351 m est un sommet du massif calcaire des Bornes. Le chaînon de la Tournette flanqué de celui beaucoup plus modeste de la Forclaz sépare le lac d’Annecy de la dépression de Thônes. Il existe un lieu portant le même nom dans le massif du mont Blanc, le Rocher de la Tournette qui est un épaulement rocheux à 4.677 m d’altitude sur l’arête des Bosses (voie normale du mont Blanc)
On pourrait penser que l’appellation est en relation avec l’aspect de forteresse que prend cette montagne dans sa partie supérieure, surtout pour l’éperon sommital qui ressemble à un donjon mais pour Paul-Louis Rousset (Les Alpes et leurs noms de lieux, 1988–p.206), l’appellation pourrait être en rapport avec « certains mots semblables existant dans les langages celtiques, mais il est plus probable encore qu’elles appartiennent à la grande famille pré-indo-européenneTOR, TOUR, TUR signifiant hauteur » de large diffusion dans les Alpes. Le thème primitif se serait élargi pour devenir TORN. De là les appellations de sommets telles que Tournairet, Tournalin, Tournavon, la Grande Tourne, la Tête du Tourneau, la Tournelle, Tournelon, Tournerie, la Cime du Tournet et Val Tournanche. Cette interprétation rejoint celle de Dauzat, Deslandes, Rostaing (Dictionnaire étymologique des noms de rivières et de montagnes en France, 1978) pour qui Tournette provient du thème TURNO signifiant élévation de terrain dérivé avec élargissement -n- de la base TOR.
Pour Hubert Bessat et Claudette Germi (les noms du paysage alpin, ELLUG 2001–p.41) le type toponymique pré-roman Truc dont la répartition géographique embrasse une grande partie de l’arc alpin et même au-delà et qui aurait signifié « sommet, tertre, rocher, grosse pierre » ne peut avoir produit les radicaux Tor, Tur, Turr, Tour et Tourn et donc les toponymes Toron, Ture, Turriaet Tournette qui relèvent pour ces auteurs d’autres étymons de signification proche sans qu’ils précisent lesquels.
Henry Suter (Noms de lieux de Suisse romande, Savoie et environs) reprend l’explication à laquelle nous avions songé en premier lieu qui celle de tour, Tournette serait issu selon lui des mots régionaux taure, turra « lieu élevé »(Pégorier)correspondant aux mots de l’ancien françaistorel, turel, tureau, thurel, turet, toron, diminutifs « petite tour », et par métaphore« tertre, colline, éminence », gaulois turno-, même sens, latin torus, prélatin *tur, « hauteur », celtique *tor, *torr, « hauteur terminée en pointe ».
Notons qu’il existe sur le versant Nord de la Tournette une ligne de crête rocheuse dénommée Rochers des Tours
les lanches du lanfonnet (lanche du Nantet et de l’Aulp Riant)- photo Enki le 16/08/2016
Les Dents de Lanfon sont une petite chaîne montagneuse culminant à 1 824 m. Situées au-dessus de talloires, sur la rive est du lac d’Annecy, elles sont encadrées au nord par le mont Veyrier (1 291 m) et au sud par la tournette (2 351 m)
Pour Hubert Bessat et Claudette Germi (Lieux en mémoires de l’Alpe, ELLUG 1993–p.61 & 62), le toponyme Lanfon viendrait du type lexical Lanche, courant dans la Savoie du Nord et la Suisse romande (Vaud et Valais) et qui désigne « des bandes de terrains escarpées, étroites, mais unies et gazonnées, qui s’élèvent en pointe entre des ravins, des torrents et des crêtes. Ces formes de relief, quand elles ne sont pas envahies d’éboulis venus des pentes sommitales, conviennent au pâturage ou à la récolte du foin de montagne.» Le type lexical de base s’est enrichi de diminutifs et de suffixes pour former les toponymes Lanchette (avec le suffixe -ittum/ittam), Lancher, Lanchier (avec le suffise -arium), Lanchon et Lanfon(avec le suffixe -onem). Les Dents de Lanfon signifient donc Les Dents au-dessus ou à proximité des Lanches.
Pour le Glossaire de termes dialectaux de l’IGN, lanche, lanchette (noms féminins) sont des « langues herbeuses dans un sol en pente entre deux ravinements ou des contreforts de montagne ». En Savoie, et Dauphiné, il existe une variante lanchi.
Dents de Lanfon, Lanfonnet et Tournette vues de la rive Est du lac d’Annecy
Le Lanfonnet qui culmine à 1.768 m est une petite chaine montagneuse qui prolonge la chaîne des Dents de Lanfon en direction du Sud-Est. De même composition mais de taille plus petite que sa voisine, on lui a donné la même appellation que celle-ci mais avec le suffixe diminutif -ette, -et.
Ce qui corrobore la correspondance entre les appellations Lanfon et Lanche, c’est que l’on trouve sur la carte IGN au 1/25.000 e plusieurs Lanches dont la topographie est identique à celle desDents de Lanfon et du Lanfonnet. Il s’agit à l’Ouest de la Tournette d’un lieu-dit appelé Les Lanches situé sur les pentes dominant le hameau du Bois et surplombées par les Rochets du Charvet et au Sud-Est de la Tournette des pentes des Grands Lanchets situées sous les rochers du Crêt des Mouches.
La Roche Murraz (1768 m) et le mur de pierre qui protège l’Aulp Riant – photo Enki
La Roche Murraz est l’autre nom du Lanfonnet. Il est rare qu’un sommet possède deux appellations, le vieux français murat désignait « un mur, une muraille » et l’on peut imaginer que l’appellation Murraz a été donné par métaphore à la paroi rocheuse du Lanfonnet qui ressemble vu du lac à une muraille mais ce n’est le point culminant du chaînon qui porte ce nom aussi nous émettons l’hypothèse que ce sommet a été nommé en référence au mur de pierre qui protège comme le montre la photo ci-dessus l’alpage de l’Aulp Riant du vide côté lac.
Rochers du Charvet et le Mamelon vert – photo le journal de Lô Praz Condus
Une pente rocheuse au sud du sommet de la Tournette porte le nom de Charvet (vers 1645 m) et à proximité immédiate la barre rocheuse qui le borde a été nommée Rochers du Charvet. Il semble donc que la dénomination Charvet concerne la pente plutôt que les rochers. Cette dénomination est proche de celle du mont Charvin et répond peut-être à la même étymologie. Pour Dauzat, Deslandes, Rostaing (Dictionnaire étymologique des noms de rivières et de montagnes en France, 1978) les appellations mont Charvet (Veria dans le Jura), Rocher du Charvet (Tignes en Savoie), Piccciarvet (Alpes-Maritimes), Côte Chauvet (Aubres dans la Drôme), Crête de Chauvet (La Cluse dans les Hautes-Alpes), mont de Chalvet (L’Epine dans les Hautes-Alpes), Cime de Charvie (SE de Briançon), mont Charvin (limite Savoie/Haute-Savoie), Pré Chauvin (A. de H.P) et Chalvine (Isère) relèveraient d’une forme héritée du latin calvus« chauve »d’autant plus que certaines formes anciennes font clairement référence au latin calvas (mons Calveti ou Calveti montanea). Wikipedia souligne néanmoins qu’une hypothèse défendue par Dauzat aurait rattaché Charvin à l’élément pré-indi-européen CAR, « pierre ». Le nom du sommet à la forme arrondie qui lui fait suite au Nord, le Mamelon vert, parle de lui-même.
Le Rocher d’Arclosan dominant la vallée de Serraval – photo Jean-Luc (Panoramio)
Rocher d’Arclosan (1778 m) : ce sommet se situe à l’extrémité méridionale du chaînon de la Tournette et domine la dépression de Faverges. Il côtoie le vallon d’Arclosan avec son chalet d’altitude qui partage ce chaînon en deux. Pour Dauzat, Deslandes, Rostaing (Dictionnaire étymologique des noms de rivières et de montagnes en France, 1978), Arclusaz provient de alpem clusam« alpe close » comme l’atteste un document du XIe siècle pour un lieu-dit de Savoie. Le Rocher d’Arclosan serait donc la formation rocheuse qui marque la limite d’un pâturage d’altitude.
Retour du loup dans les pâturages du massif de la Tournette
le loup : À par un exemple cité par Charles Marteaux (Répertoire des noms de lieux de l’arrondissement d’Annecy d’après le cadastre de 1730, publié en 1935) à Thônes près du hameau de La Balme-de-Thuy et sous la pointe de Balme (lieu-dit Louvenaz, 1.864 m), il ne semble pas exister dans la toponymie du massif de la Tournette ou à sa proximité de référence à la présence ancienne du loup comme on peut en trouver ailleurs dans le domaine franco-provençal avec des attestations du type Louvière, Lovière, Louvatière, Lovatière (Hubert Bessat et Claudette Germi (les noms du patrimoine alpin, ELLUG 2004). Il faudra dans l’avenir peut-être y remédier. En effet, en août 2012, un éleveur de moutons qui faisait paître ses bêtes sur le versant Lac du massif a vu 16 de ses brebis tuées par le loup. Conséquence inattendue de cette situation : une quinzaine de vautours fauves et de corbeaux charognards ont pris leurs quartiers s’intéressant non seulement aux cadavres, mais aux animaux esseulés. Totalement éradiqué par l’Homme en France à la fin des années trente (le dernier loup avait été abattu dans le Limousin en 1937), le loup a fait sa réapparition dans le Parc national du Mercantour (Alpes-Maritimes) en novembre 1992 et a depuis colonisé le reste des Alpes françaises. (crédit Dauphiné Libéré)
l’ours : Si le loup est revenu de son propre chef sans rien demander à personne sur les lieux que ses ancêtres avaient foulés, il est un animal qui n’est pas près de revenir sans réintroduction volontaire, c’est l’ours qui a disparu de la région vers la fin du XIXe siècle. Les derniers ours subsistaient dans la forêt de Doussard, vallon de Saint-Ruph, combe d’Ire et c’est dans ce secteur qu’une quinzaine de ces animaux furent abattus entre 1865 et 1893. Dans le secteur de la Tournette qui nous intéresse, nous avons découvert sur la carte IGN au 1/25.000e une Combe à l’Ours citée par Charles Marteaux en 1935 sur le versant boisé Nord-Ouest de la vallée du Sapey (Commune de Thônes)
le renard : pour cet animal qui est encore assez répandu dans notre région, la toponymie utilise pour la dénomination des lieux où ils nichent l’ancien français verpil, vorpil, voulpil, vulpil« renard »issu du bas latin *vulpeculus, vulpiculus lui-même issu du latin vulpecula, formes diminutives de vulpes, « renard ». Le lieu où niche le renard est une verpil-iera : verpillière, volpillière, vulpilière, « lieu fréquenté par les renards », ancien français vulpilliere, du latin vulpiliens, avec le suffixe collectif -ière. (Henry Suter (Noms de lieux de Suisse romande, Savoie et environs). Toujours dans la vallée du Sapey à Thônes, nous avons découvert sur la carte IGN au 1/25.000e un lieu-dit La Verpillière sur le versant boisé Nord-Est dominant le hameau.
Pont historique dit Pont Romain, sur le Fier près de la village de Les Clefs (Wikipedia, photo Taricha Rivularis)
Le nom du Fier est à rapprocher étymologiquement d’autres noms de cours d’eau de la région. Selon les sources, il partage la même racine que Chéran, Guiers et Gier. dans la prononciation locale traditionnelle le -r- de Fier ne se prononce pas. La prononciation de Fier à la manière de l’adjectif français « fier », bien qu’erronée, s’est malgré tout répandue et est devenue l’usage.
D’après Dauzat, Deslandes, Rostaing (Dictionnaire étymologique des noms de rivières et de montagnes en France, 1978), le nom Fierserait une altération par attraction de l’adjectif fier de l’appellation ancienne Cyers (XIIIe siècle) issue elle-même d’un type pré-latin Cérus ou céris qui serait peut-être une variante vocalique du gallo-romain Caris lui-même issu d’une racine pré-celtique Car plus connue comme oronyme. Les hydronymes Cher et Sierroz relèveraient de la même origine.
Dépôt de matériaux dans le lit du Malnant par la crue du 8/09/2014 (photo S. Gominet – IRM)
Le Malnant est le torrent affluent du Fier qui draine la vallée de Montremond et les pentes qui la borde depuis le col des Nantets au Nord de la Tournette. On sait depuis la découverte et la diffusion en 1836 du glossaire de Vienne ou d’Endlicher que le terme nant qui signifie « cours d’eau » a une origine celtique qui signifiait « vallée », Depuis, comme dans le cas du terme rivière qui signifiait originairement « la rive, le bord d’un cours d’eau » et qui devenu le cours d’eau lui-même, le nant, de la signification de « vallée où coule un cours d’eau » est devenu le cours d’eau. De là proviennent les nombreux nants de l’arc alpin avec leurs dérivés nantet et nantillon, « petit nant ». Le Malnant est un « mauvais »nant de par les dégâts importants que ses crues font subir aux riverains (Paul Mougin, Les torrents de la Savoie, 1914).
Le col de L’Aulp avec ses chalets vue des pentes de la Tournette (photo Enki 16/08/2016)
Le Col de l’Aulp et Pas de l’Aulp (1.454 m) marque l’extrémité Nord de la vallée de Montmin et constitue le point de départ de la voie normale de l’ascension de la Tournette sur sa face Ouest. Le Pas de l’Aulp (vers 1.522 m) est un passage rocheux situé plus au Nord qui permet de relier la zone de pâturage des Nantets et la zone des pâturages située à l’Est des massifs rocheux des Dents de Lanfon et du Lanfonet qui porte le nom d’Aulp Riant.
Paul-Louis Rousset (Les Alpes et leurs noms de lieux, 1988), reprenant la thèse déjà énoncée en 1953 par le professeur R. Loriot émet l’hypothèse qu’entre la fin du Néolithique et du Bronze final, des populations de pasteurs et cavaliers nomades brachycéphales venues d’Asie centrale seraient arrivées dans les Alpes et que la racine ALP et ses variantes ARP, AULP qui se déclinent en Alpe, Alpette, Alpille, Arpettaz, Arpille, etc. et désignent des pâturages d’été en montagne aurait été amené par ces envahisseurs.
Roland Boyer (Les noms de lieux de la région du Mont-Blanc, 1976), écrit très succinctement que le latin Alpes est latin est d’origine ligure et même antérieure et est composé de AL pour « haut » et PEN pour « sommet ».
Pour Henri Jaccard (Essai de toponymie pour la Suisse romanche, 1906), Alpe serait d’origine celtique, provenant de Alp,« mont, sommité » et serait apparenté à l’adjectif alb, « haut », voir le latin albus et le sabin alpus, à cause de leurs neiges.
l’encrenaz du Pas de l’Aulp : une encoche dans la roche qui permet le passage des troupeaux (photo Enki)
Le Roc Lancrenaz se situe juste au-dessus du Pas de l’Aulp, cité ci-avant. En patois savoyard encrena signifie « entalle, arête dentelée, couloir dans un paroi rocheuse ». Le vieux français connaissait le verbe créner « entailler, découper » et les mots cren, crène, crenne qui signifiaient « entaille, coche, cran », tous issus du bas-latin créna ou peut-être du gaulois*crinare (Henry Suter, Noms de lieux de Suisse romande, Savoie et environs). Le Roc Lancrenaz signifie donc le Roc de l’Encrena (le Roc de l’entaille) avec agglutination de l’article défini et désigne le rocher qui se trouve au-dessus de passage déjà désigné comme le Pas de l’Aulp.
Col de la Forclaz ou de Forclaz-de-Montmin (1.157 m) est le col routier qui permet le passage entre la rive est du lac d’Annecy, depuis le village de Talloires et le vallon de Montmin qui descend sur Vesonne dans le pays de Faverges.
Pour Henry Suter (Noms de lieux de Suisse romande, Savoie et environs), Forclaz est l’appellation « d’un petit col en forme de fourche, une montagne fourchue, un bifurcation de route, un habitat situé près d’une bifurcation ». Il serait issu de l’ancien français force, fourche, « fourche » provenant lui-même du latinfurca, « fourche, bois fourchu, instrument de supplice en forme de fourche ».
Pour Jules Guex (La montagne et ses noms, 1976), Forclaz aurait de sens de petite fourche et proviendrait du latin furcula, « un col, une dépression, une selle dans une arête .»
La Roche Muraz (Lanfonnet) et le col des Nantets – photo Enki
Col des Nantets : voir l’étymologie ci-dessus de l’hydronyme Nantet. Les pentes herbeuses qui sont situées sur le versant Ouest du col des Nantets sont effectivement parcourues par plusieurs petites ruisseaux, des « nantets » qui ont donnés leur nom au col qui sépare les versants Lac d’Annecy et vallée de Thônes du massif Lanfon/Tournette.
Les Clefs, village situé sur un promontoire rocheux entre les torrents du Fier et du Pécherel à 3 km de Thônes. Son nom viendrait de cletarum (xiiie siècle), c’est-à-dire le bas latin cleta au génitif pluriel ; Cletis au xive. C’est en réalité un mot gaulois signifiant « treillage servant de clôture, claie ». La commune était orthographiée Les Clets au xixe siècle > Les Clés> Les Clefs. Il serait plus conforme à l’étymologie de revenir à « Les Clets » et à l’usage d’opter pour « Les Claies ». La graphie « Les Clefs » correspond à ce qu’on appelle une remotivation c’est-à-dire une interprétation erronée du mot, oublieuse de son sens d’origine. (Wikipedia)
Montmin, vue du village et Pointe de la Beccaz (Wikipedia, photo S. Thébault, ept.2014)
Montmin est un village du massif des Bornes situé au pied de la Tournette. Graphies anciennes : Momin et Cura de Monmin vers 1344.
Pour Henry Suter (Noms de lieux de Suisse romande, Savoie et environs), Montmin serait un ancien Mont Mayri ou Mont Meyrie issu du franco-provençal meyri, « alpage ou pâturage entouré de bois ou partiellement boisé » issu du latin meria, moeria.
Les Meries : à noter que l’on trouve sur le versant Est de la Tournette sous la ligne de crête qui relie la pointe de la Bajula à la pointe de la Becca, sous la ruine du chalet du Lars et au-dessus d’un bois un lieu-dit dénommé les Meries dont la topographie pourrait correspondre à la définition d’Henry Suter. (carte IGN au 1/25.000e)
Cette interprétation rejoint celle de Robert Luft (Vocabulaire et toponymie des pays de montagnes) pour qui meira, meire ou maïris seraient le lieu de résidence estivale, alpage, secteur de pâture en montagne. Son origine serait le latin major, majoris, « au-dessus, en hauteur ». En provençal meira signifie changer de lieu, déménager mais serait dérivé du latin migrare, « partir, émigrer ».
Le Cropt : l’un des hameaux du village des Clefs. Le nom proviendrait de la présence d’une grotte, d’un creux fait dans la terre, d’une cave. Il s´agit souvent d´une caverne construite ou aménagée de main d´homme, qui peut servir de cave, de réservoir pour les eaux souterraines ou de remise. Proviendrait du Bas latin crotum,« creux, fossé » issu du latin crypto, « souterrain », grec kruptos, « caché ». Il existait en ancien français le mot crot, « creux, anse d´une rivière », pouvant aussi désigner un terrain plat ou un simple replat, avec un adjectif crosté, croté, « cave, enfoncé, creux », et cropte, « crypte ». (Wikipedia)
La vallée de Thônes vue depuis le mont Lachat et en arrière-plan, la Tournette 2.351 m (Wikipedia, photo R. Frenzel)
Thônes
selon Charles Marteaux, on peut supposer que le nom vient du toponyme d’origine celtique Talinum, Talus, et ferait référence au fait que les premières habitations auraient été situées au pied de la butte du Calvaire (Wikipedia)
Pour Henry Suter (Noms de lieux de Suisse romande, Savoie et environs), le nom de Thônesviendrait probablement d’un nom de domaine d´origine gallo-romaine « Tonniacum », dérivé avec le suffixe « -acum » du gentilice « Tonnius ». Il s’appuie pour cela sur l’exemple du village de Togny-aux-Bœufs (Marne) anciennement Tonniacum.
– Ici, au Japon, lorsque quelqu’un disparaît on dit simplement qu’il a fait une fugue, ou qu’il s’est évaporé. (…) – Evaporé ? – Johatsu (…) – Ce que nous appelons ici johatsu remonte à l’époque Edo. Les criminels ou les gens qui avaient une dette d’honneur allaient se purifier aux sources du mont Fuji. Il y a là des sources chaudes et des établissements de bains, ce sont des villes d’hôtels. Ils prenaient une auberge, ils entraient dans les bains de vapeur et ils disparaissaient. C’est pour cela qu’on les appelle des évaporés. peut-être certains se suicidaient en prenant le chemin de la forêt. mais d’autres réapparaissaient, quelques années plus tard, ailleurs.