Enki écrits

–––– Lumière du Nord  – août 2017 ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

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. Ostende, ville de l’entre-deux, ni grise, ni verte

–––– Axis Mundi – années 2015 & 2016, sur les rives du lac d’Annecy  –––––––––––––––––––––––––

Lac d'Annecy - photo Enki (IMG_3353)

. Rencontre inopportune (in article sur le mont Charvin)
Entre chien et loup
. Axis Mundi – l’allée des platanes
. un certain regard
. le petit chemisier rouge à pois blancs

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–––– Cap Sizun, été 2011 : poèmes d’eau, de sable et de vent  –––––––––––––––––––––––––––––––––

Baie d'Audierne - PF photo perso - DSC_0328

. sur le fil du monde
cerveau reptilien
. gris métal
. PANORAMIQUE !
Comprendre le bruit de l’océan… (1)
Comprendre le bruit de l’océan… (2)
En chemin vers le ciel
Dentelles de deuil
La rue haute à Audierne
. L’amante religieuse

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–––– Bretagne, été 2011 : poèmes de granit  –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

cathédrale de Guingamp

Histoire de fou
. Trompe l’œil
. La Jeannette
. Havre de paix
. Soleil coléreux
. Visite nocturne
. L’école buissonnière
. la cave et le grenier
. le grand sapin
. Histoire de fermeture-éclair
. Sur la route des vacances
. INTERNET
. Fantoch Hop !
. A propos de la « Fabrique du consensus »…

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–––– Poèmes de larmes et de sang ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

ama-rouge

. Rouge hypnotique
. Dialogue de sourds avec Dieu

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–––– Poèmes d’avant –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Capture d’écran 2013-06-11 à 16.59.32

. les hasards heureux de l’escarpolette
. Vous, les liseuses…
. Le rayon malchanceux*
. Mon étoile*
. Rêve de cristal
. Dynanamite*
. Encore un jour de rien*
Brooklyn Bridge
. La petite fille aux pailles de fer sous les souliers…*
. Les six et un chemins*

 * poèmes figurant en fin de cette page

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–––– Cap Sizun, étés 2011 et 2013, 2015 : poèmes d’eau, de sable et de vent  –––––––––––––––––––––

     La plage entièrement déserte de l’heure du dîner, au moment où le crépuscule s’assombrit. Très grande, élancée, très bien faite, les cheveux dénoués, les bras nus, la taille serrée dans une de ces longues jupes de gitane aux bandes biaises qui sont à la mode cette année et qui traînent fastueusement sur le sable, une femme toute seule, faisant jouer avec ostentation ses hanches l’une après l’autre et renversant parfois le visage d’un mouvement voluptueux du cou, s’avance vers la mer à pas très lents, avec la démarche théâtralissime d’une cantatrice qui marche vers la rampe pour l’aria du troisième acte. Il y avait dans ce « jeu du seul » mimé devant l’étendue vide une impudeur tellement déployée qu’elle en devenait envoûtante ; aucun miroir au monde, on le sentait, aucun amant n’eût pu suffire à une telle gloutonnerie narcissique: elle marchait pour la mer.                     [Julien Gracq, Lettrines II, 2,367]


la Grande Baie d'Audierne - photo Enki, IMG_3061

Sur le fil du monde

Le monde était rond, 
en tout point semblable
à une grosse pelote de laine,
Un fil ténu en dépassait.
C’était trop tentant…
J’ai tiré, tiré, tiré,
tiré encore et encore,
tiré à n’en plus finir… 
la pelote s’est alors dévidée,
peu à peu, jusqu’à ne plus exister…
Et de l’immense et vaste monde,
il n’en est resté plus qu’un fil,
un fil tendu entre océan et ciel
un fil ténu sur lequel, 
fanfaron que j’étais,
j’ai voulu monter et marcher,
et courir, et danser,
comme font les funambules agiles…
Mais n’est pas acrobate qui veut
et je suis tombé, pitoyable Icare,
dans l’océan glouton
où je me suis proprement noyé.

Enki signature°°°
le 22 mai 2015

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Baie d'Audierne - PF photo perso - DSC_0328

Cerveau reptilien

Elle marchait sur la plage,
le portable à l’oreille.
Elle ne voyait rien
de tout ce qui gravitait
autour d’elle,
ni le sable, ni la fuite des nuages,Felicien Rops, Pornocrates 1878
ni le déferlement des vagues, 
ni moi…
Elle n’entendait rien
de tout ce qui bruissait
autour d’elle,
ni le souffle languissant du vent, 
ni le fracas des vagues,
ni moi, 
qui lui a dit 
quelque chose de gentil,
en passant.
C’était le grand reptile                                           
tapi au fond d’elle-même
qui dirigeait ses pas…
il a posé son regard froid 
sur moi…
et n’a pas jugé utile
de transmettre le message… 

Enki – Baie d’Audierne, 31 juillet 2011

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Baie d'Audierne - PF photo perso - DSC_0300Baie d'Audierne - PF photo perso - DSC_0333

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Baie d'Audierne - PF photo perso - DSC_0293

Gris métal

Ce matin, le ciel est métal,
fer-blanc, zinc, étain…
aucun nuage pour égayer
le fond du tableau.
L’océan, idem :
une immense tôle 
d’acier galvanisé
mais les mouettes
y ont laissé tomber
quelques plumes…
Mes pensées aussi sont ternes.
Au cours de la nuit,
on a coulé
du plomb fondu
dans ma tête.                                                    

     Enki, Pont-Croix, 5 août 2011

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coup de vent

PANORAMIQUE !

9 août 2011, en Baie d’Audierne…
C’est le soir. La marée est montante.
Des cohortes de vagues se ruent à l’assaut de la plage.
Des bataillons de nuages ratissent le ciel,
Les embruns vous fouettent le visage.
La vue est dégagée jusqu’à Penmarch :
vingt kilomètres de sable blanc battus
par un océan déchaîné nous sont offerts.
Nous marchons faces contre le vent
comme dans un tableau de Lemordant
Un bonheur….

Sur le parking,
une caravane stationne, le nez tourné vers la scène.
Dans l’habitacle, un couple est confortablement assis,
derrière leur grand pare-brise panoramique…
Ils assistent au spectacle, ravis.
Il n’est pas question de sortir, le temps est trop mauvais.
Ils ont relevés les vitres pour se protéger des embruns
et du vent du large qui souffle par rafales.
Ils sont venus parce qu’ils avaient vu
un reportage sur la baie, à la télévision,
dans l’émission Thalassa,

sur leur grand écran panoramique… 

Enki, Baie d’Audierne

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La chasse à la baleine…

C’est assez !

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J’ai atteint le « no man’s land ».
Je voulais m’y retrouver…
Il n’y avait  personne,
pas même moi-même.

 Pont-Croix, 1er août 2011

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Comprendre le bruit de l’océan… (1)

Qu’y a t’il à comprendre dans le bruit de l’Océan ?
L’Océan rugit, gronde, voilà tout
Plus ou moins, selon la force du vent,
L’importance des vagues…

Encore un qui se sera fait dévorer la cervelle par une étrille…
Pourquoi me regardez-vous comme cela ?etrille Oui, j’ai bien dit « dévorer la cervelle par une étrille »
On voit bien que vous n’êtes pas d’ici, vous !
C’est un mal qui ne frappe que les gens de la ville,
Que les gens du même genre que vous,
qui trouvent malin de s’endormir sur nos plages l’été
et qui ressemblent à des grosses méduses échouées
Les étrilles, lorsqu’elles sont encore toutes petites,
Pas plus grandes qu’une puce de mer,
À la recherche d’ombre et d’humidité,
Pénètrent dans l’intérieur de leur tête
Par le trou des oreilles
qui sont juste de la taille qu’il faut.
De là, elles remontent peu à peu
dans l’intérieur de la tête
jusqu’à la cervelle qu’elles trouve à leur goût
et qu’elles grignotent petit à petit
en prenant leur temps
Jusqu’à la manger toute entière.

C’est pour cela que dans la maison d’un mort
On voit parfois s’échapper un gros crabe
Qui prend la direction de l’océan .
Il ne faut surtout pas y toucher
Il conserve en lui l’âme du mort…

Enki, Pont-Croix, le 28 avril 2013

Réaction de Schouch à ce poème : elle m’a regardé avec commisération et dit « You are mad. I am frightened ! »

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phare d'Ekmuhl

Comprendre le bruit de l’océan… (2)

S’imprégner du bruit de l’Océan,                               Pour comprendre le bruit de l’Océan, 
pour le mémoriser, le reproduire                                j’ai marché sur la Grande baie 
et pouvoir le revivre ensuite,                                       les yeux fermés, dans le vent,
par la pensée et l’imagination                                     longtemps, très longtemps…

Comprendre le bruit de l’océan…                              Mal m’en a pris…
pour l’analyser, le décrire,                                           J’ai rouvert les yeux brusquement
et pouvoir le reproduire ensuite                                  quand j’ai pris le phare de Penmarc’h
par la parole ou l’écriture                                             en pleine gueule…

C’est ce que j’essayais de faire
sur la grande baie d’Audierne,
cet immense croissant de sable blanc,                       Enki, Pont-Croix, avril 2013
ventre mou de la pointe de Bretagne
que la terre expose sans défense
aux assauts furieux de l’Océan et des vents 

Comprendre le bruit de l’océan…
Est-ce un sourd grondement, un rugissement,
une suite de soupirs, un gémissement,
une respiration, un halètement,
des cris, des hurlements, des hululements ?

Comprendre le bruit de l’océan…
Pour cela fermer les yeux,
ne plus voir le monde,
les vagues, le sable, le soleil,
Le ciel, ses nuages, ses oiseaux.
pour qu’il résonne et résonne encore
au plus fort dans votre tête …

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.Douarnenez, rue de l'observatoire

En chemin vers le ciel..

 A Douarnenez,
la rue de l’observatoire,
la bien nommée,
Est un raccourci pour le ciel
A mi-chemin,
vous devrez payer votre dîme
A une mouette tridactyle.
Mais un obstacle demeure :
l’écheveau arachnéen
de l’Eudefe et des Pététés.

Enki, Douarnenez, le 5 août 2011

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Odilon Redon, l'araignée    Dentelle de deuil

    Au-dessus de Douarnenez,
     une araignée patiente et têtue,
     tend ses fils et tisse sa toile
     Personne ne l’a encore vu…
     On dit qu’elle ne sort que la nuit,
     que le jour, elle se terre
     dans les ruines des conserveries
     ou bien dans les entrepots
     vides et silencieux du port.
     elle étend partout sur la ville
     son écheveau de fils noirs
     et la pare lentement
     d’une dentelle de deuil.

Enki, Douarnenez, 15 août 2011

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Port d'Audierne

La rue haute à Audierne

Au-dessus du port d’Audierne,
une rue toute en longueur
domine le quartier du port
et s’étire sur la crête.
C’est la rue du Maréchal Joffre.
Ses maisons sont très policées,
elles sont bretonnes…
Elles s’alignent sagement
sans jamais se bousculer
mais toutes se dressent,
sur la pointe des pieds,
pour contempler la mer.

Enki, Pont-Croix, 17 août

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L’amante religieuse

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Sur un banc du port,
assise à califourchon
sur les genoux d’un garçon,
une jeune fille blonde
lui dévore le visage,
avec méthode et application,
C’est une perfectionniste,
elle aime le travail bien fait,
et prend tout son temps,
A coup sûr, il ne restera
plus rien à consommer
après son passage…
rien pour les vautours,
rien pour les chacals…

Enki, Audierne, 5 août 2011

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–––– Ce que m’ont chuchoté les pierres –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

cathédrale de Guingamp

Histoire de fou…

Dans la ville endormie
le sonneur est fou à lier…
C’est pour cela qu’on l’a attaché
aux cordes de ses cloches.
Toutes les nuits, il les fait sonner.
Elles sonnent, elle sonnent…
Mais cela ne dérange personne
car ce sont des cloches de bois.
Mais lui les entend sonner toutes.
Elles résonnent dans sa tête,
Elles résonnent à tue-tête,
Elles lui ont tué la tête,
C’est pour çà qu’il est fou…

Enki, Guingamp, 8 août 2011

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Trompe l’œil

le tableau semble accrochéBalthus sur la façade de l’immeuble.
Le cadre grossier qui l’entoureimite les encadrements de granit
des vraies fenêtres voisines.
C’est une peinture en trompe-l’oeil
qui représente une jeune fille
accoudée sur le rebord d’une fenêtre.
Elle regarde, pensive, le paysage.
Le tableau est criant de vérité.
Pour faire encore plus vrai
l’artiste a fait déborder
un voile sur le cadre de granit.
En arrière plan de la compositionAndras-Kaldor-Girl-in-the-window-1847797
on distingue un intérieur bourgeois :
lustre, buffet, horloge …
et, accroché à un mur,
le calendrier des postes.
C’est un tableau animé,
au bout d’un moment
le voile s’agite au vent,
la jeune fille se redresse
et s’évanouit dans le décor

Enki, Kerhoanton 16 août

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La Jeannette

Pont-Croix, la rue Pénanguer, 1906

A Pont-Croix,
dans la rue de Rosmadec,
vivait une très vieille dame
aux habits aussi noirs que le geai,
aux cheveux gris comme la cendre.
On l’appellait la Jeannette.
Elle avait un gros chat,
A la pelure aussi noire que le geai
Mais quand, dans la vitrine, il dormait
Il était aussi gris que la cendre.
La Jeannette avait un neveu
aux cheveux noirs comme le geai.
Mais quand il passait la tête
à travers l’ouverture béante du grenier,
ils étaient devenus tout gris,
aussi gris que la cendre.
Le neveu de la Jeannette
était aussi son mitron.

Dans le grenier, il cuisait le pain :Capture d’écran 2013-07-21 à 07.23.51
 farine de sarrazin pour le pain noir,
farine de froment pour le pain blanc.
Dans la rue de Rosmadec,
On ne voit plus la Jeannette
Son neveu aussi a disparu…
le gros chat est toujours là
mais sa pelure est toujours noire,
aussi noire que les plumes du geai
Fini le pain noir au sarrazin,
Fini le pain blanc au froment.

               Enki, Pont-Croix, 13 août 2011,

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–––– Dans le hameau de K……. –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

paysage attribué à Gauguin

Havre de paix

Sommes arrivés hier à K….
Les images, les bruits, la fureur,
Sont restés à l’entrée du village
Bloqués par un cordon d’hortensias.
Ils s’agitent et trépignent,
tentent à tout prix de passer.
Rares sont ceux qui y parviennent,
ils sont vite rattrapés…
On nous les emmène
pour décider de leur sort.
La plupart sont éconduits
mais certains parfois restent…
cela dépend de notre humeur.
Pas de télévision, pas de téléphone,
si nous voulons connaître
les nouvelles du monde,
il nous faut aller à la chasse :
au-dessus de la maison
passent de grands papillons
aux ailes de papier journal,
y sont imprimées les nouvelles du jour.
Par la lucarne nous en capturons quelques-uns
à l’aide du grand filet à crevettes.
Après lecture, nous les relâchons, 
Pour qu’ils poursuivent leur mission…

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soleil coléreux

Tendrement enlacés,
nous lisions à l’unisson
un roman captivant,
mon fauteuil et moi.
Le jardin s’agitait pour rien
à travers la porte ouverte.
Soudainement,
le soleil, furibard,
a fait irruption,
dans la pièce obscure,
dardant des rayons éblouissants.
Ça suffit ! Dehors !
Cria-t’il, hors de lui…                   

Enki, Pont-Croix, 4 août 2011

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Visite nocturne

Cette nuit,DSC_0471 3
On a frappé à ma porte
C’étaient une procession
Composée de toutes les figurines
Des églises et chapelles du cap
Qui venaient me chercher.
Certaines étaient faites de pierre
D’autres de bois peint.

J’ai reconnu les saints de Saint-Tügen
Et ceux de Saint-

On a longtemps marché
A travers les landes et les boisDSC_0446 3 Jusqu’à une fontaine de pierre
sise au pied d’une très vieille chapelle
Une belle dame y était assise
Avec son enfant dans les bras.

A l’aube, je me suis réveillé
Sur les dalles glacées
De la fontaine de Treventec
Dans le pays de Poullan.

Enki, Pont-Croix, 18 août 2011

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L’école buissonnière

Sous la grande prairie bleutée
où l’herbe pousse à l’envers,
des troupeaux de brebis
paissent la tête en bas.
Quelqu’un a balayé la lande
et rassemblé les maisons
en un gros tas autour de l’église
puis il a caché la poussière
sous des brassées d’hortensias.
Nous nous sommes enfuis
du village, un chemin et moi,
pour faire l’école buissonnière
à travers les près et les bois,

Enki, Guingamp, 7 août 2011

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La cave et le grenier

Dans ma maison,
j’entends chaque nuit 
la cave monter l’escalier.
Elle s’arrête sur le palier. 
et attend là patiemment
que le grenier descende.
Il est toujours en retard…
Quand le grenier est là,
je les entends chuchoter
derrière la porte close…

Que peuvent-ils bien se dire ?

Enki, Pont-Croix, 2 août 2011
poème dédié à Zoé qui manie avec dextérité le sécateur...

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Le grand sapin

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Son sort en est jeté Il sera abattu !
Pour le moment, Il ne le sait pas encore,
Il continue à faire son travail d’arbre
comme il l’a toujours fait…
On ne lui a pas demandé son avis.
Mais demande t’on leur avis 
aux condamnés à mort ?
Mais lui, il n’a rien fait ! Me direz-vous,
toujours prêts à défendre la cause
de la veuve et de l’orphelin…
Mais en cherchant bien,
on trouvera quelque chose …
C’est à cause de lui 
que la charpente a pourrie,
que le toit s’est effondré.
Il faisait de l’ombre 
et ses épines fixaient l’humidité 
sur les ardoises grises.
Et puis ses racines déstabilisaient les murs.
Et puis c’est un étranger venu d’on ne sait où…
Il devrait nous remercier
qu’on l’ait si longtemps toléré…

Enki, Pont-Croix, 4 août 2011

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Un bègue est parti en vacance
avec une malentendante.
Que de malentendus !                                  

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        .
Pont-Croix, 1er août 2011

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Les paroles échangées
Au cours du diner
finissaient collées sur le papier mouche

Capture d’écran 2013-08-05 à 14.27.56

        .
Pont-Croix, 10 août 2011
        .

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Rokuro Taniuchi

Histoire de fermeture-éclair.

La route ? une fermeture-éclair qui transforme le paysage en vieux chandail. La voiture ? la glissière de la fermeture-éclair.
Ce matin là, j’ai pris ma voiture pour aller à la ville.
J’ai laissé derrière moi le paysage ouvert en deux moitiés séparées. Entre les deux, il y avait un gouffre profond dont on ne voyait pas le fond. Plus personne ne pouvait passer….
Tout rentrera dans l’ordre, le soir, lorsque je rentrerais…

Enki

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Sur la route des vacances.

Ma voiture ? c’est une goinfre. Elle avale les kilomètres. Elle n’est jamais rassasiée !
Je la vois avaler le ruban gris de la route et même le paysage tout entier. 
J’aime appuyer sur l’accélérateur, les maisons, les prairies, les forêts, les rivières et même les montagnes sont comme englouties : elles entrent par le pare-brise, voletent un moment dans tous les sens tels des oiseaux affolés, se heurtent aux parois et finissent enfin  par s’échapper par la lunette arrière. 
Dans mon rétroviseur, je les vois s’éloigner et disparaître dans le lointain.
Le tronc d’un gros arbre, aussi, est entré mais il y est resté…

Enki

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Internet

l’écran de l’ordinateur ?
Un trou creusé dans la glace
de l’océan gelé des relations     humaines.
Dans ce trou,
je pêche l’océan tout entier.
parfois je rentre bredouille,
parfois je suis comblé.
M’étant endormi un jour
je suis tombé dedans.
L’océan ne m’a pas recraché.

Enki, Douarnenez, 15 août 2011

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Photoshop

Fantoche Hop...

Avant, quand je prenais une photo,
l’œil dans le viseur, je cadrais :
déplacer l’objectif vers la droite
PhotoShoppour cacher les poubelles,
le descendre un peu pour ne plus voir
le fil électrique qui pandouille,
attendre que la grosse dame
disgracieuse ait traversé la rue.
Je n’appuyais sur le déclencheur
que quand plus rien ne clochait…
Résultat de tout cela ?
Mes photos étaient presque parfaites.
Avec l’apparition de Photoshop
Je prend la photo sans me soucier de rien
et sur mon écran d’ordinateur
je coupe, j’élague, j’effaçe, je gomme,
je rajoute, je modifie, je transforme,
bref, j’améliore…
Résultat de tout cela ?
Mes photos sont maintenant parfaites !
Il faut voir mon album de photos.
Je l’ai mis en ligne sur facebook.
Je n’ai que des compliments.
Je trouve que c’est gratifiant
de rendre les choses plus belles.

Enki

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A propos de « la fabrique du consensus »

Noam Chomsky

Il existe plusieurs manières pour rendre les gens sourds :
Leur enfoncer à grands coups de marteaux 
deux grands clous de charpentier dans les tympans.
Leur verser du plomb fondu dans les oreilles.
C’est barbare, cruel et les sourds vous en veulent…
mais il est une méthode plus douce et plus efficace :
Leur verser lentement dans les oreilles du miel tiède.
C’est doux et agréable et les sourds en redemandent…

Enki                                                                                                  Poème dédié à Noam Chomsky
(La Fabrique du consensus)

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Titre

 

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.Fragonard, les hasards heureux de l'escarpolette, 1767-1768

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les hasards heureux de l’escarpolette 

Branlez plus fort , monsieur l’abbé !
Sensation d’une ascension folle
chaos agité des vertes frondaisons.
tournoiement des blanches nuées.
La robe légère et ample s’envole,Capture d’écran 2013-06-11 à 16.59.32
Les mains se crispent sur le chanvre.
Un pied gracile perd un soulier.
Les jambes de soie s’écartent…
Parmi les roses, le visage aimé.
Oh ! que jamais elle ne s’arrête
l’extase grandissante de la montée…
retournement des sens, volupté.
Toujours plus haut ! Plus haut !
Atteindre le soleil, se consumer….
Mais, à l’instant ultime, le vol,
tel celui d’un oiseau foudroyé
ralentit et lentement s’éteint…
instant fugace où tout se fige,
où la raison revient…
Mais de nouveau, vertige de la descente !
Folle accélération du corps et du temps.
Plongée vers les abîmes bleutés.Capture d’écran 2013-06-04 à 14.02.27
La robe se gonfle et déploie ses plis,
rose éclose aux pétales épanouis.
Sous le fond de teint couleur albâtre,
le sang afflue, les joues s’embrasent.
L’oeil mutin scintille dans sa dérive
Des lèvres humides jaillit le cri :
Oh oui ! encore plus fort, Monsieur l’abbé !
Mais ne vois-tu pas, candide enfant,
Que derrière l’abbé, c’est Pan lui-même,
Qui branle et qui branle…..

Epilogue :

Mais qu’avez-vous donc, Monsieur l’abbé ?
Vous semblez tout retourné…

Capture d’écran 2013-08-05 à 14.27.56

           .
janvier 2009
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Jean Jacques Henner - la liseuse - 1883Jean Jacques Henner – la liseuse – 1883

°°°

Aux liseuses

Enfuies de notre monde,
Nous voyons bien que, libres,                                  
vos pensées vagabondent,
où vous souhaitiez aller.                              
En quel lieu de vos rêves
vous êtes vous transportées ?
vous les liseuses, vous les rêveuses
là où, jamais, nous pourrons
vous emmener.

Echappées de nous-mêmes,
nous sommes absents de vos pensées
Avec qui êtes-vous donc ?
que nous ne serons jamais..
vous les liseuses, vous les rêveuses
Et nous maudissons votre ravisseur
Qui a su atteindre votre coeur.

Que faites-vous l’instant présent,
vous les liseuses, vous les rêveuses
Marchez-vous le long d’une grève ?
Etes-vous oiseau, êtes vous sirène ?
Faites vous l’amour ou bien la haine ?
Oh ! être présent dans vos rêves !
coquillage sur la grève….
vermisseau pour l’oiseau…
collier de perle pour la sirène…
amant ou objet de vos haines..    

Capture d’écran 2013-08-05 à 14.27.56

        .
17 janvier 2009

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Mon étoile, 

Ce soir,
je largue les amarres,Caspar David Friedrich - Coucher de soleil sur la mer, 1822 - extrait
je gonfle les voiles,
et je prends le large,
sur l’océan infini
de ta peau d’albâtre.
 
Ce soir l’étrave
de mon esquif
fendra la surface lisse
de ta chair douce et tendre
et tu gémiras doucement
comme le font les voiles
caressées par le vent.
 
Ce soir, je quitte la terre,
la terre où l’on s’ennuie,
et je mets le cap
sur les îles bienheureuses
où il fait toujours beau
où coulent sans fin
l’hydromel et le miel,
où les gens vivent
nus, ignorants et heureux,
comme au début des temps.

Des vols d’oiseaux
fêteront notre départ
et nous accompagneront
longtemps en criant,
Je nous guiderais
en regardant les étoiles
confiant en mon petit astre
qui brille tout là-haut
dans les cieux

Capture d’écran 2013-08-05 à 14.27.56

        .
2009

 

°°°

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Capture d’écran 2013-08-12 à 00.05.17

°°°

Le rayon malchanceux

Un jour, avec cent millions de ses frères,
du soleil incandescent, un rayon s’échappa.
Il visa, dans la constellation du Lion,
une étoile aguicheuse brillant de tous ses feux

A moi, l’amour lumineux et l’éternité du temps !
Pensait le fugitif plein de hâte et d’allant.
Traversant les cieux, telle une flèche de feu.
Il se hâta si vite que, sur la Lune, il ricocha,
perdant, à l’occasion, beaucoup de sa superbe,

C’est en éclair pâle et fugace qu’il heurta la Terre,
achevant sa carrière d’immortel séducteur,
dans une luciole éteinte qui, du coup, s’embrasa.
Son éternité n’avait duré que vingt fois dix secondes
Et de l’amour, le pauvre, il n’avait fait qu’y penser…..

Mais depuis, sur la Terre, dés le crépuscule,
au plus profond des sombres frondaisons,
une petite luciole fixe dans l’obscurité de la nuit,
Très très loin, dans la constellation du Lion,
une étoile aguicheuse brillant de tous ses feux.

Capture d’écran 2013-08-05 à 14.27.56

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28 janvier 2009

Capture d’écran 2013-08-12 à 00.08.05°°°

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Le 4 décembre 1999, deux techniciens, les frères Eloy et Francisco Javier Delgado, qui creusaient un tunnel au fond de la mine de Naica dans le désert du Chihuahua au Mexique ont débouchés dans une cavité naturelle extraordinaire qui abritait l’un des plus beau trésor naturel de la terre : la grotte abritait des cristaux de gypse de taille gigantesque, certains atteignent 1,2 m de diamètre et 11,4 m de longueur.

Cristaux de la grotte de Naica - crédit Wikipedia - photo  Alexander Van Driessche Cristaux de la grotte de Naica – crédit Wikipedia – photo  Alexander Van Driessche 

poème dédié à Lily Martinez de Chihuahua

Rêve de cristal

Ainsi tu existais ! 581px-Gypse_Naica
Monde ignoré, absent
de la conscience des Hommes
mais rêvé par les poètes,
deviné des physiciens.
Trésor caché, enfoui
Au profond de la Terre.
Présence discrète,
sans aucun témoin.
 
Au-dessus de toi :
la fulgurance du coyote,Capture d’écran 2013-08-11 à 22.48.05
l’ondulement du crotale,
le pas lent et hésitant du péone,
le vol tourbillonnant
des essaims de Monarques,
les grappes immobiles
des cactus-pierres lophophores,
pierres philosophales en attente,
qui, sans doute, elles, savaient…
 
Dans l’éternité du temps,
l’alchimie secrète du soufre,
usant du feu terrestre,
de la gravité de la montagne,
combinant mille ingrédients,
a enfantée ce rêve de cristal,grotte-de-naica-une-180x180
cette géomètrie jaillissante.
Tout le trésor des Aztèques,
Tout Tenochtitlan,
ne valent pas ton architecture
fragile et éthérée de gypse,
ton dédale improbable de gemmes.

Quelle divinité a tracée
jusqu’à toi, Nemed de pierres,
le chemin de l’Homme ?cristal-naica-geant-cristaux-formation
Et dans quel dessein ?
Depuis, Ô sacrilège !
il arpente, sans pudeur,
ton entrelacs de purs
et transparents polyèdres.
 
S’il vous plait, fermez à jamais
Les portes du sanctuaire,
Avant que la corruption opère,
corruption de l’air,
corruption de l’âme,
Et qu’il ne reste,
de cette beauté céleste,cristal-cristaux-crystal-crystaux
qu’un souvenir diaphane…
.

Capture d’écran 2013-08-05 à 14.27.56

        .
30 janvier 2009
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Désert de Chihuahua

le paysage au-dessus de la grotte : désert de Chihuahua – Mexique

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      Lors de ma première année d’étude aux Beaux-Arts, l’un des cours les plus courus était le cours de dessin de nu. Ce cours se distinguait des cours traditionnels dans la mesure où le modèle devait se mouvoir en permanence et que les étudiants devaient “capter” sur le vif et transcrire immédiatement, par le dessin, l’esssence même du mouvement…. Le modèle qui posait était une superbe indochinoise qui pendant une heure se mouvait lentement de manière féline sur l’estrade devant une vingtaine de jeunes garcons boutonneux libidineux, à peine sortis de l’adolescence, pour la plupart puceaux et ceci, sans que jamais elle ne daigne croiser leur regard.
Eh oui, malgré notre statut d’artistes en herbe, nous n’en étions pas moins hommes !
Il fallait voir dans quel état nous ressortions après cette heure éprouvante de tension et de désir contenu qui se prêtait à l’éclosion de tous les fantasmes.
Je dois dire que je n’étais pas le dernier à fantasmer… Alors, à sa mémoire, un petit poème, tout en mmmmmmm…

photo Denis Jeanson

photo Denis Jeanson

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Dynanamite…

Ma douce amante annamite,                         Ma mirette, mon miroir,
Au regard d’amande amère.                         Ma moitié, ma moise, ma môme,
Mon anémone de mer de Chine                    Ma mondaine, ma morphine,
Mon amanite phalloïde,                                 Ma morsure, ma mortifère,
Mon âme aimante de venin,                          Ma moue, ma muette, ma mouflette,
Ma douce amertume, mon amer,                Ma moutarde, ma mouvante,
Ma muse amusée, ma musette,                    Mon épouvante qui me hante
Ma mutine, mon  émusine,                            Ma moule, ma mulette, mon amulette
Mon museau non muselé                               Ma murène, ma reine,
Ma mante religieuse, mon mantra              Ma musarde, ma musaraigne,
Mon aimante qui m’aimante,                       Mon araignée qui tisse sa toile,
Ma belle menteuse, mon mentor,                Ma Pénélope, mon interlope,
Ma tendre amie, ma douce manie               Mon musc, ma noix de muscade
Ma démente démontée,                                  Mon muscadin, ma muscarine,
Mon diamant bien monté,                             Mon muscadet du matin,
Ma mythomane, ma manne,                         Ma mutante, ma mutine,
Ma mandarine, ma maligne,                        Ma mygale, ma galante,
Ma grande maline, ma malice,                    Ma myrte, ma myrtille,
ma matoise, ma menthe amère                   Mon mystère, mon mythe,
Ma menue, mon menu,                                   Ma mythomane, mon myzomèle
Ma métaphore, ma métamorphose,           Ma fêlée, ma fêlure,
Mon météore, ma maîtresse d’or,               Mon armure, mon âme mûre
Ma meurtrissure, ma morsure,                   Ma fleur mellifère, mon miel,
Ma midinette, ma mie,                                   Ma mielleuse, ma fée ailée,
Ma mie de pain, ma miette                           Mon oiseau de paradis
Mon mimosa, ma minette,
Ma miniature au frais minois                      S’en est allé…..
Ma mirabelle, ma mirabilis

Capture d’écran 2013-08-05 à 14.27.56

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3 février 2009
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A propos de Mirrors, photographies de l’Arkansas State Prison (1915-1937) par Bruce Jackson

Photographs from the Arkansas State Prison (1915-1937) by Bruce Jackson

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Frères humains qui après nous vivez,
N’ayez les coeurs contre nous endurcis…… François Villon

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Encore un jour de rien…

Encore un jour de rien,                                                et puis dans un recoin, tout rabougris,
Un jour sans pesanteur,                                               un coeur exangue solitaire
un jour de vide, un jour d’absence,                           et une âme abandonnée flétrie.
un jour de bruits étouffés lointains,
comme échappés du silence :                                      Etranger de passage,
pas qui résonnent sur le sol dur,                               Nous n’avons rien à te dire.
métal des serrures qui grinçe,                                    Ne nous dévisage pas,
jappements des portes que l’on claque,                    Ton regard nous fait mal !
bribes éparses de paroles et de cris.                           Retourne à ton monde heureux.
                                                                                            Le monde des enfants aux rires éclatants,
Dérisoires instants de vie,                                            Le monde des femmes à la peau douce,
que l’on oubliera vite, au soir,                                   aux parfums suaves et énivrants,
quand on ouvrira d’une main fébrile,                      là où une vieille femme qui t’aime
la  petite boîte de fer blanc ;                                         t’ouvrira tendrement les bras
là où sont déjà rangés, en vrac,                                  et te consolera comme un enfant…
mêlés à quelques papiers jaunis
et à de vieilles photos racornies :                               Etranger, nous n’éprouvons aucune haine,
un jeune enfant au rire éclatant,                               Rien qu’une montée de sanglots
une belle femme à la peau douce                               irrépressible, du fond de notre gorge,
au parfum suave et enivrant,                                     Mais nous ne pleurerons pas.
une vieille femme à l’air humble,                              Nous retiendront nos larmes,
en habits noirs, aux cheveux blancs,                       Et les enfouirons intérieurement,
qui vous regarde intensément,                                   au plus profond, au plus profond…

Capture d’écran 2013-08-05 à 14.27.56

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5 février 2009
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Capture d’écran 2013-08-13 à 01.44.12

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Brooklyn Bridge - New York 1950 - FeiningerBrooklyn Bridge – New York 1950 – Feininger

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             Brooklyn Bridge

poème dédié à Lauren.b.Farnsworth

Sous le ciel gris de l’East River
S’étire le songe d’un rêveur.
Sur de hautes arches ogivales
on a tendu une immense toile
tressée de mille et un filins d’acier,
pour piéger, certains le prétendent,
les grands et beaux oiseaux marins
qui viennent de l’horizon lointain.

Vous n’aurez jamais pu admiré,
John Augustus Roebling le rêveur,
le Brooklyn Bridge en sa splendeur.
Le rêve beaucoup trop grand, aura,
une fois encore, dévoré son enfant.

Les filins tressés n’ont attrapés
aucun des beaux oiseaux convoités.
Ils volent trop haut dans les nuées…
Les américains sont pragmatiques,
ils ont alors décidé d’accrocher
sous l’immense toile inexploitée
un long ruban tout en acier;
et on peut désormais passer
De Manhattan à Brooklyn, à pied…

Capture d’écran 2013-08-05 à 14.27.56

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12 février 2009

Brooklyn Bridge - New York    °°°

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images°°°

Poème dédié à ma sœur Eliane qui saura pourquoi…

La petite fille aux pailles de fer sous les souliers…

Il était une fois une petit fille très malheureuse
de n’avoir à chausser sur ses petits pieds
que de vieux brodequins aux semelles lissées,
usées d’avoir trop frotté les rugueux pavés.

Sa maman, trop pauvre, n’avait jamais pu
lui offrir une paire de souliers ferrés pour l’hiver.
et la pauvre petite glissait sur les pavés gelés
sous les quolibets des garnements du quartier.

Sa maman en avait à chaque fois le cœur brisé.
Elle eut l’idée de placer sous chacun des souliers
une grosse paille de fer qui servait à récurer,
et par de grosses ficelles, l’a solidement amarrée.

Bien sûr, la petite fille fut sévèrement moquée
et, c’est entourée d’une troupe rieuse et farçeuse,
qu’elle prit, toute honteuse, le chemin des écoliers,
boiteuse et marchant avec force difficulté.

A mi-chemin de l’école, une rue verglacée
dévalait toute raide vers le fond de la vallée.
Elle fut la seule à continuer à marcher.
Les autres ont glissé, ont été emportés…

Et on les a jamais revu… Bien fait pour eux !

Capture d’écran 2013-08-05 à 14.27.56

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19 février 2010

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i-slipped-down-the-stairs-on-my-ass

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Les maisons volages : Marguerite Yourcenar a évoqué ces blanches et fières maisons du Maine, un jour trônant telles des monarques au centre de leur prairie, symboles d’éternité, et le lendemain, soudainement évanouies, ne laissant même pas, sur la prairie orpheline, la moindre trace de leur ancienne présence. Ont-elles vraiment existé ? N’étaient elles qu’un songe qui s’est effacé ?

Les six et un chemins

De la maison divergent six et un chemins.
Six et un chemins, qui, tels des liens,
la maintiennent captive
de son herbu tènement.
Six et un chemins, solidement fixés
aux chambranles ligneuses des portes
et aux solides seuils de pierres
par des noeuds pires que gordiens,
Ici, chemins ne sont point de géomètres,
Ils sont comme des cordes tendues
qui arriment la maison aux choses d’ici bas.
Qui sait écouter les chemins,
les sentira vibrer sous l’action
de forces puissantes, maîtresses des lieux.

Ces Six chemins lient la maison au Monde,
à l’Eau, à la Terre et au Ciel.
aux Arbres et aux Animaux,
aux Vivants et au Morts.
On les voit en étoile,
traverser la vaste prairie,
puis franchir les chaotiques murets de pierres,
qui, tels de monstrueux ourlets,
cernent la robe des champs.
chacun d’eux se fraye alors un passage
vers son but et son destin.

Le chemin premier

Le premier des chemins lie la maison
aux autres hommes,
à leurs maisons et à leurs villes,
à leurs églises, à leurs fabriques.
Il est de pierres fondé, large et sûr,
et serpente savamment au travers des champs
soucieux d’économiser l’effort de ceux,
Hommes ou animaux, qui l’empruntent.

le premier chemin  a pour animal Totem,
le cheval.

Le chemin second

Le second des chemins lie la maison
À la Grande Forêt  primordiale,
L’immense forêt nord-américaine
qui, tel un océan végétal,
fait déferler, du fond du continent,
ses vagues de cimes arborées.
Les  noirs et sinueux murets,
serpents-gardiens à écailles de pierres,
en marquent doublement,
la fin et le commencement.
Le second des chemins n’a pas d’issue
Nul ne sait où il conduit.
C’est un chemin pour se perdre,
Et ne jamais revenir….
C’est aussi un chemin de rencontre
de ce qui n’existe pas,
ne devrait pas exister,
ou devrait exister.
On y rencontre
l’oiseau phénix et la licorne enchantée.
On y rencontre,
Le fantôme furtif du guerrier abenaki,
du fier Peuple de l’Aube.
On y rencontre
un vieux trappeur silencieux,
relevant ses pièges,
des coupeurs de bois du Québec
aux voix brasseuses de galets
comme torrents des Whites Mountains.
On y surprend Henry David Thoreau,
Tout en os et en peau,
au regard perçant et scrutateur,
affairé à ses notes.
On peut y croiser, tard dans la soirée,
Stephen King venu en voisin,
repèrer les lieux
de son prochain livre.
C’est, dans une clairière isolée,
une vieille cabane grise,
penchée à en tomber,
pathétique arche de Noé
échouée et arrimée à un arbre mort
qui joue la sentinelle.
Frêle esquif de planches disjointes
ouvert à tous les vents de passage,
et demeure, non pas des hommes,
mais des créatures de la forêt.
A côté, un pick-up fidèle et patient
attend depuis beaucoup trop longtemps
un propriétaire qui ne reviendra pas.

Le second des chemins a pour animal Totem,
le dindon sauvage (Wild Turkey)

Le chemin troisième

Le troisième chemin est le chemin scénique.
Il conduit à différents belvédères aménagés
pour la contemplation ou la méditation.
qui offrent des points de vue remarquables
sur la maison et le paysage
Le “Promontoire de la sérénitè”
Le plus proche des belvédères,
se situe sur la partie haute de la prairie
à mi-distance de la lisière de forêt,
et à quelques pas de la maison.
Sur un affleurement de rocher gris
envahi de frêles arbustes et de lichens,
on a fixé un mauvais banc de métal.
Le promeneur peut ainsi, à son aise,
embrasser la vue immense qui s’offre à lui :
d’abord la prairie, vaste espace vide
enchassé dans le plein des bois,
puis la maison, navire amiral blanc
aux infrastructures bien ordonnées
accompagné de petits bâtiments captifs
et plus loin, beaucoup plus bas dans la prairie,
immobiles et à peine visibles,
d’autres maisons-navires, blanches elles aussi,
semblant avoir pareillement jetés l’ancre
dans l’herbe jaune de la prairie.
Ensuite le moutonnement continu des bois
jusqu’à la ligne de collines barrant l’horizon
et, enchassé, un petit éclat de lac miroitant.
C’est le point de vue que l’on choisit,
de préférence le soir,
à l’issue d’une journée de travail bien remplie,
ou au retour d’une promenade dans les bois,
quand le corps a besoin de libérer
la tension accumulée et l’esprit,
d’apaiser le flots des pensées divergentes.
La contemplation de ce coin de terre
âprement arraché par l’Homme
à la sauvagerie débridée de la Forêt,
patiemment défriché, travaillé, bâti, ordonné
et maintenu avec constance et entêtement
rasséréne l’inquiet et l’emplit de fierté.
Si l’on poursuit sa montée et qu’on franchit
la barre circulaire de rochers et de pierres
qui ceinture la prairie-lagon,
la forêt vous happe brutalement,
vous engloutit et vous absorbe.
Dés votre entrée sous le couvert forestier,
le processus d’assimilation végétal fonctionne.
Insidieusement, la forêt,
tels ces ophidiens qui injectent à leurs proies
une substance paralysante et liquéfactrice,
préambule à une digestion facilitée,
cherche à prendre le contrôle
de votre corps et de vos pensées.
C’est comme si vous transitiez
dans la matrice de Mère Nature elle-même.
On comprend que certains
y aient perdus la raison et la vie
ou s’y soient évanouis sans laisser de trace.
Pour les puritains anglais du XVII e siècle,
La Grande Forêt américaine
était le lieu de la sauvagerie et de la diablerie
qu’il convenait d’éviter à tout prix
sous peine de perdre son âme et son salut.
Que de contes, de légendes et de mythes
où la forêt apparait comme entité dangereuse
ou puissance maléfique.
Dieu merci ! en empruntant une sente
qui se faufile entre des affleurements
arrondis de la pierre grise,
l’épaisse végétation s’éclaircit
et la forêt vous expulse,
en pleine lumière, au sommet de la colline,
d’où l’on jouit d’une vue dégagée
sur le moutonnement forestier
et sur le Lac aux reflets changeants
lové dans le fond de la vallée.
La montagne qui fait face représente,
parait-il, un indien couché.
La pensée s’attache alors
aux Indiens Abenaki
dont le nom signifie “Peuple de l’Aube”,
aujourd’hui totalement disparus.
Exterminés ou exilés,
il semble que la terre
qui les a si longtemps porté,
sécrète, par tous ses pores,
leur présence et leur mémoire.
Parmi les différents belvédères
qui existent en divers point de la propriété,
Celui-ci est le plus éloigné et le plus aérien
C’est là le domaine des oiseaux rois,
de l’aigle, du faucon et de la buse,
et comme eux,
la pensée prend là, son envol,
se libère de la pesanteur,
pour accèder à la totale clairvoyance,
à la fusion des êtres et des choses
du monde d’ici-bas,
et se rapprocher de l’au-delà.

Le troisième des chemins a pour animal Totem,
le Pygargue à tête blanche (bald eagle)

°°°

Le chemin quatrième

Le quatrième des chemins lie la maison
au grand lac immobile
Il descend de manière directe,
sans s’attarder,
au travers de grandes futaies.
Bordé de murs de pierres,
vestiges des limites des anciens champs.
Ce chemin est versatile,
un jour, lumineux
et retentissant de chants d’oiseaux,
Il conduira à des eaux claires et accueillantes,
Surgiront alors de joyeuses images,
Et éclateront des cris et des rires
d’enfants rieurs barbotants.
Un autre jour,
sombre et silencieux,
Il conduira à des eaux noires et immobiles.
Le chemin s’arrête pile au Lac
mais on imagine poursuivre le voyage
à bord d’un canoé de bois et de peaux
jusqu’à des contrées  inconnues
ou jusqu’à l’immense océan.

Ce chemin a pour animal totem,
l’élan (moose)

Le chemin cinquième

Le cinquième des chemins
lie la maison à la carrière de pierres noires
qui entaille l’escarpement rocheux
dominant le versant boisé du Lac.
Son tracé a été anciennement aménagé
pour faciliter le déplacement
des charrettes lourdement chargées
de blocs et de dalles de pierres
aux attelages de boeufs puissants.
Le “Promontoire de la méditation”
Au coeur de la forêt, à mi-chemin
de la lisière et de la carrière de pierres;
une halte avec un banc de bois
a été aménagée sur un promontoire
dominant la pente raide et boisée.
Ici, pas de lointaines perspectives
sur des espaces dégagés et lumineux
Plutôt des alignements hiératiques
de troncs hauts et massifs
et un épais et sombre couvert végétal
qui enveloppe la totalité de l’espace
et fait écran avec le ciel.
Assis sur le banc du promontoire,
Le promeneur se retrouve ainsi
comme au centre d’une sphère végétale
qui l’enveloppe et l’encercle totalement
et contre les parois de laquelle
sa vision se heurte et rebondit
sans jamais pouvoir saisir
l’opportunité d’une échappée.
Cette relation particulière avec l’espace,
Génére une sensation diffuse
d’oppression et d’enfermement.
Jointe à l’impression de déséquilibre
suscitée par le front de taille
de la carrière toute proche,
Elle a pour effet de déstabiliser
le promeneur et amener ses pensées
en bordure même de ses abîmes intérieurs.
Le front de taille de la carrière
compte, pour la falaise,
comme une blessure ouverte
et malgré le temps passé,
non encore cicatrisée.
Alors que partout ailleurs,
dans la forêt et la prairie,
l’Homme s’était contenté d’apposer,
jusque là, une empreinte légère et éphémère,
respectueuse de l’ordre naturel.
Ici, il a violenté la roche et la terre,
les a démembré et amputé,
non pas sous l’emprise sacrilège
d’une folie sauvage et destructrice
mais, comme lui seul est capable de le faire,
dans ce monde,
de manière réfléchie, froide et résolue,
afin de changer, par ses rêves,
l’ordre immuable des choses,
et ceci, en retournant avec ruse,
contre la Nature elle-même, ses propres armes.
L’eau que l’Homme avait versé
avec malignité dans des ouvertures
patiemment percées à l’automne,
dans la dure et compacte roche noire,
a gelée sous l’effet du dur hiver du Maine
et fait éclater la roche
qui semblait invincible…..
Et les veines de rocher noir et brillant,
prolongement des entrailles de la Terre,
restent désormais impunément exposées
aux regards et aux injures  du temps.

Le cinquième chemin a pour animal totem,
la couleuvre à ventre rouge (Red bellied snake)

Le sixième des chemins

Le sixième des chemins
lie les vivants aux morts.
C’est une trace ténue rectiligne
que l’on discerne à peine
dans l’herbe jaune qui s’étire
entre l’entrée de la maison
et le porche de pierre noir
du petit cimetière clos
que l’on distingue au loin,
plus bas dans la prairie.
A la fois lointain et présent,
Lointain, parce que le plus souvent
éloigné et invisible.
Présent, parce que parfois
étonnamment proche,
à portée de quelques pas.
Des vies pleines et entières
chargées d’émotions et de sentiments,
avec leur lot de peines, de prières et d’espoirs,
de petites et grandes joies.
Des coeurs battant la chamade,
de passion, de haine et de désespoir.
Des siècles cumulés de vie,
des millions d’heures d’éreintements
passées derrière le cheval de trait,
à défricher ou au labour,
au pied des bêtes, dans l’étable ou la grange,
dans la forêt, à manier la cognée.
Des centaines de dimanches
où l’on se pressait à l’église,
à réciter le Pater Noster,
sanglés dans de vieux costumes trop serrés.
Des milliards de secondes à regarder
devant soi s’écouler, sans comprendre,
le grand fleuve de la vie charriant,
comme après la débacle,
tous les événements du monde :
unions, naissances, morts,
catastrophes, guerres, révolutions,
inventions, nouveautés.
Toutes ces vies et expériences passées,
se résument aujourd’hui
à trois dizaines de stèles de pierre
gravées de noms d’autrefois…
et dont le côté surrané
qui arrache un sourire
au visiteur de passage.

Le sixième chemin a pour animal totem,
la chouette rayée (barred owl).

Le septième chemin

Le septième des chemins reste à découvrir.
Son entrée est  dissimulée
quelque part dans la maison,
Personne, parmi ses habitants,
ne l’a jamais découverte,
on ne sait d’où il part
et où il vous mènera…
Certains prétendent que c’est la cave
qui abrite son entrée,
d’autres que c’est plutôt la grange,
d’autres encore que c’est la cheminée
ou peut-être le plancher…
Le chat miauleur, qui disparait
et resurgit soudainement,
détient peut-être le secret.
Ou encore le grand chien placide
qui ne dit jamais rien…….

Le septième chemin a pour animal totem,
le Maine coon cat.

°°°

–––– Poèmes de larmes et de sang


Dialogue de sourds avec Dieu

Les rêves de pierre de vos Pères
Se sont depuis longtemps évanouis
Remplacés par d’autres rêves de pierre…
Eglise contre mosquées,
mosquées contre synagogues,
Rêves de pierres contre rêves de pierres,
Est-ce là notre fatale destinée ?
Le rêve ne guide plus
le compas de vos architectes,
et la truelle de vos maçons.
Vos constructions ne sont
que murailles et forteresses.
Vos murs de béton séparent
L’olivier du moulin,
Le troupeau de l’herbe fraîche,
L’assoiffé de la source claire,
L’enfant de son école,
L’amant de sa promise.
Ne comprenez-vous pas
que les murs ont deux faces
et qu’ils enferment doublement
l’assiégé et l’assiégeant ?
Les rêves sont fleurs de vie et de désirs,
promesses de fruits et de graines fécondes.
L’arbre aux sept branches
de vos rêves est devenu stérile.
Vous n’aspirez plus qu’au repli,
qu’au culte de votre altérité,
Et vous vous énivrez,
narcissiques guerriers,
de votre dérisoire puissance.
Abandonnés, les rêves de fraternité,
Oubliée, l’innocence enfantine.
Votre peuple a été stigmatisé et nié.
Par un pervers retour des choses,
Il stigmatise à son tour et humilie.
Votre peuple avait été dépossédé,
Il vole et exproprie à son tour .
Votre peuple avait été martyrisé
De manière monstrueusement
méthodique et  scientifique.
Il martyrise et assassine à son tour,
utilisant une hyper-technologie obscène,
un petit peuple désarmé et digne.
Vous avez commis le sacrilège,
Vous le peuple victime,
de transformer vos enfants
en bourreaux….

12 janvier 2009

°°°


2 réflexions sur « Enki écrits »

  1. pour la « dentelle de deuil »…

    De la grande pelote de la terre
    Tu as tiré le fil,
    bien au-delà des villes,
    et des montagnes altières.

    Sans prendre de recul,
    Tu voulais parcourir de lointains chemins,
    tirant sur le fil, de tes mains,
    comme un somnambule .

    Si c’était une liane,
    tu te serais accroché à elle,
    comme à la ficelle,
    que possédait Ariane .

    Sans pourtant faire l’équilibriste,
    tu pensais atteindre les étoiles,
    mais ce fut, tendue, la toile,
    qui n’était pas celle d’un artiste.

    Plutôt que d’ouvrir la voie,
    à d’autres ailleurs
    ( on espère toujours un monde meilleur),
    elle s’est refermée sur toi.

    Le paysage, peint en trompe-l’oeil,
    avait un fond, contre lequel tu t’es cogné,
    c’était une toile d’araignée .
    Elle achevait son ouvrage de deuil.

    Vois comme elle aiguise ses dents…
    et ses mandibules,
    elle attendait patiemment le funambule,
    comme un éphémère amant.

    RC

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