Le dressage des filles
Extrait d’un film documentaire du réseau vidéo Canopé sur l’anthropologue Françoise Héritier au Burkina Fasso ( 2 mn 12), c’est ICI
Le dressage des filles
Extrait d’un film documentaire du réseau vidéo Canopé sur l’anthropologue Françoise Héritier au Burkina Fasso ( 2 mn 12), c’est ICI
Touchés au cœur !
Regardez cette photo terrifiante, ne voyez-vous pas Notre Dame
au visage effaré agiter un bras en proie aux flammes.
Quelqu’un dans la foule la comparait à « une bête blessée. »
***
L’inconcevable s’est produit et les larmes me viennent aux yeux. Que dire face à ce spectacle affligeant, sinon que quelque chose en nous s’est brisé peut être définitivement car nous portions en nous cette cathédrale et elle nous habitait comme habitent au plus profond de nous-mêmes d’autres chef-d’œuvres du génie humain tels le Mont Saint-Michel, le château de Versailles, la Basilique de Vézelay et la Tour Eiffel et au-delà le Taj Mahal et l’Alhambra de Grenade et bien d’autres encore. Nous sommes aujourd’hui comme amputés d’une part vitale de nous-mêmes. Notre-Dame de Paris, c’était notre fierté, notre assurance, l’un des socles sur lequel s’appuyait notre culture, notre identité, notre histoire. Elle apparaissait au dessus des toits de Paris comme un fantastique éperon de pierre qui avait résisté à toutes les tempêtes de l’histoire et à l’usure du temps et semblait pour cela indestructible. C’était le lien qui nous rattachait à des moments forts de notre passé, celui du Moyen-Âge, où la foi de notre peuple et son génie avait, pour se lancer à l’assaut du ciel, inventé l’élégance et la légèreté de l’architecture gothique dont Notre Dame de Paris était l’un des plus purs exemples et qui allait se répandre par la suite dans toute l’Europe, celui de l’épopée napoléonienne lorsque la cathédrale servit de cadre au couronnement de l’empereur, celui du siècle de Victor Hugo avec son roman Notre-Dame de Paris que nous dévorions, enfants, fascinés par les personnages d’Esmeralda et de Quasimodo, et de Viollet-le-Duc qui avait sauvé de la ruine de nombreux monuments de France et avait « achevé » Notre-Dame en la coiffant du point d’orgue que constitue la flèche centrale faite de bois de chêne recouverte de plomb, Flèche que je viens de voir tomber en flammes sur elle-même après avoir longtemps résisté au brasier et enfin, siècle de l’occupation et de la libération lorsque le 26 août 1944, le général De Gaulle, après avoir descendu à pied les Champs-Élysées se rendit à la cathédrale pour assister à un Te Deum. Combien de fois me suis-je recueilli dans ce haut-lieu de l’esprit lors de mes études à Paris, bien que je n’avais pas la foi, simplement pour me sentir en communion étroite avec la beauté, le sublime, l’histoire. Lors de ma dernière visite, j’avais recherché la Vierge à l’Enfant, cette statue du XIVe siècle, près de laquelle Paul Claudel, le 25 décembre 1886, à l’âge de 18 ans, avait été touché par la révélation et s’était converti. Je n’avais été touché par aucune grâce ce jour là mais j’avais ressenti une nouvelle fois la grandeur et la sérénité du lieu. Au moment même où j’écris ces lignes, j’apprends par la télévision que les pompiers tentent de sauver « le maximum d’œuvres d’art », Peut-être cette statue de Notre-Dame sera-t-elle sauvée mais qu’en sera-t-il des joyaux de la chrétienté que constituent les trois magnifiques rosaces datant du Moyen-âge dont l’une, la Rose Sud avait été offerte par le roi Saint-Louis ? Sans doute, le pays tout entier s’attachera-t-il à reconstruire au mieux ce monument emblématique, et se mobilisant, y parviendra sûrement. Mais rien ne sera plus comme avant. L’âme du monument se sera envolée de la même manière que « la cathédrale dans la cathédrale » que constituait l’immense charpente faites d’arbres qu’on avait abattu au Moyen-Age en Île-de-France et qu’on appelait « la Forêt » se sera métamorphosée en fumée.
Cette blessure qui nous accable ne sera malheureusement pas la seule. Il est une autre blessure morale qui va désormais nous hanter : le sentiment de honte de ne pas avoir été capables de préserver ce joyau d’architecture si important pour nous Français parce qu’il fondait notre existence et notre avenir. Nous avons failli, nous n’avons pas été dignes de l’héritage qui nous avait été légué. Il n’y a pourtant pas de fatalité. On sait, on devrait savoir, que réaliser des travaux dans une cathédrale de bois sec est extrêmement dangereux. Les cas d’incendies dévastateurs intervenus dans ce genre de circonstances sont nombreux. On pense à l’incendie du Parlement de Bretagne à Rennes causé par le jet par un manifestant d’une fusée de détresse. Comment se fait-il qu’à l’occasion de ces travaux si délicats dans un monument si important les précautions nécessaires n’aient pas été prises. Y avait-il un service de sécurité permanent sur le site ? Avait-on pris la précaution de mettre en place de manière préventive des tuyaux d’incendie au niveau de la charpente qui auraient pu permettre de stopper l’incendie à ses prémisses ? Que l’on ne vienne pas nous dire que ces précautions n’avaient pas été prises pour raisons d’économie. Il ne peut y avoir aucune excuse à une telle tragédie. Elle révèle notre vulnérabilité due à notre faillite collective. Dans ces conditions que peux-t-il arriver encore demain ? La destruction du Château de Versailles ? une catastrophe dans un réacteur nucléaire ? N’est-ce pas l’EDF, maître d’œuvre de l’EPR de Flamanville, qui s’insurge contre les retards et les surcoûts qu’occasionneront les réparations des soudures défectueuses dans le réacteur qu’impose l’autorité de sûreté nucléaire ? Il serait temps à notre société de faire son examen de conscience et de réagir contre l’irresponsabilité. Il faut considérer ce terrible événement comme un avertissement, notre pays est de moins en moins armé à répondre aux défis civilisationnels que nous avons et aurons à relever. C’est le prix de l’individualisme, de l’ignorance, de l’irresponsabilité, de l’absence de volonté et du renoncement.
La Rose Sud de Notre-Dame de Paris
Récolté depuis sur les médias :
Ainsi il semble bien qu’il n’y aurait eu aucune présence sur le chantier après le départ des ouvriers. Questions : combien va coûter la reconstitution de la cathédrale et combien aurait coûté durant la durée du chantier le coût d’une permanence de sécurité de 2 personnes qualifiées durant les travaux ?
Commentaire entendu le 16 avril de la part d’un spécialiste de ces chantiers : « dans ces chantiers où l’on travaille des matières comme le plomb, on utilise des système de chauffage électrique qui continuent à produire de la chaleur même après leur extinction ».
« En général, les occidentaux situent le mystère dans l’obscurité. En Grèce, le mystère se passe en pleine lumière. C’est cette surexposition de lumière qui crée le mystère. »
Angélique Ionatos citant Elytis.
Angélique Ionatos
Titre extrait de l’album « O Hélios O Héliatoras » paru sur le label « Arc en Ciel » en 1983 Angélique Ionatos : chant, guitare Sur un poème de Odysseus Elytis.
Odysseus Elytis (1911-1996)
Traduction des paroles de la chanson « Omorphi ke paraxeni patrida » , d’après le poème de Odysseus Elytis, prix Nobel de littérature en 1979.
Belle mais étrange patrie
Belle mais étrange patrie
Que celle qui m’a été donnée
Elle jette les filets pour prendre des poissons
Et c’est des oiseaux qu’elle attrape
Elle construit des bateaux sur terre
Et des jardins sur l’eau
Belle mais étrange patrie
Que celle qui m’a été donnée
Elle menace de prendre une pierre
Elle renonce
Elle fait mine de la creuser
Et des miracles naissent
Belle mais étrange patrie
Que celle qui m’a été donnée
Avec une petite barque
Elle atteint des océans
Elle cherche la révolte
Et s’offre des tyrans
Belle mais étrange patrie…
Όμορφη και παράξενη πατρίδα
Όμορφη και παράξενη πατρίδα
ω σαν αυτή που μου ‘λαχε δεν είδα
Ρίχνει να πιάσει ψάρια πιάνει φτερωτά
στήνει στην γη καράβι κήπο στα νερά
κλαίει φιλεί το χώμα ξενιτεύεται
μένει στους πέντε δρόμους αντρειεύεται
Όμορφη και παράξενη πατρίδα
ω σαν αυτή που μου ‘λαχε δεν είδα
Κάνει να πάρει πέτρα την επαρατά
κάνει να τη σκαλίσει βγάνει θάματα
μπαίνει σ’ ένα βαρκάκι πιάνει ωκεανούς
ξεσηκωμούς γυρεύει θέλει τύρρανους
Όμορφη και παράξενη πατρίδα
ω σαν αυτή που μου ‘λαχε δεν είδα
A beautiful and strange country
A beautiful and strange country
like the one that luck gave me, I ‘ve never seen
He throws the net to catch fish. he catches birds,
he sets a boat on the ground, a garden in the water,
he cries, kisses the dirt, migrates,
ends up by himself, he becomes a man
A beautiful and strange country
like the one that luck gave me, I ‘ve never seen
He tries to grab a stone, he throws it away
he tries to poke in it, he makes miracles
he takes a little boat, he reaches the oceans
he asks for a revolution, he asks for tyrants
A beautiful and strange country
like the one that luck gave me, I ‘ve never seen
***
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« A Dirge for her (them), the doubly dead.
In that she died so young »
« Lenore » Edgar Allan Poe, 1831
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The Inspector Cluzo – Little Girl & The Whistlin’ Train
(album We the People of the Soil, 2018)
Vu du train – Photos « destructurées » prises avec mon IPhone le 10 février 2015 depuis le train Montréal-New-York vers 13 h 43
Little Girl & The Whistlin’ Train
Little girl wants to look around It won’t be easy
Little girl just hears a sound Going back to old days
Today is a day of the whistling train You got to remember
Today is a day of the blowing rain I just want a ticket to pass around
Last day hanging around No more memories
Last day touching the ground From your old own town
Today is a day It won’t be easy
Today of the whistling sound To hear your whistling sound
It won’t be easy Today is a day of the whistling train
Going back to old days Today is a day of the blowing rain
You got to remember A one way train ticket
I just want a ticket to pass around A one way life ticket
No more memories Making on your own
From your old own town You got to move on
It won’t be easy Surely you get along
To hear your whistling sound Little girl.
Last day hanging around Little Girl & The Whistlin’ Train
Last day here on the ground The Inspector Cluzo
Today is a day album We the People of the Soil
Today of the whistling sound 2018
***
Amtracks Horns
1 mn 27 d’ambiance ferroviaire américaine
photos Enki – États-Unis – février 2015
Le Blog En-Quêtes, les objectifs
« Sous l’exergue de l’auteur latin, les rédacteurs d’En-Quêtes se proposent d’offrir une approche originale et personnelle du savoir :
L’ambition est de faire découvrir à ses lecteurs un grand nombre de sujets distincts sans se limiter aux seules généralités mais en essayant de donner du sens et des explications à chaque thème abordé. Cette ambition s’accompagne chez les rédacteurs d’un souci de clarté et de pédagogie afin que chaque article allie les exigences de la rigueur scientifique et de l’intelligibilité. »
(Extrait de la page de présentation du Blog)
Pour accéder à la page accueil du blog, c’est ICI.
La présentation est sobre, très claire et la recherche des archives est facilitée par le classement en 12 thèmes aisément accessibles. Il suffit de cliquer dans l’image attribuée à l’un des thèmes pour voir apparaître l’ensemble des articles qui lui sont consacrés.
Pour accéder à la page archive présentée ci-dessus, c’est ICI.
Bonne lecture…
William Blake – l’Ancien des Jours traçant le cercle du monde (1794)
Parmi les thèmes les plus traités dans ce blog, celui portant sur le phénomène de « révélation » est l’un des plus importants et des plus fréquemment nommé. la rubrique ABCDaire qui recense et classe par ordre alphabétique les articles de ce blog (cliquer sur le tableau des thèmes présenté sous la photo d’en-tête) indique que 14 articles ont déjà été à ce jour consacrés à ce thème ou ont à voir avec lui :
Révélation (apparition, rencontre, découverte, dévoilement, éclairement, illumination, irradiation, surgissement, épiphanie, divination, initiation, conversion, ravissement, envoûtement, enchantement, magie, sortilège, saisissement, rapt, captation, possession, emportement, ébranlement, vertige, extase, sentiment océanique).
L’appel du vide ou du néant
La conversion religieuse
la puissance magique de l’art
L’émergence soudaine du Cosmos
Le vertige métaphysique ou anthropologique.
Le vertige amoureux, le coup de foudre.
Voir aussi le thème Vertigo et ses annexes dans le tableau des thèmes.
Et aussi quelques morceaux musicaux et chantés qui me transportent et m’envoûtent…
Représentations de l’Orant : à gauche gravure anthropomorphique de Los Barruecos en Espagne – au milieu, peinture rupestre del Pla de Petracos en Espagne (- 8.000 ans) – à droite, l’Orante sur une fresque de la catacombe de Priscille à Rome (IVe siècle). (images tirées d’un article de ce blog sur le peintre Hodler, c’est ICI)
Qu’est-ce qu’une révélation ?
Selon la définition du philologue allemand Walter F. Otto, la « révélation » (Offenbarung) désigne chez l’être humain le phénomène « d’ouverture venant d’en haut, du surhumain sur l’homme; une ouverture qu’avec la meilleure volonté du monde il est incapable de se donner, qu’il ne peut que recevoir de la parole d’une autorité, avec gratitude et docilité ». Se penchant sur les liens profonds qui unissent la révélation et le mythe, Walter Otto poursuit en affirmant que celui-ci « n’est pas le résultat d’une réflexion, vu que la vérité qu’il contient et qu’il est n’a pas été conclue au terme d’une démarche de la pensée, une seule possibilité demeure : loin d’être saisi et appréhendé par l’homme, le mythe, à l’inverse, a saisi et appréhendé (voir ébranlé) l’homme lui-même (ce qu’atteste l’attitude immédiatement active (…) qui en résulte). La vérité ne devient donc pas manifeste à l’homme à la suite de ses propres investigations, elle ne peut se révéler qu’elle-même. » (Essai sur le mythe, p.55)
Tout semble dit dans ce texte. La « révélation », ce sentiment puissant qui vous « appréhende » et vous « ébranle » ne provient pas, selon ce penseur de votre for intérieur, ou tout au moins, n’est pas contrôlé par vous. Tout au contraire, il s’impose à vous, venant d’en haut, ce qui signifie qu’il vous est imposé avec autorité par une entité supérieure à laquelle vous ne pouvez qu’obéir avec gratitude et docilité… C’est donc à un ravissement auquel nous avons à faire. La révélation agit comme le ferait un charme par un effet d’un sortilège qui annihile la volonté de celui qui en est frappé. On retrouve là tous les attributs du sacré tels qu’il a été défini par le compatriote homonyme de Walter Otto, le théologien Rudolf Otto dans son essai Das heilige (le Sacré) et vulgarisé plus tard par l’historien des religions roumain Mircea Eliade : Le sacré ne se contrôle pas, il se « manifeste » et s’impose à nous par un acte mystérieux transmettant quelque chose de « Tout autre » étranger à notre monde… Ajoutons que l’adhésion n’est pas toujours docile comme nous le présente Walter F. Otto qui faisait plutôt référence dans ses écrits à la conversion religieuse, n’oublions pas que le mot ravissement issu du latin rapere (« entraîner avec soi », « enlever de force ») possède le double sens de « adhésion par subjugation » et d’ « enlèvement par la force ». La révélation peut aussi se manifester avec violence sous l’effet d’un choc déstabilisateur qui diminue les facultés de défenses du sujet.
Le 6 avril 1637, Coup de foudre de Pétrarque pour Laure de Noves
Le Caravage – Conversion de Paul de Tarse sur le chemin de Damas, vers 1600
William Blake – Le Dragon rouge et l’homme solaire, vers 1803
Dans les articles qui suivront nous poursuivrons la réflexion commencée avec nos articles précédents sur la relation intrinsèque qui semble unir le phénomène de révélation — qu’elle soit artistique (expérience du «sublime», inspiration), sensuelle (coup de foudre) ou spirituelle (conversion) — avec les concepts de profane et de sacré et sur le rapport qui unit le sacré et le religieux. Doit-on considérer que le sacré est toujours de nature religieuse ou peut-on envisager la forme paradoxale d’un sacré qui serait de nature « laïque » ? Une réponse positive à cette question aurait pour effet de le réintégrer dans la dimension du profane… Pour tenter de répondre à ces questions, nous étudierons chez divers penseurs et artistes qui ont déclarés avoir vécu l’expérience de révélation le contenu qu’ils donnaient à ce phénomène et comment ils expliquaient son apparition.
Peut-être avez-vous vous-mêmes fait l’expérience d’une révélation que vous voudrez nous faire partager…
Chanson produite par Gérard Manset en 1968, elle sortira de nouveau en 2011, interprétée par dEUS, un groupe de rock belge expérimental originaire d’Anvers formé en 1991. Clip monté par Obok Manitoba.
Animal
Animal, on est mal
On a le dos couvert d’écailles
On sent la paille
Dans la faille
Et quand on ouvre la porte
Un armée de cloportes
Vous repousse en criant
« Ici, pas de serpent! »
Animal, on est mal.
Animal, on est mal.
Animal, on est mal.
On a deux cornes placées
Sur le devant du nez.
On s’abaisse.
On s’affaisse.
On a la queue qui frise.
On a la peau épaisse.
On a la peau grise
Et quand on veut sortir
Avec une demoiselle,
On l’invite à dîner.
Quand elle vous voit,
Que dit-elle ?
Il ne vous manque qu’une bosse.
Vade retro, rhinocéros! »
Animal, on est mal
Animal, on est mal
Animal, on est mal
On assiste à l’opération de la girafe.
La voilà qui se retrouve le cou plein d’agrafes.
Elle appelle au secours
On veut lui mettre un pantalon
Mais il est trop court
Animal, on…
Gérard Manset
Il faudrait savoir….
« Les philosophes n’ont jamais fait que boucher les trous de l’univers avec les lambeaux de leur robe de chambre »
Freud, cité par Roland Jaccard dans La tentation nihiliste – 1ère édit. 1989.
« Avec son bonnet de nuits et des lambeaux de sa robe de chambre, le philosophe bouche les trous de l’édifice universel »
Heinrich Heine
Après vérification, il semble bien qu’il faille attribuer à Heinrich Heine (1797-1856), la paternité de cette citation. En effet, Freud la présente lui-même comme une citation du poète allemand dans un passage des Nouvelles conférences sur la psychanalyse qu’il a prononcées au cours des années 1915-1917 à l’Université de Vienne :
« La philosophie ne s’oppose pas à la science ; se comportant elle-même comme une science, elle en emprunte aussi parfois les méthodes, mais s’en éloigne en se cramponnant à des chimères, en prétendant offrir un tableau cohérent et sans lacunes de l’univers, prétention dont tout nouveau progrès de la connaissance nous permet de constater l’inanité. Au point de vue de la méthode, la philosophie s’égare en surestimant la valeur cognitive de nos opérations logiques et en admettant la réalité d’autres sources de la connaissance, telles que, par exemple, l’intuition. Assez souvent, l’on approuve la boutade du poète (Henri Heine) qui a dit en parlant du philosophe : « Avec ses bonnets de nuit et des lambeaux de sa robe de chambre, il bouche les trous de l’édifice universel ». Mais la philosophie n’exerce aucune influence sur la masse et n’intéresse qu’un nombre infime de personnes, même parmi celles qui forment le petit clan des intellectuels.
Sigmund Freud, Nouvelle conférence sur la psychanalyse, Paris, Gallimard, 1936.
En fait, il s’agit plus d’une imprécision de Roland Jacquard qu’une erreur puisque celui-ci rectifiera le tir dans son ouvrage Freud, jugements et témoignages publié en 2006 :
« Incontestablement, le « Surmoi » de Freud était un « Surmoi » scientifique, hyperfocal et positiviste. Grosso modo, d’ailleurs, son œuvre peut-être qualifiée de « scientifique » — tant par la rigueur de ses observations qui la légitiment que par la cohérence de l’appareil théorique qui la fonde — d’« hyperfocale » — par la primauté qu’elle accorde à la sexualité génitale — et de « positiviste » — par sa croyance implicite en le bienfaits d’une dictature de la raison et sa méfiance devant toute spéculation philosophique. Freud approuve la boutade de H. Heine qui, en parlant du philosophe, dit : « Avec ses bonnets de nuit et des lambeaux de sa robe de chambre, il bouche les trous de l’édifice universel ».
Roland Jaccard, Freud, Jugements et témoignages – PUF, 2006.
Cinéma – Quand la beauté attire la convoitise et la haine… Article dédié à tous les vers de terre ( dont j’ai fait partie et dont je ferais de nouveau un jour partie…)
Malena, film italien de Giuseppe Tornatore avec Monica Bellucci, musique d’Ennio Morricone
Nous sommes en Sicile au printemps 1940 dans la petite ville sicilienne de Castelcuto, Mussolini vient de déclarer la guerre à la France et à la Grande-Bretagne. Renato Amoroso, le bien nommé, un garçon de treize ans qui vient de recevoir sa première bicyclette est en proie aux premiers tourments de l’amour. Il est amoureux fou de Maddalena Scordia, surnommée Malena, une ravissante veuve de guerre et la suit partout avec son vélo, humant, les yeux clos, son parfum quand elle passe à ses côtés mais il n’est pas le seul, Malena fait tourner la tête à tous les hommes de la ville. Il faut la voir marcher dans les rues, beauté sublime et hiératique, indifférente et inaccessible sur laquelle se concentre une multitude de regards admiratifs et concupiscents mais aussi de haine de la part des épouses jalouses. Celles-ci chercheront à la détruire et y parviendront au moins un temps, aidées en cela par la lâcheté et même parfois la complaisance de leurs hommes aigris de frustration. L’étoile inaccessible qui brillait intensément si haut dans le ciel va se brûler en entrant dans l’atmosphère de folie des années de guerre. Le seul qui l’aidera à surmonter cette épreuve sera le petit Renato qui en tirera une leçon de vie pour devenir un homme.
« Madame, sous vos pieds, dans l’ombre, un(e graine d’)* homme est là. Qui vous aime, perdu dans la nuit qui le voile ; qui souffre, ver de terre amoureux d’une étoile ; Qui vous donnera son âme, s’il le faut; Et qui se meurt quand vous brillez en haut. »
* par moi ajouté... Victor Hugo, Ruy Blas.