L’Être et le Paraître ou la ronde des masques


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Granville – Balzac et les personnages de la Comédie humaine

Capture d’écran 2016-12-30 à 11.15.37.png      Cette description au vitriol des parisiens de l’époque de la Monarchie de Juillet est tiré du roman de Balzac, La Fille aux yeux d’or, paru en 1835. L’écrivain l’avait dédié au peintre Eugène Delacroix qu’il admirait, voulant rivaliser avec ce dernier en « exprimant par le moyen du langage ce que les peintres disent au moyen des couleurs ».
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Quand Balzac se fait anatomiste et dissèque le peuple parisien

     « Un des spectacles où se rencontre le plus d’épouvantement est certes l’aspect général de la population parisienne, peuple horrible à voir, hâve, jaune, tanné. Paris n’est-il pas un vaste champ incessamment remué par une tempête d’intérêts sous laquelle tourbillonne une moisson d’hommes que la mort fauche plus souvent qu’ailleurs et qui renaissent toujours aussi serrés, dont les visages contournés, tordus, rendent par tous les pores l’esprit, les désirs, les poisons dont sont engrossés leurs cerveaux; non pas des visages, mais bien des masques : masques de faiblesse, masques de force, masques de misère, masques de joie, masques d’hypocrisie; tous exténués, tous empreints des signes ineffaçables d’une haletante avidité ?

      Que veulent-ils ? De l’or, ou du plaisir ?

capture-decran-2016-12-30-a-09-32-51    Quelques observations sur l’âme de Paris peuvent expliquer les causes de sa physionomie cadavéreuse qui n’a que deux âges, ou la jeunesse ou la caducité: jeunesse blafarde et sans couleur, caducité fardée qui veut paraître jeune. En voyant ce peuple exhumé, les étrangers, qui ne sont pas tenus de réfléchir, éprouvent tout d’abord un mouvement de dégoût pour cette capitale, vaste atelier de jouissance, d’où bientôt eux-mêmes ils ne peuvent sortir et, restent à s’y déformer volontiers. Peu de mots suffiront pour justifier physiologiquement la teinte presque infernale des figures parisiennes, car ce n’est pas seulement par plaisanterie que Paris a été nommé un enfer. Tenez ce mot pour vrai. Là, tout fume, tout brûle, tout brille, tout bouillonne, tout flambe, s’évapore, s’éteint, se rallume, étincelle, pétille et se consume. Jamais vie en aucun pays ne fut plus ardente, ni plus cuisante. Cette nature sociale toujours en fusion semble se dire après chaque oeuvre finie: – A une autre ! comme se le dit la nature elle-même. Comme la nature, cette nature sociale s’occupe d’insectes, de fleurs d’un jour, de bagatelles, d’éphémères, et jette aussi feu et flamme par son éternel cratère. Peut-être avant d’analyser les causes qui font une physionomie spéciale à chaque tribu de cette nation intelligente et mouvante, doit-on signaler la cause générale qui en décolore, blêmit, bleuit et brunit plus ou moins les individus.

Boulevards, Paris 1835 by Joseph Mallord William Turner 1775-1851

J. M. William Turner – Boulevards à Paris, 1835

boulevardier300       A force de s’intéresser à tout, le Parisien finit par ne s’intéresser à rien. Aucun sentiment ne dominant sur sa face usée par le frottement, elle devient grise comme 1e plâtre des maisons qui a reçu toute espèce de poussière et de fumée. En effet, indifférent la veille à ce dont il s’enivrera le lendemain, le Parisien vit en enfant quel que soit son âge. Il murmure de tout, se console de tout, se moque de tout, oublie tout, veut tout, goûte à tout, prend tout avec passion, quitte tout avec insouciance ; ses rois, ses conquêtes, sa gloire, son idole, qu’elle soit de bronze ou de verre ; comme il jette ses bas, ses chapeaux et sa fortune. A Paris, aucun sentiment ne résiste au jet des choses, et leur courant oblige à une lutte qui détend les passions: l’amour y est un désir, et la haine une velléité: il n’y a là de vrai parent que le billet de mille francs, d’autre ami que le Mont-de-Piété. Ce laissez-aller général porte ses fruits; et, dans le salon, comme dans la rue personne n’y est de trop, personne n’y est absolument utile, ni absolument nuisible: les sots et les fripons comme les gens d’esprit ou de probité. Tout y est toléré, le gouvernement et la guillotine, la religion et le choléra. Vous convenez toujours à ce monde, vous n’y manquez jamais. Qui donc domine en ce pays sans moeurs, sans croyance, sans aucun sentiment; mais d’où partent et où aboutissent tous les sentiments, toutes les croyances et toutes les moeurs ?

       L’or et le plaisir. »

Honoré de Balzac, La fille aux yeux d’or – chap. I : Physionomies parisiennes (Extrait)


Et si vous voulez lire la suite de cette description truculente du marigot parisien…

Home, sweet home : Paris sur Mékong

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les pénichards du pont d’Austerlitz – photo Enki prise le 23 mars 2016.

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Et surtout ne te retournes pas !

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Rurik Dmitrienko – Jardin des Tuileries à Paris

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Ode à la France, par un lecteur du New York Times…

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Robert Doisneau - le baiser de l'hôtel-de-ville

   « La France incarne tout ce que les fanatiques religieux haïssent : la jouissance de la vie ici, sur terre, d’une multitude de manières : une tasse de café qui sent bon, accompagnée d’un croissant, un matin ; de belles femmes en robes courtes souriant librement dans la rue ; l’odeur du pain chaud ; une bouteille de vin partagée avec des amis, quelques gouttes de parfum, des enfants jouant au jardin du Luxembourg, le droit de ne pas croire en Dieu, de ne pas s’inquiéter des calories, de flirter et de fumer, de faire l’amour hors mariage, de prendre des vacances, de lire n’importe quel livre, d’aller à l’école gratuitement, de jouer, de rire, de débattre, de se moquer des prélats comme des hommes et des femmes politiques, de remettre les angoisses à plus tard : après la mort.
      Aucun pays ne profite aussi bien de la vie sur terre que la France.
    Paris, on t’aime. Nous pleurons pour toi. Tu es en deuil ce soir, et nous le sommes avec toi. Nous savons que tu riras à nouveau, et chanteras à nouveau, que tu feras l’amour, et que tu guériras, parce qu’aimer la vie fait partie de ce que tu es. Les forces du mal vont reculer. Elles vont perdre. Elle perdent toujours. »

Blackpoodles, de Santa Barbara…

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Robert Doisneau

Et l’original, en anglais (paru dans le New York Times)

    « France embodies everything religious zealots everywhere hate: enjoyment of life here on earth in a myriad little ways : a fragrant cup of coffee and buttery croissant in the morning, beautiful women in short dresses smiling freely on the street, the smell of warm bread, a bottle of wine shared with friends, a dab of perfume, children paying in the Luxembourg Gardens, the right not to believe in any god, not to worry about calories, to flirt and smoke and enjoy sex outside of marriage, to take vacations, to read any book you want, to go to school for free, to play, to laugh, to argue, to make fun of prelates and politicians alike, to leave worrying about the afterlife to the dead.
      No country does life on earth better than the French.
    Paris, we love you. We cry for you. You are mourning tonight, and we with you. We know you will laugh again, and sing again, and make love, and heal, because loving life is your essence. The forces of darkness will ebb. They will lose. They always do. »

Merci à Blackpoodles de Santa Barbara…

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New York, ville hermaphrodite

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Deux visions de New York, présentée comme ville étant à la fois mâle et femelle, qui se rejoignent, l’une racontée par le journaliste et écrivain Denis Jeambar, l’autre par un agronome reconverti dans la production de vins biodynamiques, Christophe Beau.

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Extrait du livre Portraits crachés de de Denis Jeambar – Edit. Flammarion, 2011

Capture d’écran 2015-10-29 à 10.51.46     Quand on aime, paraît-il, on ne compte pas. Je ne compte plus mes voyages à New-York. Tous se mélangent car chaque arrivée est une première fois. Bien des villes m’ont étonné ou ébloui, aucune n’a réussi à ne jamais me lasser. Sauf New York.
     Plus que tout autre, New York est unique. C’est un mirage jailli des eaux et voué à y sombrer. Venise du Nouveau Monde, soupirante comme la cité des Doges, fragile dans son gigantisme, sortie tout droit de l’imagination créative des hommes comme un défi à la raison. Ville phallus et ville utérus, féminine et masculine à la fois, elle est en même temps une matrice accueillante et une saillie jaillissante. Ville bisexuée, elle est naturellement, par son ambiguïté, faite pour les artistes. On ne créé que dans l’équivoque. Les certitudes étouffent la déraison. Il faut de l’interlope et du clean, du glauque et de l’ordre, du solide et du fragile, du dur et du mou, de l’alcool et de l’eau, du sexe et de l’abstinence, du désir et du dégoût, du soleil et de la tempête, du confortable et du sordide, du meurtre et de l’ordre, de la drogue et de l’hôpital. Plus que toute autre ville, New York se nourrit de ces contraires à tous les coins de ses rues et avenues. Angles droits qui, dans ce damier, vous ouvrent un nouvel horizon. Comme des pages qu’on tourne. Paris, par goût de l’harmonie, enchaîne les perspectives avec ses immeubles à pans coupés. New York, par esprit de rupture, les brise pour toujours vous prendre par surprise. Paris procède par séduction, New York a choisi le viol.

     J’ai beaucoup voyagé, fait deux tours du monde, arpenté une multitude de villes et de capitales, mais New York est, définitivement, ma destination finale quand j’imagine vivre ailleurs. Paris est une cité étrange qui suscite chez moi un fond d’hostilité viscérale. Cette ville est arrogante et, par jalousie de Rome, sans doute, elle se veut éternelle. comme l’a si justement écrit Jacques Roubaud dans Le Grand Incendie de Londres, ses pluies sont pourtant sales, ses hivers médiocres et ses chaleurs débilitantes. L’indifférence est la règle de vie de ses habitants. Dans le métro, sur le trottoirs ou dans les magasins, ils se pressent et s’étouffent dans une incivilité galopante et un mépris abyssal du voisin. On ne flâne guère à Paris, on participe à un gymkhana. On ne s’y pose pas à la terrasse d’un café, on se met en exposition, lunettes noires sur le nez pour créer un sentiment d’importance. On n’y travaille pas, on y est en compétition. Les petits bonheur y sont rares : pour un soleil levant sur le pont des Arts, combien de désagréments quotidiens ! Cette ville dont l’identité se fige est un musée quand New York, consciente de sa fragilité, est une cellule prolifique. Paris ne retient plus les artistes, New York les accueille. Paris est monarchique, New York est démocratique. Paris porte un bonnet de nuit et son périphérique est devenu une ceinture de chasteté, New York est un sexe ouvert, une chatte brillante et chatoyante. Hudson et East river sont ces deux cuisses, le bas Manhattan son vagin. Central Park son mont de Vénus et Midtown le gland de son clitoris. Quand on y arrive par paquebot, glissant lentement vers les eaux de son port, on ne peut que bander. Les immigrants sont tous entrés dans New York en jouissant.

Denis Jeambar

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Extrait de l’essai de Christophe Beau Regard sur New York… ou l’anatomie d’une ville – (Biodynamis – n°66 été 2009)

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Anatomie phallique

c-beau     De quoi s’agit-il ? New York a une anatomie phallique. Regardez-moi ces deux schémas côte à côte (ci-dessus) ; cela vaut tous les discours ou presque, et je ne triche pas. Alors en avant, il m’a fallu deux jours pour sillonner cette anatomie ; la décrypter, la relier, l’associer, la disséquer, la vivre ; du dessous, de long en large, du dessus (je suis même (re) monté à l’Empire State Building…), et même par avion (qui par chance m’a fait la grâce de survoler l’ensemble comme pour parfaire mon « étude »). Mais clairement, Manhattan «phallique» pénètre le gynécée Brooklynien… Et puis, j’ai osé des questionnements timides à une géographe, à un écologue,…, et à des Mesdames et Messieurs tout le Monde. J’ai écumé les rayons « New York » des grandes librairies. Que se passe-t-il dans ce quartier ? Quelles ethnies s’y sont succédé ? Et les immigrations successives ? Quels sont les sous-sols de NY ? Je me suis mis à poser des questions pour explorer cette interpénétration féminin/masculin de New-York. Mon envol de pensées new-yorkaises n’a alors plus cessé. Une fois admise cette anatomie féconde de phallus manhatannien accouplé au vagin brooklynien, il est bien entendu vite remarquable que le lieu d’accostage des premiers migrants (et les implantations indiennes de tout temps…) s’est fait par l’extrémité sud de la presqu’île, le prépuce, le bout du gland ; de là même où, en quelque sorte, la semence et la vie jaillissent. Point stratégique de l’Upper Bay, entre le fleuve Hudson à gauche (qui sépare Manhattan du New Jersey) et l’East river à droite (qui sépare Manhattan de Brooklyn), le tout à quelques kilomètres à l’intérieur des terres, protégé de la pleine mer, du rivage atlantique… pas bien pacifique. Et puis, cette presqu’île relativement vallonnée (Manah (île) Atin (collines) en Algonquian) fut un lieu de ressources naturelles inépuisables; en bois, en pierre, en eau. Si Brooklyn se trouve sur des moraines tendres, Manhattan est, quant à lui, sur un socle granitique. À l’exception sans doute de certaines parties du sud (proche du « gland »), également sur moraines où justement est bâti le «village», seule partie sans gratte ciel. Ailleurs, sur du solide donc, organe masculin, sur lequel la ville verticale, peuplée de phallus de granit, puis de béton, d’acier ou de verre (silice), a germé en même pas deux siècles. Phallus horizontal donc, sur lequel a poussé une forêt de phallus verticaux, remplaçant ces forêts primaires dont les arbres majestueux de Central Park restent le plus beau témoignage. La verticalité est maximale entre les 35ème et 50ème rue ; c’est-à-dire justement au niveau anatomique du renflement maximal du gland. Les rues inférieures qui descendent vers le sud ont une verticalité décroissante, à mesure que l’on se dirige vers Wall Street… et les deux ex-tours du World Trade Center. Est-il opportun de dire que les deux tours disparues, qui seront bientôt remplacées par un projet mémorial, étaient une avant-proue à la verticalité fière et finalement curieuse par rapport à cette cohérence (retrouvée…) de l’anatomie de Manhattan ? Plus au nord, c’est-à-dire lorsque l’on va vers Central Park (très vaste et fameux lieu boisé, tout rectangulaire, et qui occupe le tiers médian de la partie nord de la presqu’île), les verticalités redeviennent modérées, pour s’évanouir peu à peu en lisière du Bronx. Et puis faut-il rajouter l’étonnante constatation (fournie par une géographe de l’Université de New York), que la projection cartographique est, semble-t-il, disproportionnée, enflée, pour Manhattan, par rapport aux quatre autres boroughs de New York (les cinq quartiers au total donc, avec Manhattan), pour des raisons sans doute de densité urbanistique et donc de lisibilité ? Tout comme dans nos planisphères, l’Europe et les USA sont également « enflés » par rapport à l’Afrique ou l’Inde par exemple. En bref, le phallus Manhattan est membré (sa forme) ; est bandé (sa constitution dure, granitique). Manhattan, man at an, est éminemment masculin et fécond. Peut-on même oser dire que, vu d’avion, la noria des bateaux qui sillonnent l’Upper Bay, bras de mer qui baigne le prépuce de la presqu’île, paraisse autant de spermatozoïdes vibrionnant et se dirigeant vers l’île de Staten. Et reste à comprendre ce que pourrait évoquer à cet endroit si proche le petit îlot sur lequel se dresse la statue de la liberté. Je laisse cela à l’ap- préciation des lecteurs… 

Domination masculine

     Et les quatre autres quartiers de New York ? Le Bronx d’abord : très composite, très polymorphe, la diversité incarnée : une vraie  » bourse  » d’expérimentation sociale et économique ! N’en disons pas plus sur l’évocation… Reste Brooklyn (étymologiquement « au bord du fossé ») et qui est constitué en réalité de deux boroughs, à savoir le Queens (reine) et le Kings (roi), X et Y à la fois donc… Brooklyn est la diversité également, mais Brooklyn est surtout, par opposition, un lieu d’horizontalité étonnante : nappes urbaines de deux ou trois étages à une dizaine d’étages maximum, et avec un tissu urbain moins systématiquement quadrillé que l’est Manhattan. Des nervures irriguant le tissu urbain, plus en souplesse, plus organique que mécanique. Une anatomie urbaine, en définitive, beaucoup plus féminine. La population de Brooklyn est la plus importante de New York, dix millions d’habitants au total, alors que Manhattan, comme Paris intra-muros, ne compte que deux millions d’habitants tout au plus. En clair, Brooklyn, de fait cinquième ville des USA, n’est qu’un « borough » de New York, sous la domination « masculine » de Manhattan qui anciennement se superposait avec New York. Continuons sur la lancée. Si Brooklyn est plutôt résidentielle, pour des populations laborieuses, Manhattan est évidemment une zone de bureaux par excellence, un centre d’affaires et de finances. De fait, Brooklyn, c’est le travail, et Manhattan c’est le capital ! Une illustration grandeur nature des rapports travail/capital apparaîtrait donc caricaturalement sous nos yeux ! Et si dans Brooklyn, les lieux de spiritualité traditionnelle sont apparents (synagogues et églises en tous genres), ceux-ci sont tout à fait enfouis sous la verticalité bâtissière de la presqu’île, comme inondée sous les lieux saints du matérialisme historique. Le « fil » de cette anatomie urbaine doit-il être tiré sans cesse jusqu’à se perdre dans un déterminisme excessif ? Non, sans doute pas. D’ailleurs, si l’on zoome dans un sens ou dans l’autre les contours de cette fameuse carte de New York, tout cela devient de moins en moins évocateur. Pourtant, est-ce un hasard si celle-ci fut ainsi délimitée ? Il est tentant de poursuivre chacun à sa manière. Exemple ; comment se fait-il que Queens était une zone de pâturage et de production laitière au XIXème siècle, alors que Manhattan était zone de production forestière : féminin-masculin… il serait étonnant de voir ce que nous ferait découvrir New York si l’on continuait de « tirer le fil ». Et pourquoi pas sur Paris, anatomie sans doute plus féminine ? Sans oublier ce qui est plus commun dans nos regards géographiques, de caractériser les anatomies continentales, ou les contours des nations.

Christophe Beau

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article lié :

  • Le New York des années trente et la femme américaine vus par Louis-Ferdinand Céline, c’est   ICI  (où l’on constate que le fait que NY soit une ville « raide », donc pas  horizontale, donc pas féminine, donc pas « baisable » a beaucoup fait rire Céline…)

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Vu de la fenêtre…

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Ordonnancement

l’ordonnancement, mon général
Il ment ?
Bon alors, fusillez le !

Vue de la fenêtre (musée Arts Décoratifs à Paris) photo Enki - IMG_2049

vue sur les jardins du Carrousel d’une fenêtre du musée des Arts Décoratifs de Paris – photo Enki

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haïku

Jardin martial des Tuileries
Arbres au garde-à-vous,
Parasols au repos

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Pour poursuivre dans le délire…

     Dans le domaine militaire, un ou une ordonnance est un domestique militaire, un soldat attaché à un officier ou un officier attaché à un commandant en chef.

     Dans les armées des pays anglophones, le mot « batman » désigne le domestique militaire d’un officier. Ce mot vient de l’ancien français « bast », qui donne en français moderne « bât », soit littéralement: l’« homme du bât ». À l’origine, dans la cavalerie, le batman est l’homme chargé de s’occuper du mulet ou du cheval transportant les bagages d’un officier. Par extension, le terme s’applique au domestique militaire d’un officier.
     Dans l’United States Army, on employait le nom de « dog robber », littéralement: « voleur de chien ». Ce terme est utilisé par dérision, pour qualifier la débrouillardise du domestique afin de procurer à l’officier tout ce qu’il désire. L’origine de l’expression est incertaine, mais selon certaines sources, un officier aurait demandé à son domestique de voler l’os d’un chien et ce dernier l’aurait fait pour le contenter. Dès 1870, l’US Army interdit dans son règlement de distraire un soldat de son devoir pour en faire le domestique d’un officier, mais la pratique perdure jusque dans les années 1890 et même durant la Première Guerre mondiale.    (Crédit Wikipedia)

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