Too Young To Die


Too young to die, but too old to survive
I’ve spent too long trying to write this song
The tune is okay, but the words are all wrong
Maybe it’s time for a change

I’ve lived a lie since the day I arrived
Building my dreams, « grand romantic schemes »
Now I’m twenty eight, but I’m still in my teens
Maybe it’s time for a change

Now it’s time to say goodbye
To my suit, my shirt, my tie
My youth seems to have passed me by
And I’m too young to die

I will not weep for what we leave behind
I must break free from that part of me
That values the art over the humanity
I think it’s time for a change

I thought that I was doing fine
But now I’ve changed my mind
‘Cause now it’s time to say goodbye
To my suit, my shirt, my tie
My youth seems to have passed me by
And I’m too young to die

Maybe it’s time for a change

Songwriters : Hannon Neil
album A Secret History, 1999


Neil Hannon en 2007.jpgThe Divine Comedy est un groupe de pop orchestrale nord-irlandais mené par l’auteur-compositeur-interprète Neil Hannon, né en 1970 à Derry. Formé en 1989 autour de trois musiciens, le groupe devient en 1993 le projet du seul Neil Hannon. La formation du groupe fluctue autour de musiciens plus ou moins récurrents comme Joby Talbot présent sur la majorité des albums. Le nom du groupe provient de la Divine Comédie de Dante Alighieri. Neil Hannon déclare avoir été influencé par Burt Bacharach, Jacques Brel, Kate Bush et David Bowie. Francophile, il a chanté avec Valérie Lemercier, yann Tiersen, Charlotte Gainsbourg et Vincent Delerm.(crédit Wikipedia)

la forêt du chaos


Dimanche 28 mai dans la forêt du Semnoz, milieu de l’après-midi – photos Enki

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      Cette partie de la forêt se situe sur un terrain plat et humide et la végétation composée majoritairement de résineux y est très dense. Les arbres, serrés les uns contre les autres, sont très nombreux et une véritable lutte pour atteindre la lumière du soleil s’engage. Il y aura quelques gagnants et de nombreux perdants. Les gagnants sont ceux qui ont réussi à atteindre la lumière les premiers. Ils vont devenir des géants et verront leur ramure s’étoffer en partie supérieure captant ainsi l’essentiel de la luminosité. Les autres, privés des bienfaits des rayons solaires vont s’étouffer et s’étioler peu à peu, finissant par mourir debout. Commence alors le processus d’un long pourrissement sur pied. Les troncs se fendent, l’écorce se dessèche et se détache par plaques telle une peau morte qui se desquame laissant apparaître les stigmates d’une chair dévorée par la vermine, ceci jusqu’au moment où, sous les coups de butoir d’une tempête, ils se brisent à leur base laissant pointer vers le ciel de sinistres moignons.

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Seriez-vous comme moi un tantinet lycanthrope ?


Réservé aux insensés

2w4B3qt.jpgLycanthrope

Moi, le Loup des steppes, je trotte sans jamais m’arrêter ;
La neige recouvre entièrement l’espace,
Le corbeau quitte le bouleau, ses ailes déployées,
Mais de lièvres, de chevreuil, pas de traces !
J’ai pour les chevreuils amour prodigieux,
Je voudrais en trouver un !
Je le prendrais entre mes dents, entre mes mains,
Rien ne serait plus délicieux !
J’aurais pour cet être une bonté immense,
je dévorerais ses tendres cuissots,
Boirais son sang rouge clair, étancherais ma soif intense,
Puis m’en irais hurler, seul, jusqu’au matin très tôt.

Herman Hesse, Le Loup des steppes, extrait

       Il était un fois un homme qui se prénommait Harry et que l’on appelait le Loup des steppes. Il marchait sur ses deux jambes, portait des vêtements comme un être humain, mais en vérité, c’était un loup. Il avait l’érudition des personnes à l’esprit bien fait et apparaissait comme un homme d’une assez grande intelligence. Cependant, il y avait une chose qu’il n’avait pas apprise : c’était à se sentir content de lui-même et de son sort. Il en était incapable ; aussi était-ce un être insatisfait. Il existait une explication probable à cela. Au fond de son cœur, il était persuadé (ou croyait l’être) que en vérité, il n’était nullement un homme mais un loup venu de la steppe. Certaines personnes éclairées auraient pu discuter de la question et chercher à déterminer s’il était effectivement un animal. […] Ce sujet aurait ainsi pu faire l’objet de longs et passionnants débats et même de multiples ouvrages, mais cela n’aurait pas aidé le Loup des steppes. En effet, il ne lui importait absolument pas de savoir s’il s’était transformé en loup à cause d’un sortilège, des coups qu’on lui avait infligés, ou s’il avait simplement tout inventé. Ce que les autres ou lui-même pouvaient en penser ne revêtait aucune importance à ses yeux ; cela n’extirpait pas le loup de son être.

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      Le Loup des steppes possédait donc deux natures : il était homme et loup. Tel était son destin. Or celui-ci n’avait sans doute rien de vraiment particulier ni de vraiment rare. Il existe, on le sait, nombre de personnes montrant beaucoup de points communs avec le chien ou le renard, le poisson ou le serpent, sans que cela engendre de difficultés spécifiques. Chez ces gens, l’être humain et le renard, l’être humain et le poisson vivent côte à côte et aucun d’eux ne fait souffrir l’autre. Ils se soutiennent même mutuellement, et bien des hommes enviés pour leur réussite doivent leur bonheur davantage à leur côté renard ou singe qu’a à leur côté humain. Ce phénomène est bien connu de tous. Chez Harry par contre, les choses fonctionnaient différemment. En lui l’âtre humain et le loup ne cohabitaient pas paisiblement et s’entraidaient encore moins. Une haine fatale les opposait indéfectiblement et chacun d’eux vivait uniquement aux dépens de l’autre. lorsque deux ennemis mortels s’affrontent ainsi à l’intérieur d’une même âme, d’un même individu, l’existence entière de celui-ci s’en trouve gâchée. Enfin ! Chacun a une destinée particulière qu’il n’est jamais facile à assumer.

Izx8f1nWwdLBfOHrC2GVlOy8oSE        Notre Loup des steppes, lui, avait le sentiment de vivre tantôt comme un loup, tantôt comme un homme, à l’instar de tous les autres êtres pourvus de deux natures. Cependant, lorsqu’il était loup, l’homme en lui se tenait sans cesse aux aguets, observant son adversaire avec attention, le jugeant, le condamnant. Lorsque ensuite il devenait homme, le loup faisait de même. Il arrivait par exemple que Harry eût une belle pensée, qu’il éprouvât un sentiment délicat, noble, ou qu’il accomplît ce qu’il convient d’appeler une bonne action. Alors le loup en lui montrait les dents, se mettait à rire et lui signifiait avec un mépris sanglant combien cette affectation de vertu était ridicule, combien elle seyait mal à un animal de la steppe, à un loup sachant parfaitement au fond de lui-même que pour être heureux, il devait parcourir seul les grandes plaines arides et, de tempo à autre, s’abreuver de sang, courir une louve. Ainsi, aux yeux du loup, tout acte humain était d’une dérision et d’une maladresse, d’une bêtise et d’une vanité effrayantes. Il en allait de même lorsque Harry se sentait et se comportait comme un loup, lorsqu’il montrait les crocs, lorsqu’il éprouvait une haine et une hostilité absolues envers les hommes, envers leurs attitudes et leurs mœurs hypocrites, décadentes. En effet, l’homme en lui se tenait à son tour aux aguets, observant le loup. Il traitait celui-ci de brute, d’animal, et ébranlait, empoisonnait même, tout le bonheur que lui inspirait sa seconde nature simple, saine et sauvage.

Hermann Hesse, le Loup des steppes (Der Steppenwolf, 1927) – Chap. Traité sur le Loup des steppes (Réservé aux insensés) pp.64-67 – Traduction Alexandra Cade – éd. Calmann-Lévy, 2004.

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illustres illustrateurs – Les plaisirs sains de la lecture avec Gulliveriana de Milo Manara


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Les plaisirs sains de la lecture avec Milo Manara

     Que faire quand une demoiselle se retrouve par le plus grand des hasards dans le plus simple appareil sur une vieille coque vermoulue venue du fond des âges, genre « hollandais volant » mais heureusement pour elle sans la cohorte de spectres repoussants qui habituellement le hante. Tout d’abord, faire le tour du propriétaire puis, pudeur oblige, penser à se vêtir avec les lambeaux d’un vieil Union Jack qui traîne par là et qui permettra à peine de couvrir l’essentiel et enfin, comme il faut bien passer le temps, se plonger dans la lecture d’un vieux livre : Les Voyages de Gulliver de Jonathan Swift.

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    Hélas, elle ne pourra pas terminer sa lecture… Un violent orage éclate qui s’accompagne d’une violente tempête et le navire va se fracasser contre les récifs. Par miracle, la demoiselle va se retrouver saine et sauve sur une plage et connaître, pour notre plus grand bonheur, de nouvelles aventures, toutes plus rocambolesques et plus déshabillées les unes que les autres..

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Au fait ! Avez-vous lu les Voyages de Gulliver ?


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Gulliveriana, 1996

Scénario et dessin de Milo Manara – Éditions des Humanoïdes Associés (août 2016) et en numérique (mars 2014). Aux États-Unis, publié par Erotica (NBM, New-York)


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  • Les liseuses, un poème d’Enki, c’est  ICI

Pour faire le portrait d’un oiseau…


poème de Jacques Prévert – Un conseil, suivez bien la recette !

Pour faire le portrait d’un oiseau

Peindre d’abord une cage
avec une porte ouverte
peindre ensuite
quelque chose de joli
quelque chose de simple
quelque chose de beau
quelque chose d’utile
pour l’oiseau

Placer ensuite la toile contre un arbre
dans un jardin
dans un bois
ou dans une forêt
se cacher derrière l’arbre
sans rien dire
sans bouger…

Parfois l’oiseau arrive vite
mais il peut aussi bien mettre de longues années
avant de se décider

Ne pas se décourager
attendre
attendre s’il le faut pendant des années
la vitesse ou la lenteur de l’arrivée
de l’oiseau n’ayant aucun rapport
avec la réussite du tableau

Quand l’oiseau arrive
s’il arrive
observer le plus profond silence
attendre que l’oiseau entre dans la cage
et quand il est entré
fermer doucement la porte avec le pinceau
puis
effacer un à un les barreaux
et ayant soin de ne toucher aucune des plumes de l’oiseau
faire ensuite le portrait de l’arbre
en choisissant la plus belle de ses branches
pour l’oiseau
peindre aussi le vert feuillage et la fraîcheur du vent
la poussière du soleil
et le bruit des bêtes de l’herbe dans la chaleur de l’été
et puis attendre que l’oiseau se décide à chanter

Si l’oiseau ne chante pas
c’est mauvais signe
mais s’il chante c’est bon signe
signe que vous pouvez signer
alors vous arrachez tout doucement
une des plumes de l’oiseau
et vous écrivez votre nom dans un coin du tableau.

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Zut ! J’ai du ne pas suivre tout à fait la recette…


Les célébrités et leur chien : Gainsbourg et Nana


La Belle et la Bête (propos de Serge Gainsbourg lui-même)

photos by Andrew Birkin

Serge Gainsbourg et son bull-terrier, Nana – photo prise en 1977 par le frère de Jane, Andrew Birkin.

     Dans les années 70-80, le bull-terrier était peu connu en France. Il n’y avait à cette époque pas plus d’une quinzaine de chiens de cette race dans le pays et Serge Gainsbourg, croisant un jour un homme accompagné de l’un d’entre eux aurait alors déclaré : « Quand j’aurai un jardin, j’aurai un chien de cette race ». Sans doute l’homme aux oreilles de choux qui se trouvait très laid avait-il vu dans cet animal au physique  si décrié un compagnon d’infortune et l’occasion d’une provocation. Il devra attendre son installation avec Jane Birkin dans le petit hôtel particulier de la rue de Verneuil, dans le septième arrondissement de Paris pour réaliser son vœux. Ce sera Jane qui lui offrira Nana pour son anniversaire. 
     Gainsbourg était très attaché à Nana, ce chien « pas comme les autres » : « Les hommes non seulement sont racistes envers leurs semblables, mais ils sont aussi racistes envers les chiens. Les femmes ont souvent un mouvement de recul face à Nana, parce que ce n’est pas le chien qu’elles ont l’habitude de voir ». Il entretenait avec Nana, une relation vraie et affectueuse, exempte d’artifices et de faux-semblants dans laquelle il pouvait être enfin lui-même sans être obligé de jouer le personnage blasé, misanthrope et cynique qu’il s’efforçait habituellement de paraître. Un jour en Espagne, Nana s’enfuit de l’hôtel où il logeait et Gainsbourg en fut malade : « Je n’ai jamais été aussi malheureux que depuis la disparition de mon père ». C’est à l’occasion d’un appel lancé lors d’une émission de la télévision espagnole que le chanteur retrouvera sa chienne. La mort de Nana en juillet 1978 va le faire pleurer comme un enfant et il ira jusqu’à s’endormir sur le coussin de l’animal. L’auteur de la biographie Gainsbourg (éditions J.C. Lattès), Yves Salgues, rapporte qu’il aurait déclaré : « Appelez-moi un menuisier. Qu’on lui fasse un cercueil dans le meilleur bois blanc et qu’on y grave le nom de Nana Gainsbourg sur une plaque de cuivre. » et dans une chanson écrite en 1980, Des laids et des laids il évoquera de nouveau Nana : « C’est moi qui buvais et c’est elle qui, d’avoir bu mes paroles, est morte d’une cirrhose ».

On dit que les chiens et leurs maîtres finissent par se ressembler. Dans certaines de ces photos,
je trouve effectivement une ressemblance troublante entre Gainsbourg et Nana…
Mis à part les oreilles, celles de Gainsbourg sont beaucoup plus jolies !

     En regardant ces photos, me sont remontées à la mémoire deux scènes filmées dans lesquelles Gainsbourg avait mis en avant ses enfants, ce qui est un euphémisme pour dire qu’il les avait «exhibé» en public tout en prétendant qu’il les aimait tendrement et passionnément. La première de ces deux scènes est tirée du clip accompagnant son interprétation de la chanson Lemon Incest, réalisé en 1984 ou 1985, au moment où on le voit torse nu au lit serrant contre lui Charlotte alors âgée de 12 ans et elle-même peu vêtue. La seconde qui a lieu 3 années plus tard est celle où, déjà fortement diminué,  il fait venir sur la scène du Zénith Lulu âgé de 2 ans, le fils qu’il a eu avec bambou, apparemment totalement déboussolé. Comment, en regardant sur les photos présentées ci-dessus et sur la vidéo qui suit, sa chienne Nana avec sa petite taille, son aspect glabre, sa face innocente, touchante et muette et son état de totale dépendance par rapport à son maître, ne pas penser à un jeune enfant. Les relations qu’il entretient avec ses enfants et Nana sont significatives : amour, tendresse, fierté, exhibitionnisme et provocation. En proie à ses difficultés relationnelles, il était incapable, tant pour ses enfants que pour son chien, de respecter leur identité propre et de les protéger, il les entraînait avec lui pour le meilleur et pour le pire dans le maelström souvent glauque de sa gloire et de ses dérives. Triste…

Enki sigle

Interview de Gainsbourg avec sa chienne Nana réalisé en 1976